Raouf KHALSI - Scènes d'un autre âge à l'Avenue Habib Bourguiba, hier. Débordements au nom d'Allah, glorifiant la Chariaâ – exégèse fantasmée et irréelle – et, pour tout dire, l'expression suprême d'une barbarie spirituelle, d'un certain terrorisme intellectuel, d'autant plus iconoclastes qu'ils refusent les règles basiques de la Démocratie et l'essence même de la Révolution. Cette frange ne peut pas se prévaloir des valeurs religieuses basées sur la tolérance et surtout sur l'acceptation de l'Autre, malgré sa diversité. Si ceux qui ont manifesté – avec tant de slogans véhéments au nom d'une religiosité scandant le refus – se proclament d'Ettahrir, eh bien, c'est surtout Ennahdha qui se retrouvera dans la gêne parce qu'elle n'acceptera pas de servir de cheval de Troie (religieux) dans la bataille électorale. Si, en revanche, ces ultras, ces extrémistes, ces salafistes et ces « libérateurs » ont la prétention messianique de réécrire une métahistoire révisionniste de l'essence de l'Islam, eh bien, ils butteront sur le refus de la grande majorité des Tunisiens – y compris, et en premier lieu, les adhérents d'Ennahdha. Les jeunes Tunisiens ont payé de leur vie le prix de la dignité, de la liberté et de la démocratie. Ils ont déboulonné l'une des plus fortes dictatures du monde arabe. Ils ne l'ont pas fait pour déblayer le chemin pour une dictature d'un autre type, et d'un autre âge. Nous ne démissionnerons pas. Nous n'abandonnerons pas devant cette démente procession du Mal.