La révolution tunisienne, née d'inégalités et d'injustices, était un appel pour une émancipation et une libération de l'être humain. Toutes les franges de la société tunisienne se sont ainsi exprimées contre l'injustice, l'arbitraire et les différentes formes de totalitarisme, de népotisme et d'impunité. Or, depuis quelques semaines, nous assistons à une nouvelle forme de dictature et de terrorisme intellectuel perpétrée par des extrémistes et visant des intellectuels, des hommes et des femmes de culture, ainsi que le socle de nos valeurs républicaines. Plusieurs mosquées et lieux de culte sont détournés de leur fonction essentielle et sont désormais utilisés par des tendances religieuses extrémistes à des fins politiques. Pour parfaire ce tableau, nous avons assisté vendredi dernier sur l'Avenue Habib Bourguiba à des scènes d'un autre âge orchestrées par des fanatiques qui refusent les règles basiques de la démocratie et de l'acceptation d'autrui. Cette instrumentalisation de la Révolution et de la religion à des fins politiques a créé un climat de tension et de terreur entre les citoyens d'un même pays et appartenant à la même religion, et soulevé des craintes importantes quant à l'issue de l'expérience démocratique en Tunisie, et plus globalement dans le monde arabo-musulman. La récupération politique de la religion au service de la violence et du terrorisme, outre qu'elle salit les messages de paix et d'amour véhiculés par l'Islam, ne correspond en rien à la tradition millénaire de la Tunisie et des Tunisiens de tolérance et d'ouverture. A la Voie du Centre, mouvement politique fondé par des jeunes, nous avons justement inséré notre action dans le cadre de cet héritage culturel tunisien, historiquement porté par des valeurs de modération et d'équilibre qu'il est hautement important de préserver. Ces valeurs de compromis et de concession ont permis à la Tunisie des avancées sociales considérables et un statut de la femme inégalé dans les pays arabes et musulmans. Aujourd'hui nous considérons que ces acquis qui constituent le fondement même de l'identité de la société tunisienne et de ses valeurs sont gravement menacés. Et c'est précisément contre toutes ces formes d'intégrisme et d'extrémisme que nous concentrerons notre combat quotidien, en affirmant la nécessité de séparer le champ religieux du champ politique comme socle de tout régime démocratique. L'Etat, tout en affirmant son attachement à son identité arabo-musulmane, devrait interdire tout mouvement dont l'objectif est de soumettre l'Etat à la loi religieuse ou de mettre en péril les valeurs républicaines La jeunesse tunisienne s'est battue pour un idéal de liberté et les martyrs n'ont certainement pas donné leur sang pour préparer le terrain à une dictature d'un autre type. C'est pour cela que nous devrons nous battre pour le respect de la liberté individuelle, de la liberté de culte et de toutes les formes de liberté des individus. A La Voie du Centre, nous entendons mener le combat pour défendre la Tunisie contre toutes les forces obscures et rétrogrades qui cherchent à détruire l'identité tunisienne modérée, qui a longtemps constitué notre fierté à travers le monde. Ce combat est vital pour notre pays. Nous risquons de le perdre si nous ne mobilisons pas toutes les forces vives du pays contre ces extrêmes qui nous menacent. Mobilisez-vous sans tarder. Il y va de notre avenir, de celui de notre pays et de nos enfants. * Président et co-fondateur de La Voie du Centre (Parti en attente de visa) Modération – Egalité - Liberté – Responsabilité