Le Temps-Agences - Devenue cette année deuxième économie mondiale et de plus en plus sollicitée dans la gouvernance de la planète, la Chine est souvent apparue en revanche inflexible et isolée dans les domaines diplomatique et politique, comme pour la saga autour du Nobel de la paix. Et alors que son poids n'a fait que croître, ses relations avec les autres puissances se sont compliquées et pourraient, selon les experts, se tendre davantage en 2011 à l'heure où la tentation d'un repli idéologique apparaît à Pékin. Après avoir avalé la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne grâce à une croissance d'environ 10%, la Chine a détrôné cette année le Japon à la place de 2ème économie mondiale. Sa voix a été de plus en plus sollicitée dans les affaires mondiales, notamment au sein du G20. La faiblesse supposée de sa monnaie a accaparé des sommets internationaux, ses décisions de politique monétaire ont fait trembler les grandes places boursières, le pétrole et l'or. Le plenum du Parti communiste en octobre a confirmé que la succession du président Hu Jintao avançait, avec la mise sur orbite de son très probable successeur, Xi Jinping. Mais dans le huis clos du Comité central, les voix appelant à des réformes politiques ont été de plus en plus fortes. C'est dans ce contexte que l'octroi du Nobel de la paix au dissident emprisonné Liu Xiaobo a été intolérable pour Pékin. Et le fossé s'est creusé avec ce prix, vilipendé par la Chine alors qu'une chaise vide, désastreuse pour son image, représentait à la cérémonie d'Oslo le lauréat emprisonné. Sans retenue et sans complexe, Pékin a utilisé les menaces et les pressions, donnant à la communauté internationale l'image d'une Chine intraitable, inflexible. Sur le plan diplomatique, l'année a été marquée pour la Chine par "des revers dans ses relations avec la majorité des autres puissances", a estimé Jonathan Holslag, à l'Institut de recherche sur la Chine contemporaine de Bruxelles (BICCS). "Les difficultés avec les Etats-Unis montrent qu'il y a des fossés dans les intérêts et les attentes qui pourraient ne pas être comblés", ajoute-t-il, "la Chine n'aime pas la prédominance américaine en Asie de l'Est". Alors que Pékin s'abstenait, en dépit des pressions internationales, de condamner son allié nord-coréen pour ses bombardements d'une île du Sud, "on a constaté un resserrement des liens stratégiques entre le Japon, la Corée du Sud et les Etats-Unis".