La délégation tunisienne a regagné hier matin Tunis en provenance de Kharthoum. L'avion spécial mis à sa disposition ayant foulé le tarmac de l'aéroport de TunisCarthage aux environs de sept heures. Un retard dû aux formalités douanières et policières d'usage à l'aéroport de la capitale soudanaise. Sans oublier le temps perdu au cours de la cérémonie de clôture comme à l'hôtel. Facteurs qui ont fait que l'avion décolle aux environs de quatre heures du matin. Un remake de la CAN 96 en Afrique du Sud Le parcours de l'Equipe de Tunisie tout au long de ce CHAN 2011 nous rappelle celui réalisé en Afrique du Sud lors de la CAN de 1996 avec ce plus consistant en la victoire finale vendredi dernier au Merrikh Stadium d'Om Dorman. Faut-il rappeler qu'en mettant le cap sur Elisabethville le 21 janvier 1996, l'Equipe nationale rajeunie à 80% et conduite alors par Henry Kasperjack était partie pour y effectuer le tour éliminatoire uniquement. La suite, nous la connaissons. Ce fut une suite ininterrompue de succès qui menèrent Chokri El Ouaer et ses jeunes co-équipiers en finale. Une solidarité à toute épreuve Il a fallu patienter près de quinze années pour assister à un remake de la belle aventure de 1996 avec des joueurs évoluant uniquement dans la compétition nationale. Des joueurs qui se sont pris en charge sous la conduite d'un staff technique tous acquis à la cause de la Révolution et des martyrs qui sont tombés pour cette même cause. Et de grâce que l'on ne vienne pas se faire remarquer dans les médias pour parrainer cette victoire. A preuve. Les « fédéraux » qui se sont déplacés en masse à Kharthoum pour libérer un tant soit peu leur conscience. Cap sur le Sud-Ouest du pays Il reste à tout ce groupe composé du staff technique, du staff médical, des joueurs et de leurs accompagnateurs de donner un zeste de plaisir à nos compatriotes du Sud Ouest du pays : le Kef, Kasserine, Thala, Sidi Bouzid, Gafsa en leur rendant tour à tour visite avec le trophée. Mais surtout de tenir cet engagement consistant à remettre à qui de droit les primes promises à toutes les composantes du groupe et pourquoi pas celle offerte par la CAF au vainqueur de l'édition à savoir l'équipe de Tunisie. Et qu'ils aillent seuls. Rafik BEN ARFA
Nizar Khanfir (Entraîneur national adjoint) : «Une envie avec un grand E a caractérisé tous nos joueurs» «Aïssa Hayatou s'est vengé à sa manière pour déstabiliser notre équipe» «Je ne vois pas un sélectionneur autre que Sami Trabelsi» * Le Temps : Comment expliquez-vous les réserves émises par certaines parties quant à un parcours performant de l'Equipe nationale au cours du CHAN 2011 ? N.Khanfir : J'adhère en partie à ces réserves dans la mesure où notre participation à ce CHAN est venue à un moment inapproprié. Je m'explique. Plus de compétition nationale inter clubs outre les difficultés rencontrées pour l'organisation de rencontres amicales pour une équipe nationale appelée à participer à un important rendez-vous africain. Et ce n'est pas le stage d'une semaine au Maroc qui a permis de mettre sur pied cette équipe qui est allée aussi loin au Soudan. * Pouvons-nous connaître les objectifs tracés par le staff technique pour que l'équipe de Tunisie présente un visage un tant soit peu rassurant pour justifier sa présence au Soudan? Nous avons essayé et heureusement réussi à faire comprendre à nos joueurs qu'il leur appartient d' honorer à leur manière la Révolution tunisienne. A savoir ramasser le plus grand nombre de points possibles, passer le premier tour et voir ensuite venir les choses match par match. * Et cela a merveilleusement fonctionné. Pouvons-nous en connaître les raisons ? Je commence par mettre l'accent sur l'ambiance qui prévalait dans le groupe. J'en étais personnellement surpris mais surtout cette envie avec un grand E qui les caractérisait à chaque match pour aller de l'avant. Une véritable symbiose dans le sens propre du mot entraînant la réussite de tout le groupe et à travers elle la conquête du titre africain. * Des difficultés, vous en avez rencontrées. Elles ont été de quelle sorte ? Première déconvenue : il était écrit que l'équipe qui termine tête de son groupe reste sur place pour disputer les quarts de finales. A notre grande surprise nous avons été acculés à accomplir une traversée de mille kilomètres par avion pour gagner la capitale soudanaise à partir du moment où la CAF a décidé d'y faire disputer la suite de la compétition. Seconde déconvenue : les organisateurs nous ont fait loger dans un hôtel en plein centre ville dans des conditions qui ne prêtaient pas à une bonne concentration des joueurs. Il a fallu changer de résidence pour un séjour mieux approprié et beaucoup plus confortable, un séjour totalement pris en charge par notre fédération. Cela a inéluctablement engendré des disfonctionnements au niveau du reste de la préparation de l'équipe dont les composantes ont perdu une journée entière de travail. Les séquelles n'ont pas manqué d'apparaître en demi-finales contre l'Algérie notamment sur le plan de la condition physique des joueurs. Avec l'indisposition de Msakni et les quelques bobos dont ont été victimes quelques joueurs. Ceci sans omettre de mettre l'accent sur l'autre déconvenue consistant à voir les Angolais bénéficier d'une journée de repos supplémentaire. Pour conclure je vous dirais que Aïssa Hayatou a tout fait pour se venger du prétendu mauvais comportement du public tunisien à son endroit lors de la finale retour à Radès de la ligue africaine. * Quels enseignements à tirer après la belle parenthèse du CHAN ? Je dirais que nous sommes parvenus à gagner trois challenges. Avoir remporté ce trophée tant convoité par toutes les sélections présentes au Soudan pour l'offrir à notre Révolution. Avoir découvert des joueurs de grande qualité à l'instar de Abdennour, Hicheri, Kasdaoui. Et avoir contribué à jeter les bases de la future équipe nationale qui n'aura plus besoin de la totalité de tous ses joueurs expatriés. Trois à quatre au maximum suffiront pour venir prêter main forte à leurs co-équipiers locaux. * Cela nous amène à poser une dernière question : quel sera selon vous le nom du prochain sélectionneur ? Je tiens d'abord à faire une précision pour lever toute équivoque. Je suis l'entraîneur de l'équipe nationale junior et je m'apprête à reprendre mes fonctions après mon intérim en Equipe nationale A. Je me permets à présent de donner mon avis sur le nom du prochain sélectionneur. Je ne vois pas d'autre que le nom de Sami Trabelsi qui a démontré des qualités de meneur d'hommes outre ses idées et sa profonde connaissance de la situation qui prévaut à l'heure qu'il est, au niveau de notre football à l'échelle de son équipe représentative. Ceci sans évoquer le facteur confiance réciproque qui s'est établie entre ses joueurs et lui-même, je n'en dirais pas plus. Interview recueillie par Rafik BEN ARFA
Le triomphe des Aigles de Carthage aux yeux des techniciens Nabil Maâloul : «Un sacre amplement mérité» «Notre sacre a été amplement mérité. Nous avons dominé nos vis-à-vis durant pratiquement toutes les péripéties de la rencontre exception faite peut être des 7 premières minutes où ils ont tenté de nous empêcher de poser et de développer convenablement notre jeu comme nous l'escomptions. La rage de vaincre, la volonté de surpassement, l'ardent désir de sortir le match parfait de la part de nos vaillants enfants étaient visibles à l'œil nu et faisaient plaisir à voir. Nous avons enfin retrouvé cette flamme et cet amour pour le maillot qui ont cruellement manqué aux nôtres par le passé avec les déboires que l'on connaît. Une circulation fluide et réfléchie de la balle, des lignes rapprochées, et surtout une défense hermétique en dépit du fait qu'elle soit inédite avec peu de matches disputés ensemble pour ses constituants. Le milieu composé de joueurs à l'expérience consommée a tiré son épingle du jeu avec panache et une maitrise parfaite. N'oublions pas que les nôtres ont grandement souffert avant d'échouer au stade Om Dormane du fait d'avoir été contraints d'évoluer sur des tapis synthétiques qu'ils n'affectionnent guère. Une fatigue supplémentaire causée par ces aires de jeu que les Tunisiens ont sublimée et occultée avec les tripes. Le mérite est à Sami Trabelsi et ses adjoints qui ont cru en leurs capacités en instaurant une ambiance fraternelle parmi tous les joueurs. Ne pas omettre de mettre en exergue les conditions particulières qui ont prévalu au pays avant le départ des nôtres au Soudan avec une préparation tronquée et peu consistante. Ce groupe peut aller maintenant très loin surtout avec la charge émotionnelle et la confiance nouvellement acquise dans les esprits. C'est la meilleure contribution de nos footballeurs à notre Révolution et tout notre peuple en est fier et grandement reconnaissant. » Nabil Kouki :
L'âme de la Révolution» «J'ai été extrêmement satisfait voire épaté par l'évolution des nôtres. Ils ont dominé les débats sur tous les plans athlétique, technique, tactique, etc. En première mi-temps, nous avons certes éprouvé quelques difficultés à maitriser notre adversaire et à asseoir convenablement notre jeu avec très peu d'occasions propices pour ouvrir le score. Mais le premier but rapidement inscrit par Traoui dès l'entame de la seconde période a grandement facilité notre tâche. Msakni et Dhaoudi ont été au four et au moulin avec une prestation époustouflante. Ils ont constitué à mon avis la véritable plaque tournante de l'équipe la tirant telle une locomotive inlassablement vers l'avant. Ils ont été notre arme fatale lors de ce match. Nous avons été bien en place et avons résisté à notre adversaire surtout sur le plan physique et sur les balles arrêtées très dangereusement exécutées par ses joueurs. Pareil pour leur jeu direct qu'ils affectionnent singulièrement et qui a fait le bonheur de notre défense athlétique remballant intelligemment toutes les balles. Maintenant, il ne s'agit pas de faire la fine bouche et de minimiser l'étendue de cet exploit. Certes la CHAN ne jouit pas de l'aura et du prestige de la CAN mais tout de même ! Elle nous a permis de découvrir un groupe de joueurs très performants et qui étaient par le passé barrés par leurs homologues évoluant à l'étranger. L'émulation sera très forte à présent entre tous les joueurs autochtones et autres pour le plus grand bien de notre football. Sans oublier que cette dernière compétition constituera un bon tremplin pour la préparation pour les éliminatoires futures de la prochaine CAN et la coupe du monde. Je félicite Sami Trabelsi et ses adjoints pour l'exploit qu'il vient de réaliser pour sa première expérience et je l'encourage à aller de l'avant. C'est un honneur qui se détint sur tous les entraineurs tunisiens. Nos joueurs sont également à congratuler pour leur volonté car quoique perturbés par les évènements et par l'éloignement de leur famille en ces conditions difficiles, ils n'ont pas manqué de batailler farouchement pour notre maillot national ».
Ameur Hizem : «Une nouvelle page pour notre football» «C'est un sacre mérité et prévu. Dès leur seconde rencontre de poule, j'ai été intimement persuadé qu'ils iraient très loin et remporteraient la mise haut la main. Ils ont tiré la leçon de leurs rencontres précédentes notamment contre l'Algérie et le Rwanda en ne fléchissant pas par intermittence. Ils ont su ménager leurs efforts et maintenir le rythme 90' durant contrairement aux autres sorties où ils flanchaient régulièrement en seconde période. En finale, ils ont sorti deux mi-temps pleines et hautes en couleurs. Sami Trabelsi a su créer une osmose parmi son groupe en un laps de temps très réduit et dans des conditions le moins que l'on puisse dire peu propices à la pratique du football à ce niveau international. Cette victoire constituera un stimulant très fort pour nos jeunes joueurs et entraineurs débarrassés à jamais de la hantise de décevoir et de perdre ayant caractérisé nos sorties précédentes catastrophiques. Une page nouvelle s'ouvre pour notre football à l'instar de celle que notre jeune pays inaugure avec un vent de nouveau balayant tout le territoire. Il est grand temps que l'on parvienne enfin à redorer notre blason et à occuper la place qui nous sied le plus à l'échelle africaine et pourquoi pas dans le concert mondial où notre présence était devenue par la passé très modeste pour ne pas la qualifier d'insignifiante. »
Gérard Buscher : «Excellent pour le moral» «Une victoire finale à la CHAN est le meilleur stimulant pour le moral des joueurs et elle constitue selon moi un véritable coup de fouet pour tout le football tunisien souffrant par un marasme paralysant et fort nuisible ces derniers temps. S'agissant d'une finale, les chances étaient pratiquement égales au départ, mais les Tunisiens ont fait montre très rapidement d'une volonté implacable pour s'octroyer méritoirement le trophée. Ils étaient très à l'aise et on les sentait en confiance. Une finale ne se joue pas mais se gagne. Et c'est ce qu'ils ont compris et appliqué. Cette consécration va donner du baume au cœur de tous les tunisiens en cette période de transition et de reconstruction que traverse le pays avec bonheur et succès. Cette équipe est l'assise solide selon moi pour l'équipe nationale future qui engagera les éliminatoires de la CAN et de la coupe du monde. Je suis persuadé qu'on piochera largement en son sein pour constituer la sélection (A). Félicitations également pour ce jeune staff qui a su prouver sa valeur et offrir à la Tunisie ce sacre ô combien bénéfique pour tout le peuple tunisien en cette période. Excellent boulot, mes félicitations et un grand bravo à la Tunisie. »
