Abdelmajid Chorfi, avec un «o» pour le distinguer de l'autre, plus connu que lui, est un ancien confrère, artisan de la plume, depuis longtemps retraité. Mais c'est aussi un poète, un vrai… Sans prétention, cependant, et dans une sorte de nudité. Il vient de signer un recueil de poèmes intitulé Dans la lumière de tes yeux. Il nous y offre l'audace de mots simples pour dire l'amour… Oui, l'amour que nous éprouvons pour celle dont nous sommes épris… Au gré des joies et des saignements, des illuminations foudroyantes et des nuits profondes et fatales. Lire Dans la lumière de tes yeux, égrener ses poèmes comme on feuillette un album de photos-souvenirs, c'est s'ouvrir à cet amer qui, chaque fois, nous fend le cœur dans son cri silencieux et nous rend… l'auteur si sympathique. Comme le souligne Abdelaziz Kacem, qui a écrit la préface, la poésie de Abdelmajid Chorfi est «immédiate et sans opacité». Et il ajoute : «C'est au tournant d'un vers de facture anodine que surgit une fulgurance»... Mais le facteur sympathie aidant, cette fulgurance ne demeure pas dans la sphère cérébrale : elle traverse! Et c'est ce qui fait que cette lecture est réellement une façon de «faire chemin avec». Pourquoi l'amour, avons-nous demandé à notre ami Abdelmajid : «Parce que c'est ce qu'il y a de plus violent en l'homme, et en même temps de plus doux». C'est bien vrai. Et le tragique n'est jamais loin : «Puis un soir, sans s'en apercevoir, il lui prit la main.// Elle la retira doucement,// En lui souriant comme pour s'excuser.// Il comprit.// Illuminé par ce sourire qui rayonnait dans la moindre nervure de son être./// Il s'enfonça, seul, dans le noir de la nuit». (Le vieil homme et l'amour, p 59).