Douze volets portés par une centaine de pages, traitent de la nouvelle dans l'œuvre de plusieurs écrivains tunisiens. L'ouverture se fait avec « Il est arrivé… une nuit » de Naceur Toumi. On ne peut être nouvelliste et mercenaire à la fois. La mondialisation a ramené avec elle, selon l'auteur de cet essai, son lot de chaos et d'attente désespérante, accompagnés par l'ouverture des marchés aux pseudo-intellectuels qui prônent la mort de tous les genres littéraires, celle de la philosophie et de toutes les idéologies, anéantissant tout sens, tout symbole et toute valeur qui sont l'essence même de l'humanité. Malgré l'absence de l'art de la description, la nouvelle sociale a pu convaincre grâce à des structures où les lois de la narration ont créé une harmonie, où s'épousent parfaitement les dialogues et les apports de l'action. Pour « l'histoire de l'autre homme » de Malek Hammouda, l'espace général de la narration réunit les valeurs essentielles qui guident le texte, et crée son unité. En l'occurrence, c'est le sud tunisien avec ses cités et ses villages, ses montagnes et ses déserts. Canicule et poussière, vide apparent et richesse intérieure, souffrance et lutte éternelles en sont les axes centraux. Les nouvelles de Malek Hammouda ne doivent pas être cataloguées comme des histoires bâties sur des faits, ou des histoires de personnages, mais plutôt comme l'histoire d'une condition humaine, ponctuée par des situations complexes, où se mêlent les niveaux psychologiques, sociaux et politiques, etc. Pour « Art et réalité dans le tamis de la lumière » de Ridha Barakâti, ce sont les marges de la nouvelle qui sont considérées comme les portes incontournables, permettant d'accéder aux sources de l'histoire. Entre privé et public, personnel et objectif, la démarche de Barakâti, guidée par un entrelacement vivace entre une nouvelle et l'autre, une inter-textualité qui illumine les abords sombres de la vie, mélange faussement optique entre l'art, considéré comme la vraie vie et la vie qui apparaît généralement comme un ratage. Il faudrait beaucoup de volonté à Khaled Lassoued, pour qu'il puisse dépasser les obstacles et les limites instaurées par l'action de créer. « L'histoire de quelques jours » suffirait-elle à inscrire sur les pages fuyantes de l'imaginaire, les impressions hors-temps de l'auteur ? Jaballi travaille méthodiquement, ne laissant aucune possibilité au désordre et à l'imaginaire sauvage pour guider son approche de cet ensemble de nouvelles qu'il a sélectionnées avec application. Nous ne signifions pas par cela qu'il n'y a aucune trace d'amour qui perce à travers ces écrits, mais l'auteur semble tenir à mettre de côté tout sentiment qui pourrait désarçonner une recherche scientifique qui tranche avec le mélo propre à la majorité des créations artistiques arabo-musulmanes. Oublions hier, semble-t-il nous dire , regardons ce que nous sommes aujourd'hui. C'est le constat le plus important que nous pourrions faire. Ce que nous avons été, et ce que nous serons, est tributaire de ce que nous sommes ! Hechmi GHACHEM *« Min Afâk al-qass : Qirâ'at fî namâdhij mina al-Qissah Attoûnisiyah (Des horizons de la narration : lectures dans quelques exemples de la nouvelle tunisienne) de Mohamed Jeballi Edition Maha 105 p.