Où en est le cinéma tunisien en cette période de crise ? Que nous préparent les cinéastes ? Comment font-ils entendre leurs voix ? Quels sont les nouveaux projets ? autant de questions qui méritent quelques réponses. Après le 14 janvier, les syndicats des producteurs, des techniciens et autres sont montés au créneau, au cours de réunions syndicales, pour montrer à l'opinion publique que non seulement ils existent mais qu'ils expriment leur volonté de mettre tout en œuvre pour développer le secteur cinématographique et de l'audiovisuel. La quasi-majorité des cinéastes a tenté de mettre de l'ordre dans la maison. Qui a récupéré le syndicat des cinéastes en faisant dégager l'ancien comité directeur et qui a créé un nouveau syndicat des producteurs ? Ce qui est sûr, c'est que la plupart appelle à la mise en place d'une stratégie pour le cinéma qui tiendrait compte de la multiplication des réseaux du tissu associatif ainsi que la mise en place de mécanismes pour l'emploi de jeunes diplômés. Cette stratégie nécessite un cadre administratif et financier qui consisterait en la création d'un centre national de cinéma à même de donner une nouvelle impulsion à la production, à la diffusion, à la commercialisation des produits cinématographiques et de ce fait, à l'emploi de jeunes diplômés. C'est pourquoi une révision des cahiers des charges s'impose. Elle impliquerait la participation en force des chaînes de télévision publiques et privées. Dans cette perspective, le laboratoire de Gammarth est aussi appelé à apporter son aide en pratiquant des prix préférentiels aux films tunisiens. Parmi les autres problèmes inhérents au secteur, il y a la question de la carte professionnelle dont de nombreux cinéastes, notamment les jeunes d'entre eux, contestent le manque de transparence et de justice concernant son octroi. Après un arrêt en 2010, la carte professionnelle a refait surface en 2011. Une commission est chargée de son octroi aux cinéastes après étude du dossier. Or, un grand nombre de professionnels jugent que cette carte est délivrée de façon arbitraire et qu'il faut réviser de manière démocratique la loi, la régissant. Déjà, depuis le 14 janvier, des mesures ont été prises pour faciliter le travail des cinéastes notamment l'annulation de l'autorisation de tournage qui était une condition nécessaire sans laquelle ils ne pouvaient tourner. La commission de censure a été tout simplement dissolue car caduque en cette époque de liberté retrouvée. Il reste tout de même le système de subvention qui est également remis en cause. Une réforme est à ce stade nécessaire pour que le cinéma retrouve ses mécanismes conformément aux lois en vigueur et non à l'humeur des personnes. Concernant le parc des salles de cinéma, la situation est préoccupante dans la mesure où ce parc se rétrécit de plus en plus et que les initiatives de reconstruction de nouvelles salles sont inexistantes. Aucun projet n'est en vu. Le sauvetage des salles de cinéma nécessite du souffle et du temps. Il reste aujourd'hui la reprise de la production, en veilleuse en ce moment, pourtant plusieurs projets de scénarios, environ une cinquantaine, entre longs et courts métrages de fiction et documentaires, ont obtenu des subventions du ministère de la culture. Cette reprise ne peut être envisagée que lorsque l'ordre sera rétabli dans le pays. Attendons voir !