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Quand les familles donnentdes martyrs à la Révolution
Publié dans Le Temps le 10 - 04 - 2011

La famille Laroussi de la ville de la Goulette est encore sous le choc. Elle a fourni au service de la Révolution tunisienne du 14 janvier, deux martyrs, en pleine force de l'âge et de surcroît mariés et père d'enfants.
Cette famille, connue dans toute la commune, a eu le beau geste de poser sur la façade de sa maison, à l'avenue Habib Bourguiba, à la Goulette, une pierre marbrée sur laquelle elle a fait graver les noms de ses deux fils, tués, tous les deux, par balles, dans les mêmes circonstances et dans le même endroit, tout près de leur maison , le 16 janvier 2011, vers 20 heures 30 du soir, pendant le couvre - feu , deux jours seulement après le triomphe de la Révolution tunisienne, le 14 janvier.
Dans les villes européennes, en particulier, le visiteur rencontre un peu partout des plaques commémoratives indiquant que dans cet endroit habita, travailla ou mourut telle ou telle personnalité politique, scientifique, littéraire.
En Tunisie, la seule plaque du genre connue de tout le public, est la plaque posée sur la façade de l'ancien cabinet d'avocat du leader Habib Bourguiba, à Bab Souika, à Tunis.
Le geste de la famille Laroussi mérite d'être suivi, car, outre la conservation de la mémoire des martyrs de la Révolution, de pareilles initiatives revêtent un aspect documentaire utile à l'établissement des faits pour les historiens et les auteurs intéressés.
La Commission nationale créée après le 14 janvier pour établir les faits sur les abus sécuritaires commis durant les évènements ayant émaillé la Révolution tunisienne, admet que son travail a un caractère documentaire qui aidera à écrire l'histoire de la Révolution tunisienne sur des bases objectives, parallèlement à son utilité judiciaire.
Or, nous avons constaté que les familles des martyrs de la Révolution ne savent pas encore ce qu'elles doivent justement faire dans ce domaine.
Ainsi, la famille Laroussi n'a pas encore présenté un dossier à la Commission nationale chargée de l'établissement des faits sur les dépassements sécuritaires. Une autre famille de la commune de la Goulette qui déplore un martyr et un blessé grave, n'a pas encore présenté, non plus, un dossier sur son affaire. Il s'agit de la famille de M. Abdelmajid Métâallah, qui habite la banlieue proche de Khéreddine, rattachée administrativement à la commune de la Goulette, à l'avenue Abou Kacem Chebbi, près de l'école primaire.
Les deux familles ont reçu les compensations financières décidées par le gouvernement provisoire, savoir 20 mille dinars pour le martyr et 3 mille dinars pour le blessé.
Les frères Laroussi, morts, sont Nébil (46 ans, marié et père de deux enfants) et son frère Belhassen (marié, père de deux enfants et laissa sa femme Hayet enceinte d'un troisième enfant).
Leur décès relève de l'acte absurde, à tous les points de vue.
Après avoir pris part à l'effort du comité de quartier en vue d'apporter un soutien moral aux riverains, pendant les journées terribles ayant suivi le 14 janvier, Belhassen s'apprêtait à regagner sa maison proche, distante d'une dizaine de mètres de l'endroit où il se tenait, le 16 janvier, vers 20 heures 30, pendant le couvre – feu, lorsqu'une patrouille de l'armée nationale passa par l'endroit et lui tira dessus, le tuant sur le coup, « sans faire les sommations règlementaires » d'après ce que nous ont dit son frère Fethi et sa femme Hayet, rencontrés dans sa maison.
Son frère Nébil se trouvait à quelques mètres de lui, à l'extérieur, aussi, dans l'avenue. Voyant son frère tomber sous les balles de la patrouille, il leva haut les mains pour manifester sa bonne intention, mais la patrouille tira aussi sur lui, le tuant sur le coup. Les membres de la patrouille prirent Belhassen et le déposèrent dans leur véhicule, tandis que Nébil fut transporté chez lui par des jeunes du quartier sortis à la hâte à cet effet. Ils le prirent et l'emmenèrent à sa famille. La maison parentale de la famille Laroussi et celles des deux frères Laroussi étaient voisines.
Leur mère qui suivait la scène par la fenêtre, dans la maison parentale, voulut, sous le choc, faire quelque chose, mais la patrouille lui intima l'ordre de fermer la fenêtre, la menaçant du pire si elle ose sortir.
D'autres témoins oculaires, parmi les riverains, assistaient à la scène, derrière les fenêtres de leurs maisons et ils nous ont confirmé la version de la famille telle que rapportée. Fethi nous a montré des impacts sur le mur d'un immeuble voisin disant qu'il s'agit d'impacts de balles remontant à l'incident. Les douilles des balles tirées ont été d'ailleurs ramassées et conservées chez la famille. Le frère des martyrs, Fethi, a failli être, un jour, sévèrement, interrogé par des forces de sécurité, sur leur possession, en les montrant, comme pièces de conviction, à certaines occasions. Le corps de Belhassen a été récupéré, deux jours après l'incident, dans l'hôpital Charles Nicolle de Tunis.
Une autre famille doublement affligée
L'autre famille affligée est la famille de M. Abdelmajid Métâallah qui déplore un martyr et un blessé grave, le premier, le martyr, Chérif, âgé de 23 ans, célibataire, tandis que le blessé grave est Karim, 27 ans, célibataire. Le drame se produisit dans la nuit historique du 14 janvier, vers 20 heures, pendant le couvre- feu, nuit fameuse au cours de laquelle l'ancien président déchu Ben Ali prit la fuite à l'étranger, laissant le pays dans une situation chaotique, dont furent victimes beaucoup de Tunisiens parmi lesquels les deux malheureux frères signalés.
Chérif et Karim se rendaient, avec d'autres jeunes hommes, au port de la Goulette, après avoir été informés que le port avait été laissé ouvert, sans surveillance, et que chacun pouvait y pénétrer et prendre à sa guise les marchandises qui y étaient déposées.
Arrivé au niveau du fort ancien appelé la Karraka, à l'entrée sud de la Goulette, le groupe de jeunes hommes essuya un tir de feu nourri dont on ignore encore la provenance. Chérif reçut une balle sur le flanc et mourut sur le coup, tandis que son frère Karim fut grièvement blessé aux bras et resta hospitalisé pendant 7 jours. Il se soigne encore. Leur famille, de milieu modeste, compte 11 frères et sœurs, en tout.
Déjà, sous le régime déchu de l'ancien président, leur père, M. Abdelmajid Métâallah, avait été victime d'abus caractérisé. Il avait une licence de fournisseur de bateaux que les autorités locales de l'époque lui retirèrent, de manière arbitraire et la donnèrent à un responsable local de l'ancien parti RCD dissous.
Aussi, il prépare actuellement deux dossiers pour les présenter à la justice et aux Commissions nationales compétentes, un dossier relatif à l'affaire de ses deux fils victimes d'abus sécuritaires, et un autre dossier relatif à sa propre affaire qui relève de la malversation.
Les familles affligées de toute la région attendent la visite des délégations de la Commission nationale chargée de l'établissement des faits sur les abus sécuritaires pour leur présenter directement leurs affaires, en attendant les décisions de la justice, à leur sujet.


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