Le Temps-Agences - L'armée libyenne a annoncé hier l'arrêt à partir de dimanche de ses opérations militaires contre l'insurrection, affirmant vouloir donner une "chance" aux rebelles pour qu'ils se rendent, à quelques heures d'un vote à l'ONU destiné à freiner la répression. "Le comité général provisoire (ministère) pour la Défense a décidé d'arrêter les opérations militaires contre les bandes terroristes armées à partir de dimanche 00H00 (23H00 HT) (...) pour donner une chance (aux insurgés) de remettre leurs armes et qu'ils profitent d'une décision d'amnistie générale", a rapporté l'agence officielle Jana. Soulignant l'urgence d'une intervention de la communauté internationale qui tergiverse, l'ambassadeur libyen adjoint à l'ONU Ibrahim Dabbachi, qui a fait défection, avait affirmé dans la nuit que son pays avait besoin d'une résolution "dans les 10 heures" sous peine de "voir un vrai génocide". Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a appelé hier l'ONU à s'entendre pour empêcher Mouammar Kadhafi de gagner sa guerre contre les rebelles libyens, bien que l'Alliance Atlantique elle-même soit divisée sur l'opportunité d'une intervention. L'annonce de suspension des opérations militaires intervient alors que les forces loyales à Mouammar Kadhafi continuent leur progression vers Benghazi, le bastion de l'opposition. Elles ont tenté hier de bombarder des positions de la rébellion dans cette ville située à un millier de km à l'est de Tripoli, a indiqué le rébellion. Les insurgés affirment avoir abattu deux avions. Il n'était pas possible dans l'immédiat de confirmer ces informations de source indépendante, alors que les forces fidèles au régime ont réussi à reprendre plusieurs villes ces derniers jours à coups de raids aériens et terrestres. Les forces fidèles au colonel Kadhafi se trouvent à 160 km de Benghazi et continuent "d'avancer" grâce à leur supériorité militaire, a affirmé, hier, William Burns, le directeur politique du département d'Etat. Des informations contradictoires ont été également annoncées au sujet de Misrata, à quelque 200 km à l'est de Tripoli. Le régime affirme que ses forces armées s'en sont emparées, mais un porte-parole de l'opposition à Misrata a démenti. Selon la télévision d'Etat, "la ville de Zuwaytinah est sous contrôle des forces armées qui sont aux portes de Benghazi". Zuwaytinah se trouve à environ 150 km au sud de Benghazi, où siège le Conseil national de transition, l'instance dirigeante mise en place par les insurgés. Outre le repli des insurgés plus à l'Est, cette percée des loyalistes a provoqué un flot sans cesse grandissant vers la frontière égyptienne de Libyens, entassés par familles entières dans des voitures ployant sous les bagages. Près de 300.000 personnes ont fui le pays depuis le 15 février. En revanche, la capitale Tripoli s'efforce de reprendre une vie normale après la répression meurtrière de manifestations fin février. Alors que la révolte s'est transformée en guerre civile au prix de centaines de morts, la communauté internationale a finalement décidé de soumettre au vote à l'ONU un projet de résolution prévoyant une zone d'exclusion aérienne. Le nouveau projet de résolution prévoit "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils, sauf une force d'occupation du pays, a indiqué hier un diplomate.