Nos agriculteurs, ceux qui se troussent les manches, labourent les terres et les cultivent sous un soleil de plomb. Ceux qui vivent à la sueur de leur front et ceux qui nouent un rapport viscéral avec la terre… Ce sont ces mêmes ‘'fellahs'' longtemps brimés, qui demandent, aujourd'hui, Révolution oblige, à se faire écouter. Hier, au siège de l'Union tunisienne de l'Agriculture et de la pêche, (UTAP), les petits agriculteurs confinés dans le rôle du figurant, souhaitent un tant soit peu, prendre le devant de la scène… Et coup de théâtre : dernièrement sur une chaîne de télévision privée, un certain M. Youssef Kachouti, membre du Bureau exécutif annonce qu'on a acquis notre autosuffisance en matière de production de lait. Une déclaration qui a suscité l'indignation des petits agriculteurs. « M. Kachouti a de quoi s'attirer les foudres des petits agriculteurs » signale M. Sami Yakoubi un agriculteur de la région de Jdaida qui a tenu à exposer tous les dépassements dont M. Kachouti était l'objet du temps de l'ancien régime. « Mais comment peut-on du jour au lendemain avoir une autosuffisance en la matière ? De quel droit ce monsieur parle au nom des agriculteurs puisqu'il n'en n'est pas un ? Cette même personne a déclaré faillite alors qu'elle doit rembourser l'Etat à raison de quatre millions de dinars. Les membres du bureau de l'UTAP ont chacun une terre agricole d'au moins 100 Hectares. Ils louent les terres domaniales sans payer le loyer, et ont la possibilité d'avoir des prêts qu'ils ne payent pas par la suite. » signale-t-il lors de la réunion dont le moins qu'on puisse dire houleuse. La colère des agriculteurs gronde et ils demandent en premier lieu la dissolution les bureaux exécutifs et régionaux de l'UTAP qui ne représentent pas les agriculteurs mais ceux qui détiennent les reines de l'UTAP. « On n'a jamais été sollicité pour élire les membres du bureau qui sont par ailleurs des Rcédistes et ne défendent que leurs propres intérêts. Je vous donne un exemple, on ne peut pas être en même temps le président de l'UTAP de Siliana et un syndicaliste. Autrement dit, on ne peut pas être juge et partie à la fois. » nous dit M. Naceur Amdouni en ajoutant « Comment peut-on donner à une seule personne une terre agricole d'une superficie de 1800 hectares à Gaafour alors qu'elle peut être distribuée d'une manière équitable pour créer des emplois pour les jeunes. En plus les détenteurs des sociétés de mise en valeur et de développement agricole (SMVDA) ont leurs représentants et peuvent faire écouter leur voix. Cela n'est pas valable pour les agriculteurs qui ont moins de 20 hectares ».
Tous pour un bureau qui représente les agriculteurs
Raisons pour lesquelles les petits agriculteurs se sont réunis et appellent à la dissolution du bureau actuel non légitime pour tenir un congrès extraordinaire et organiser des élections transparentes et enfin pour engager un médiateur judiciaire au sein de l'UTAP. Rappelons que cette rencontre n'est pas la première en date depuis la révolution, puisque depuis le 20 janvier les petits agriculteurs se sont réunis au siège de l'UTAP pour faire pression sur le directeur de l'établissement et l'amener à démissionner. C'est chose faite puisqu'on a nommé un directeur provisoire M. Noureddine Belayed. « Notre but est de négocier avec les membres du bureau actuel pour pouvoir réaliser nos objectifs d'une manière pacifique. » fait remarquer M. Omar Béhi, un agriculteur. Il y a du pain sur la planche.