Ne vous faites pas de mouron, ça ne sera pas tristounet. Quoique parfois, les larmes se cachent sous le rire, et le contraire est tout aussi valable. Mais rassurez-vous : l'auteur et metteur en scène de la pièce, à savoir Farhat Jedidi, préfère user de la fable pour décortiquer les maux de la société, égratignant au passage quelques certitudes trop confortables pour être honnêtes, en associant pour ce faire, le rire à la musique, le temps d'une balade au pays des faux-semblants, des mensonges, et des rêves en carton-pâte qui n'ont pas beaucoup fière allure, mais parviennent à donner le change, juste le temps de se rendre compte que la vie peut vous filer entre les doigts comme du sable ou du vent, d'essayer d'en retenir les primeurs, et de s'apercevoir que le réveil a été trop tardif pour être salvateur. Mais on n'est pas en mélodrame et « Ellil Zahi », une comédie musicale que la Troupe de la Ville de Tunis devait initialement donner à voir les 10, 11 et 12 février dernier, sera finalement présenté le 23 mars courant au Théâtre municipal de Tunis, comme manière de saluer la révolution dans la bonne humeur et quasiment à la bonne franquette. Méfiez-vous cependant, tout cela est savamment orchestré et il y aura un casting assez affriolant, avec le retour sur scène du comédien Mohamed Sayari, dont cette création sera la première participation au sein de la TVT, qui se produira aux côtés d'autres figures émérites de la scène théâtrale, à l'instar de Amor Zouiten, Jamel Laroui, mais aussi Anissa Lotfi qui revient sur les planches, après un quart de siècle d'absence, pour accompagner des comédiens d'une génération plus récente lesquels ont eu, également, l'occasion de fourbir leurs armes. Nous citerons : Ikram Azzouz, Zouhair Raies, Mongi Ben Hafsia, Kaouther Bardi, Rim Zribi, Mohamed Said, Leila Haddaji, Jamila Camara, et Raouf el Hani. Le « pitch » s'il en est : Ellil Zahi (La nuit est joyeuse) c'est la petite histoire d'un tailleur (couturier), qui en a vu d'autres et qui a fini par prendre son métier en horreur, au point de chercher à trouver un point de fuite ailleurs que dans une réalité dont les contours n'en finissent pas de se dérober à ses yeux. Un soir, cherchant à « dévergonder » son commis, mais aussi par ennui et par peur de la solitude, il l'entraîne dans une tournée des « Grands Ducs », censée lui apprendre la vie, et lui offrir autre chose que la face blafarde des jours qui se suivent, et qui n'en finissent pas de se ressembler. La vie est belle et pleine de danger n'est-ce pas ? Alors il vaut mieux mordre dedans à belles dents, et envoyer par-dessus son épaule, les fardeaux et les peines, fut-ce l'espace d'un instant qui a valeur d'éternité. Mais nos amis vont peut-être s'apercevoir, à leurs dépens, que les miroirs aux alouettes ne peuvent vous enchanter longtemps. Le réveil est toujours brutal ! Sauf que tant que l'on garde la faculté d'en rire, l'humour, même noir, ne parviendra pas à vous ronger le cœur. Ce sera juste un nuage passager, qui fera dans le ciel un petit tour, avant de s'en aller valdinguer ailleurs. « Ellil Zahi » : tâchez d'en profiter à fond la caisse !