Le serment fait par le Chef de l'Etat de veiller à ce que le Tunisien « vive en sécurité, dans la quiétude et la sérénité, sur le sol de sa patrie, en ayant la tête haute », est d'une dimension éthique d'une intensité affective, d'une élévation morale à faire remuer les montagnes. Et surtout, à interpeller les consciences. Les consciences ? Oui, il est temps pour nous, nous autres Tunisiens, de faire retentir les voix des urnes par la voix tout court. Une voix à l'unisson, pour condamner, refuser, repousser ce « chantage » auquel est réduite « la notion de patriotisme » dans les fantasmes, dans les lubies, dans le narcissisme pathogène de ceux qui ne veulent pas placer leur fauteuil dans le sens de l'Histoire. Nous les voyons défiler au le musée de la vanité, s'enfoncer dans les profondeurs abyssales de la déchéance intellectuelle, tapis dans la pénombre de l'endoctrinement au nom de ce qu'ils croient être l'exemplarité démocratique ! Au nom de quelle morale patriotique vont-ils monnayer le « destin » d'une nation en pleine expansion auprès de ceux que torturent les nostalgies colonialistes et qui se croient dépositaires de l'universalité de certaines valeurs ? Non, les Tunisiens refusent. Le peuple tunisien refuse. Le Chef de l'Etat incarne la souveraineté nationale dans la légitimité et dans la légalité. Aucun Tunisien digne d'être Tunisien, c'est-à-dire, dépositaire d'un legs civilisationnel trois fois millénaire, n'acceptera qu'il y ait parmi nous des gens qui courbent l'échine pour quémander un appui futile, mais trop intéressé. Des personnages aigris, dépités par leurs déboires carriéristes et qui refusent le dialogue, faute de discernement dialectique ou simplement parce qu'ils se reconnaissent dans le miroir réfléchissant des dandys gaucho-intégristes, des fantassins délirants, sinon des vicaires sans gloire s'improvisant donneurs de leçons. Hier, le Chef de l'Etat a prononcé un discours « musclé ». Martial. Et même, si rien n'ébranlera, sous sa conduite, la marche de la Tunisie vers la plénitude du progrès, il fallait bien, en s'adressant à ce peuple qui l'a réélu, qu'il pointe du doigt la cupidité des faux patriotes, et la supercherie idéologique servant de parade à des tribuns plus près du fascisme que de l'idéologie. Quant à la Tunisie, quant à notre pays, qu'il nous le laisse...