Le Temps-Agences - La Roumanie n'acceptera pas l'intention de Paris et de Berlin de "changer les règles du jeu" en ce qui concerne son entrée dans l'espace Schengen, a indiqué le ministre des Affaires étrangères Teodor Baconschi dans une interview publiée hier. "Ce serait incorrect d'accepter que deux Etats, quels qu'ils soient, créent un précédent en changeant les règles du jeu", a déclaré Baconschi au quotidien Adevarul. "Nous continuerons à défendre notre position de principe" selon laquelle "il faut respecter les règles appliquées lors des précédents élargissements de l'espace Schengen", a-t-il martelé, assurant que Bucarest a rempli les conditions techniques requises pour rallier en mars cette zone de libre circulation. Dans une lettre signée par les ministres de l'Intérieur Brice Hortefeux et Thomas de Maizière, la France et l'Allemagne avaient informé fin décembre la Commission européenne de leur décision de bloquer l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans Schengen tant que les deux pays n'auront pas fait "des progrès irréversibles dans la lutte anticorruption et contre la criminalité organisée". Or Bucarest rejette tout lien entre la question de l'entrée dans Schengen et le mécanisme de surveillance appliqué à la Bulgarie et à la Roumanie dans les domaines de la justice et de la lutte contre la corruption. Ce mécanisme, instauré lors de l'adhésion des deux pays à l'Union européenne, en janvier 2007, est en passe de devenir un "handicap" ou encore un "prétexte pour faire pression dans d'autres domaines", a estimé le ministre. "Nous devons réfléchir très sérieusement si cela vaut la peine de continuer ainsi" ou s'il ne faudrait pas "dénoncer de manière unilatérale" ce mécanisme, a déclaré Baconschi. Au passage, il n'a pas exclu que la Roumanie fasse appel au même argument lorsque les 27 devront se prononcer sur l'adhésion de la Croatie à l'UE. "Nous soutenons l'élargissement de l'UE aux Balkans occidentaux", mais, dans le cas de la Croatie, "nous ne pouvons pas accepter que cela se fasse sans ce mécanisme de surveillance, alors qu'il est maintenu pour nous", a souligné le ministre.