Nabil Elkot, membre du Mouvement Kifaya et l'Association Nationale du Changement « Nous continuerons notre démarche » « Nous n'allons pas quitter la place de la Libération (Maïden Attahrir). Nous continuerons notre démarche pour réformer le régime qui a toujours régné. Les membres de l'Alliance du 25 Janvier vont procéder durant la prochaine période à former un gouvernement transitoire et réformer la constitution. Il sera question de la dissolution du système du bi-caméralisme : la Chambre des députés (Majless Achâab) et la Chambre des conseillers (Majless achoura) et de l'annulation de la loi d'exception ». S.F ----------------------------- Mohamed Megahed, journaliste à “Almasry Alyoum” Mabrouk pour l'Egypte, Mabrouk pour la Tunisie Il était présent à côté du palais présidentiel, avec la foule d'Egyptiens qui s'y sont rendus hier, au moment où nous l'avons appelé pour sonder son opinion. Il nous raconte la réaction des gens là-bas au moment où l'on a su que Moubarak n'est plus au pouvoir et leur position par rapport à l'armée qui est actuellement le maître à bord. « C'est par Internet et par téléphone que nous avons appris la nouvelle, incroyable pour nous. Nous n'avons pas pu le croire, pourtant on avait envie de le faire et on a tous commencé à le vérifier. Finalement, c'était vrai, le verdict est tombé et Moubarak est parti. La réaction fut terrible. La joie a éclaté, nous avons crié : « Mabrouk à l'Egypte et à son grand peuple » et j'ai écrit sur Tweeter : « Mabrouk pour l'Egypte, Mabrouk pour la Tunisie, la Tunisie nous a ouvert la porte, nous étions avec vous durant votre révolution et vous étiez avec nous », témoigne Mohamed Megahed. Par ailleurs, l'armée assure aujourd'hui la transition mais elle n'est pas au pouvoir. La chambre des députés et le parlement ont été dissous. Le président du haut tribunal constitutionnel sera chargé de modifier la Constitution et nous aurons des élections transparentes et honnêtes. Il est vrai que la position de l'armée n'est pas encore claire, nous attendons à cette effet une déclaration d'ici quelques heures, mais le plus probable est qu'il ne s'agit point d'un putsh militaire. D'ailleurs un régime militaire nous ramènera 60 ans en arrière. Depuis 1952, l'Egypte est gouverné par l'armée, tous nos présidents ont été militaires convertis en civils, il est temps que ça change. Quant à Moubarak, je ne sais pas s'il a quitté le pays. J'ai appris qu'il s'est rendu à Charem El Cheikh, on le dit parti en Allemagne ensuite, mais personne ne connaît la vérité jusqu'à cet instant. S'il reste ici, nous demanderons qu'il soit jugé pour corruption et d'autres crimes, lui et ses proches. Avec la chute de Moubarak, tout le système a chuté, aujourd'hui on est libre, nous n'avons ni peur ni du désordre ni de l'avenir. L'avenir, ce sera nous qui le construirons. Hajer AJROUDI ----------------------------- Sherif Baraket, animateur de l'émission « La vie m'a appris » La révolution égyptienne est une révolte pacifique « C'est comme si l'Egypte a eu la Coupe du monde ! Ainsi c'est exclamé Sherif au bout du fil. C'est magnifique, on est libre. Les médias ont participé à ce mouvement chacun à sa façon. Les médias privés sont passés par plusieurs étapes ; soutenir la révolution, s'inquiéter de la violence qui a accompagné la révolte et puis quand ça s'est éclairci, ils ont repris leur soutien à la population. Les médias officiels se sont abstenus de relater les faits pendant trois jours, ensuite, ils ont commencé à le faire. Finalement, tous les médias ont rejoint le mouvement. Les médias étrangers ont eu différentes positions, de l'inquiétude à l'intérêt, ainsi que les différentes forces étrangères qui ont suivi ce qui s'est passé, tous ont appelé au changement, puis au changement immédiat pour déclarer que finalement ils accepteraient le choix des Egyptiens. La révolution égyptienne est une révolte « blanche » pacifiste. Entamée par les jeunes qui ont lancé l'appel sur Facebook, elle a ensuite été rejoint par les différents partis, religions, couches sociales. On a revendiqué les droits à la dignité, à la liberté, et on a dit non à la corruption, la marginalisation, l'augmentation du taux du chômage. Il a été clair que le peuple égyptien, uni dans sa quête, ait été plus fort que les islamistes et leur influence, d'ailleurs le nombre des Frères musulmans est insignifiant par rapport à la population. Tous les pays étrangers ont essayé d'influencer le mouvement. Même le président Moubarak a un point d'honneur pour avoir refusé l'influence étrangère. Khamini et Nasrallah ont été insultés quand ils ont donné leur discours de soutien pour la population égyptienne. Cette dernière est certes aujourd'hui partagée entre une moitié heureuse et une autre inquiète, mais elle est unanime sur la nécessité du changement. Il existe beaucoup de gens tristes pour le sort de Moubarak, mais c'est plutôt émotionnel. Après tout, Moubarak n'était pas aussi détesté que son système et sa famille, même quand il est haï c'est à cause d'eux.