De Hatem Belhaj - C'est l'appel décrypté à chaud de monsieur Caïed Essebsi après sa conférence de presse de la veille. Le chef du gouvernement provisoire se pose comme garant d'une transition à la tunisienne, c'est-à-dire lente mais sûre. Il a répondu aux critiques qui s'accumulent notamment concernant la sécurité, la justice et l'exclusion de l'ex-RCD de l'arène électorale. Le Premier ministre a été plus rassuré que rassurant mais ses arguments se défendent car ce que certains voient comme des répliques de la révolution d'autres les désignent comme des dommages collatéraux aux incidences économiques directes. Bref, la paix sociale se fait politiquement mais se fera mieux dans un environnement économique serein. Deux tranchées s'affrontent. Une, très politisée, qui a été tellement muselée et exclue qu'elle est plus pressée par les changements radicaux que par un consensus mou et rentable. Ce courant est boosté par une jeune génération d'exclus sociaux malgré l'utopie de leurs diplômes dont la priorité est le concret et non les promesses. L'autre, se disant pragmatique, défend l'idée que nul essor social et politique sans un essor économique. Le capital est inévitable pour réaliser les revendications de la révolution, dignité et liberté, mais aussi travail et assistance sociale. Et pour ces deux derniers, il faut des sous, beaucoup de sous même vu les ravages encore fumants de la mafia décapitée mais… Et si on trouvait un compromis entre les deux orientations ? Et si on s'auto-donnait une période de grâce où chaque secteur essayera de se restructurer tout en assurant une transition fluide vers un système meilleur ?