De Hatem Belhaj - Zapatero a dû avoir un choc démocratique au contact du paysage politique tunisien. Il a dû entendre parler du sit-in de la Kasbah où des jeunes révolutionnaires ne veulent pas se faire spolier la révolution. Ils ont réussi à dégager deux gouvernements provisoires sans que cela puisse assouvir leurs demandes. On a dû lui parler de la majorité silencieuse qui hausse le ton devant la coupole d'El Menzah à l'heure de la gym. Ils exhortent le peuple à retourner au travail, chômeurs compris, conspuent l'UGTT et appellent à l'ouverture rapide d'une nouvelle page. Bref, il a dû se rassurer sur l'avenir de cette jeune nation qui renaît des cendres de la dictature. Il faut dire que les Tunisiens évitent de jour en jour le pire et les violences ponctuées ne sont que des dommages collatéraux parfois nécessaires pour bâtir une démocratie durable. Il faut savoir et, peut-être, comprendre que l'ennemi commun aujourd'hui n'est pas politique mais plus terre à terre que ça. Il faut juste se poser la question : Qui sont les perdants de la révolution à part les partis, l'unique et ceux de la connivence, au pouvoir, son bras armée et sa mafia boulimique ? Tout le monde a la même réponse. C'est trop évident dirons-nous. Mais, il faut aussi se poser une autre question aussi révélatrice : Qui sont ceux qui convoitent le pouvoir (à part les politiques et ce qui est légitime et leur but affiché) du moins en coulisses ? Le marché est alléchant. Une redistribution des cartes s'opère. La croissance est inévitable. Les fonds sont annoncés. Bref, le gâteau est tout chaud et l'espace qu'occupait l'ancienne mafia s'est libéré. La révolution doit aussi assainir le monde de l'affairisme et de l'opportunisme économique. Car si on laisse le champ libre aux anciennes pratiques, on sait désormais tous où elles mènent.