Par Khaled GUEZMIR - Parmi les idées véhiculées par l'anthropologue français et père du structuralisme, Claude Lévi-Strauss : le gigantisme serait la grande menace contre l'humanité ! La chose est simple, chaque fois qu'une structure dépasse la taille naturelle et évolue de manière « gigantesque », elle a des chances de s'auto-détruire et de disparaître. Notre savant visait la démographie galopante, la sur-consommation et l'épuisement des ressources naturelles : les forêts, l'eau et même l'oxygène. Mais, l'image peut être utile chaque fois qu'un corps d'assemblage emprunte la même trajectoire. L'OTAN, à force de s'étendre et de grossir, risque un éclatement à l'image du Bing-Bang planétaire et perd ainsi toute son efficacité. Il ne faut pas aller très loin pour comprendre sa faillite tactico-stratégique sur tous les fronts d'intervention où il opère en ce moment. Bien mieux, non seulement il n'arrive presque jamais à réaliser les objectifs des missions dont il est investi que ce soit en Afghanistan, au Pakistan, en Irak ou dans sa traque d'Al-Qaïda, mais, chaque fois qu'il intervient, c'est la catastrophe. Dommages collatéraux, bévues énormes, et j'en passe, de quoi en faire l'Organisation la plus haïe du globe, surtout du Monde arabo-musulman. En Libye, la situation est encore plus malsaine et plus dramatique. Au lieu d'aider le peuple libyen qui combat et meurt par milliers sous les bombardements aveugles d'un dictateur sans conscience. L'OTAN, par ses hésitations, sa recherche de l'unanimité et son excessive prudence, ne fait que servir la dictature de Kadhafi et ses fils et permettre l'extermination du peuple libyen, livré à une tyrannie sanguinaire et moyenâgeuse, sans précédent. La « rébellion » libyenne a perdu un temps énorme en comptant sur cet organisme, frappé de plus en plus, par l'impuissance et les calculs minables des intérêts de ses membres. Et comme ces intérêts sont multiples et contradictoires en partant des Etats-Unis, et passant par la France, pour arriver à la Turquie, le résultat est là, implacable et sans appel : Le peuple libyen subit un génocide criminel à Misrata, à Zouara et à Zaouia et la suite s'annonce encore plus dramatique et l'OTAN ne bouge même pas le petit doigt. Encore une fois, les peuples arabes qui luttent pour la liberté, la dignité et la démocratie ne doivent compter que sur eux-mêmes. Ni l'OTAN, ni les puissances mondiales et régionales qui le composent ne sont prêts à se « mouiller » davantage contre des dictateurs qu'ils ont protégés de tout temps contre la volonté d'émancipation de leurs peuples. M.Abdelfattah Younès, le chef de l'armée populaire libyenne, l'a bien compris et c'est tant mieux !