Une vingtaine de poèmes, cinq nouvelles et cinq extraits de romans sont publiés dans la revue trimestrielle française Missives. «Nous y avons ajouté des lectures littéraires et des comptes rendus de livres d'auteurs tunisiens écrivant généralement en français », écrit l'écrivain Ridha Bourkhris dans l'avant-propos de la revue. Il s'agit, en effet, d'un numéro spécial consacré à la littérature tunisienne de langue française. Il présente des auteurs, connus et moins connus. Parmi eux, figurent des poètes, des romanciers, des nouvellistes, des essayistes et des journalistes. Des peintres tunisiens ont également participé à l'illustration de cette publication. « Hommage à eux qui pensent que l'art et don et générosité», relève encore Bourkhis. Ces textes sont bel et bien des missives. Elles sont des messages d'amour et d'espoir d'une Tunisie nouvelle. Elles paraissent comme des lettres à transmettre en urgence à travers le monde. Les plumes de ces quarante auteurs se déchaînent et s'enchaînent avec beaucoup de passion et de fougue. Les vers et les proses se succèdent, exhumant des images, comme des parfums insaisissables... « Le 264e numéro de cette revue à valeur d'anthologie qui vise à rendre hommage à une Tunisie libre et pacifiste, dont l'indépendance, la révolution et le combat permanent contre la dictature, d'où qu'elle vienne, ne se contredisent aucunement avec un bilinguisme arabo-français», explique encore l'écrivain. Cette édition, sous le titre de «Ecritures de Tunisie», est donc un hommage à ceux qui savent manier les syllabes enchanteresses de cette langue, étrangère, mais si proche. Elle leur a donné l'occasion de se réunir dans un espace intime pour donner libre cours à leur créativité. 156 pages rassemblent ainsi des œuvres différentes aux styles divers. Une vraie mosaïque d'esthétique. Cette écriture se place sous le signe du pluriel. Ridha Bourkhis la décrit comme un « univers psycho-mental de ces sédentaires nomades, enracinés voyageurs ». Une écriture à l'image d'une Tunisie «aux voix et aux visages multiples et où les rêves pour grandir s'en vont courir au-delà de la mer qui les inspire et dont ils épousent l'étendue, ondoyante et bleue», précise-t-il encore. Avec aisance et transparence, ces écrivains étalent leurs imaginaires et dévoilent leurs secrets. Leurs êtres, leurs désirs et fantasmes, leurs douleurs et espérances se rencontrent dans une panoplie de sensations distillées à travers les lignes. Connaissant la subtilité de cette langue et maîtrisant «les plis et les replis; les tours et les détours », — pour reprendre les propos de Bourkhis —, ces auteurs, dont la majorité sont diplômés en littérature et civilisation françaises, ont joué avec les mots avec beaucoup de subtilité et d'élégance. En apprenant cette langue et en s'imprégnant de cette culture, les auteurs lancent un appel artistique à l'ouverture du monde et à l'échange culturel entre les habitants des deux rives de la Méditerranée.