Abdesslam Jrad et Hamma Hammamidescendus en flammes - La tension, les conflits, les temps durs par lesquels passe la Tunisie, se traduisent sur le net. Les mêmes passions, le même dynamisme, voire l'extrémisme qui caractérisaient les discussions des Tunisiens au lendemain des matches de foot, caractérisent aujourd'hui les débats politiques. La démission de Mohamed Ghannouchi quoique longtemps exigée par des dizaines de milliers de personne a suscité une grande réaction et a été « à la une » du net. Contre manifestation Aussitôt son discours fini, des groupes soutenant Mohamed Ghannouchi et l'appelant à revenir au gouvernement ont été créés. L'un d'entre eux a atteint les 17 mille adhérents en l'espace de quelques heures. Un appel à la contre manifestation a été lancé et des vidéos montrant des protestataires effectuant un sit-in devant la maison de l'ancien premier ministre ont circulé. Seulement, le ton est vite monté entre les pro et les contre gouvernement et les insultes et les accusations ont pris la place du débat argumenté. D'un côté les pro Ghannouchi accusent les autres de conduire le pays au chaos, d'être des brutes ignorantes manipulées qui nuisent à leur stabilité, et nous savons tous combien la stabilité et le confort sont chers aux Tunisiens, et d'un autre ceux qui appellent aux réformes politiques accusent les autres de « bourgeois égoïstes » ne pensant qu'à leur petit train de vie quotidien et n'ayant point d'aspiration à la liberté et à la dignité. Respectez le sang des martyrs est par contre une phrase utilisée de part et d'autre… C'est à croire que le marchandage a déjà commencé… Des mises en garde contre la catastrophe économique et le chaos sécuritaires sont les arguments des uns, des mises en garde contre la continuité de la dictature et de l'ancien régime dans les institutions actuelles sont les arguments des autres. Et tous aiment la Tunisie plus que quiconque… L'invasion des sauterelles… Si Ghannouchi a bien ceux qui le soutiennent face à ceux qui ne veulent plus de lui, ou plutôt du symbole du reste de la dictature qu'il représente et de tout le système dont il était la tête, Hamma Hammami et Abdesslam Jrad sont lynchés à « fortes doses ». Mohamed Ghannouchi est parti avec les honneurs pour la plupart des internautes, même ceux qui appelaient à son départ, le saluent avec respect. Jrad quant à lui est comparé sur la toile aux sauterelles qui détruisent tout sur leur passage, le jeu de mots ayant facilité la métaphore, mais surtout, les grèves et les bras de fer qu'il avait suscités. Hamma Hammami est le personnage d'outre époque du net. Si l'évaluation de son passé de militant reste relatif aux personnes dont les uns le louent et les autres non, ses idées et idéologies ne semblent pas satisfaire la plupart qui les juge inadéquats avec l'époque et les circonstances. L'armée dans le box des accusés Et dans tout le trouble que connait aujourd'hui la Tunisie, l'armée protectrice de la révolution comme on l'a appelée paraît traverser des temps durs elle aussi. Pourquoi n'a-t-elle pas été efficace pour ramener le calme à Kasserine ? Pourquoi la même situation a-t-elle été vécue au Kef ? Pourquoi l'armée n'est-elle pas intervenue pour protéger le ministère de l'Intérieur ? Il est où le général Rachid Ammar et sa promesse de protéger la révolution ? L'armée et à sa tête Rachid Ammar est accusée par des facebookers de laisser le trouble afin de pouvoir justifier un putsch. Une partie des internautes a déjà perdu confiance en l'armée, et bien sûr l'expriment. Une autre partie crie à la conspiration. On essaye de creuser un gouffre entre la population et l'armée pour affaiblir encore plus la Tunisie, clament les défenseurs de l'armée… Les mêmes vidéos pour différentes causes Pour faire tomber Ghannouchi, pour le soutenir, pour dénoncer Jerad, pour accuser Hamma Hammami, pour mettre en garde contre l'armée ou pour la laver des soupçons les mêmes vidéos presque alimentent tous les mouvements, à savoir celles des troubles et des confrontations qu'a connus notre pays pendant le weekend dernier. D'ailleurs des groupes ont été dénoncés pour appel à la violence et conspiration. Ces groupes, ont en effet, appelé les jeunes à casser et brûler depuis des jours avant « le jour de la colère » du vendredi. Ces mêmes groupes ont posté des vidéos de soit disant victimes de répression policière mais qui se sont révélées être le fruit de montage, mercure à l'appui !! « Attrape moi ce juif si tu peux » Certains compatriotes tunisiens de confession juive expriment leur étonnement face aux mots « Yhoudi Hachak, juif que Dieu t'en préserve » répétés dans plusieurs vidéos. Et ce n'est que justice de leur donner raison ; des jeunes qui témoignent des violences s'expriment en disant : « ce sont des juifs, ils nous ont massacrés ! », des vidéos qui montrent le Palmarium saccagé et la voix off qui dit : « Regardez le massacre, des vrais juifs ! » et on passe… Il est clair que ceux qui s'expriment dans les vidéos font l'amalgame entre juif et Israélien ou sioniste, il est peut-être possible que nombre d'entre eux ignorent que nous avons une communauté de juifs tunisiens, cela dit, il appartient au vocabulaire tunisien d'utiliser le terme juif comme insulte et cela est propagé par la toile. Seulement, cette toile, ce même facebook qui a participé à la Révolution et qui participe à la construction de la nouvelle Tunisie ne devrait pas perpétuer certaines choses, mais plutôt participer à la construction de la nouvelle Tunisie, sans racisme, sans appel à la haine et dans le respect des minorités religieux