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Saveurs de fables et résonances de satire sociale
Lecture d'été «Sahri bahri» de Amor Ben Salem
Publié dans Le Temps le 08 - 08 - 2010

L'auteur de « Sahri bahri » a beau préciser dès la page de garde, un peu à la manière des cinéastes en début de films, que ses personnages sont fictifs et que toute ressemblance qu'ils pourraient avoir avec des personnes ayant réellement existé relèverait de la pure coïncidence, il n'en cherche pas moins, dans chacun des récits brefs qu'il rapporte, à conférer le plus d'authenticité possible à ses héros ainsi qu'aux univers où ils se meuvent.
À tel point d'ailleurs, qu'ils en deviennent comme familiers pour le lecteur lequel se demande à chaque nouvelle historiette lue s'il n'a pas déjà entendu parler du Cheikh Ibrahim el Fassi, du cheikh EL Bayyoudhi, de Maître Abderrahim el Ayadi, de Mohamed Naceur Chérif et autres Kilani Zagra et Hçouna el Borni. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les quatre sections du livre nous promènent au milieu de décors tour à tour reconnaissables et légendaires, vraisemblables et irréels, réalistes et merveilleux. Le style même d'Amor Ben Salem empreint ses récits d'une touche fantaisiste alors même qu'ils relatent des faits aisément croyables. L'éloignement du temps où se produisent ces événements, les premières décennies du siècle dernier, entoure les récits rapportés d'un surplus de mystère et d'ambivalence. De surcroît, les relais de narration adoptés systématiquement par l'écrivain apparentent ses textes aux plus vieilles fables de la littérature arabe classique. On y retrouve ainsi des échos d'EL Asfahani, d'El Maârri et d'El Jahedh. Parfois, c'est l'univers licencieux des Bachar ibn Bourd et Abou Nawas qu'Amor Ben Salem ressuscite. « Sahri Bahri » est l'œuvre d'un Zeitounien qui néanmoins étudia en France les Lettres occidentales modernes. C'est ce qui explique que les 21 nouvelles de son livre évoquent également l'univers et l'écriture des Boccace, Balzac, Maupassant et Marcel Aymé.
Une petite comédie humaine
Quant aux fables du livre, elles brossent en fait une série de portraits pour la plupart masculins et ce, à travers des récits d'aventures ou de mésaventures vécues par les personnages toujours intrigants d'Amor Ben Salem. Ce dernier nous révèle par à coups les secrets de chacun d'eux tout en conservant par pudeur ou par malice des zones d'ombre encore plus troublantes dans le parcours de ces héros complexes sur lesquels on ne peut avoir que quelques éclairages plus ou moins pertinents. Mais les nouvelles qui composent « Sahri Bahri » prétextent de ces portraits pour décrire une société, exalter ses vertus et dénoncer ses travers : en rapportant des histoires apparemment anodines puisées dans le vécu de ses héros, Amor Ben Salem met à l'honneur un certain nombre de valeurs islamiques, comme la discrétion, la pudeur, la fidélité, la générosité, le sens du sacrifice. En même temps, il se départit de toute indulgence en dépeignant la duplicité, l'hypocrisie, la flagornerie, le fanatisme et bien d'autres bassesses répandues au sein de la société tunisienne d'autrefois et d'aujourd'hui. Cependant, lorsqu'il s'agit de certains vices et de certaines perversités, on le sent plus tolérant et plus compréhensif à l'égard de ses personnages, notamment à propos de leurs errements de jeunesse ou de vieillesse. Les beuveries et les orgies auxquelles ces derniers se mêlent gardent malgré tout pour l'auteur un charme particulier qui rappelle les premiers romans de Najib Mahfoudh. Amor Ben Salem ne se pose que rarement en objecteur de conscience et c'est ce qui plaît aussi dans ce recueil de nouvelles qui n'en est pas un en vérité, dans la mesure où les mêmes personnages se retrouvent d'un récit à l'autre pour finalement jouer une petite « comédie sociale» qui a tout d'une grande « comédie humaine » !
L'auteur
Amor Ben Salem est né à El Métouia le 6 août 1932. Après ses études primaires et secondaires effectuées à Gabès, il s'inscrit à la Zitouna (section moderne) puis poursuit ses études supérieures à la Faculté des Lettres du Caire (département de journalisme et de traduction) et à l'Université Libanaise de Beyrouth (Lettres et langue arabes). De la Sorbonne, il rentre avec un doctorat de troisième cycle pour enseigner la langue et la littérature arabes d'abord au lycée puis à l'Ecole Normale Supérieure de Tunis. Parmi ses œuvres académiques et ses écrits littéraires, nous citerons en particulier : « Qabadou, sa vie, son œuvre et son esprit réformateur » (1975), « Ali Ghrab, sa vie et son œuvre littéraire » (1987), « La Littérature tunisienne à l'époque des Almoravides et des Husseinites », (ouvrage collectif,1989), « Yaoum Ellat », pièce de théâtre(1975), « Ashtarout », théâtre(1984), « La Tour de Babel », théâtre (1991), « Oasis sans ombre », roman (1979), « Abou jahl Eddahas », roman (1984), « Le lion et la statue », roman (1989). Son roman le plus récent s'intitule « Marouane fi biled el jane », il fut publié en janvier 2010 chez Sahar éditions.
Badreddine BEN HENDA
** «Sahri bahri», de Amor Ben Salem, aux Editions Sahar. Prix public : 8 dinars tunisiens.


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