Anis Harzli a 23 ans. Il est originaire de Jelma où il convola en justes noces avec une demoiselle anglaise en 2010. Auparavant, il l'avait accompagnée en Ecosse où elle travaillait comme " manager " de restaurant. De son côté, il occupa la fonction de chef-cuisinier dans la même entreprise. Rentrant au pays en 2009 (mois de novembre) sa femme y demeura plus longtemps que la date limite imposée par la loi et ne pût trouver du travail tout de suite. Enceinte, elle a dû attendre la naissance de leur bébé pour se remettre à en chercher du travail. Entre-temps il a déposé sa demande de visa et fut sonné par le refus de l'administration sous prétexte que sa femme avait justement dépassé les neuf mois règlementaires et que privée de travail, il ne pouvait donc l'accompagner en Scotland. Mais depuis trois mois, tout semble être rentré dans l'ordre : elle travaille et en accord avec son mari resté en Tunisie, ils ont fait appel au " No " concernant le visa qui lui permettrait de rejoindre sa petite famille... Depuis quatre jours, il a entamé sa grève de la faim à Jelma dont il est originaire. Cette privation volontaire de nourriture ne l'a pas empêché de monter à Tunis pour rejoindre à la Kasbah ceux qui soutiennent que la " Révolution " doit continuer. Le 18 mai, le tribunal de Glasgow statuera sur son sort. Séparé, injustement, de sa femme et de son enfant, Anis Harzli en appelle à l'aide de la Ligue des Droits de l'Homme. Depuis Othello, les concitoyens de Shakespeare n'ont-ils donc pas encore trouvé un substitut à leur haine de l'Autre, leur méfiance à l'égard de l'Etranger ? Faudrait-il que Anis décide de mourir comme Roméo et Juliette victimes eux aussi de la bêtise ancestrale des leurs, pour que leur histoire jonchée d'obstacles devienne une mélodramatique histoire d'amour ? Mais il y a un grand hic à une pareille fin : à qui laisseront-ils leur bébé ? Ou bien peut-être que ce " Plus " providentiel pourra-t-il donner une suite au premier film qu'on appellera " La revanche du fils d'Anis et Juliette " ou bien le film finira-t-il comme Spartacus avec ce dernier cloué à sa dernière croix et sa dulcinée qui lui montre l'enfant né de leur union comme un espoir que la révolte des esclaves qu'il a menée n'a pas été vaine et que le combat continuera. En tous cas, la fin de cette belle et ordinaire histoire d'amour ne pourrait être semblable à celle d'Othello étouffant Desdémone par une jalousie aveuglante née, grâce à la perfidie de Yago puisque Anis ne peut rejoindre sa baby-love et puis surtout comme c'est un enfant de la révolution tunisienne, il n'aimerait pas faire du mal à quelqu'un d'autre que lui-même. Serait-il poussé à s'immoler pour que les autorités anglaises prêtent - enfin - une oreille compréhensive au malheur de cette petite famille qui ne demande qu'à vivre en paix et dont le seul tort est d'être composée d'un couple mixte... où l'un des conjoints n'est pas européen mais sud-méditerranéen. Jusqu'à quand, la bêtise humaine demeurera-t-elle maîtresse des liens qui unissent les amoureux ? Cette malformation est faite pour durer jusqu'à la fin des temps : l'être humain est mal adapté à l'amour et c'est pour cela qu'il tue.