L'état d'amour en poésie ressemble toujours à un état de grâce, avec un vers qui tressaute et l'autre qui s'alanguit, tandis que la rime qui prends la clé des champs, pour respirer, traîne dans son sillage, avec le souffle du poète, comme une mélancolie diffuse des choses finissantes, quand le crépuscule étonné de l'ardeur du soleil au couchant, préfère se retirer, rougeoyant et perplexe, avant d'étendre sur l'immensité alentour, un drap d'ombres sombres. Il faut s'avouer vaincu… « Dans la lumière de tes yeux » de Abdelmajid Chorfi, préfacé par Abdelaziz Kacem, est l'histoire d'une résurrection, mais c'est aussi l'histoire d'un renoncement, de et avec et à travers le sentiment amoureux. Odes à la plus belle qui a ravi son âme… de poète, l'a fait rêver jusqu'à se consumer, victime consentante et reconnaissante d'avoir pu entrevoir un coin de ciel, et d'y avoir trempé sa plume l'espace d'une éternité, pour voler à l'azur son espoir, et au soleil sa couronne de diamants, pour mieux parer la dulcinée, lointaine et hautaine, de quelque complaintes qui viendraient déchirer le silence, séparant le bon grain de l'ivraie. Point de regrets, il faut partir à point ; et le poète est devin qui déchiffre le cœur d'une rose. Une à une les épines lui écorcheront le cœur. C'est plus subtil et c'est cela l'Amour. La « Rencontre », le «Carré de verdure », « La corbeille de roses », « Le mage et l'image », « Sisyphe », « Ta main sur le bûcher », « Le livre des chimères », et enfin naturellement « La légende du martyr ». Ainsi soit-il, en une centaine de pages qui déclinent leur soif ardente d'absolu, le nectar qui enivre, le poème qui se délie, et le coût de grâce. « Noces de sang, noces de lumière » a écrit le poète… Samia HARRAR *Dans la lumière de tes yeux », 2010, 108 p.