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Orientations et recommandations
Cinéma - Plongée - Cinéma tunisien — Commission consultative d'aide à la production cinématographique
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 06 - 2010

Lorsqu'on appartient à une commission nationale consultative d'octroi de prix littéraires et artistiques, de prix à l'occasion du rendez-vous annuel de la «Fête de la culture», ou de subventions d'aide à la production cinématographique, ce qui peut nous emplir de satisfaction, c'est le sentiment d'avoir travaillé avec des gens avisés et connaisseurs, dans une ambiance empreinte de dialogue et de sérénité, en dehors de tout parti pris, de toute influence extérieure et de toute considération de «copinage». Ce qu'on défend dans une telle structure, en compagnie de compétences qui ont leurs références en la matière, ce sont des choix et des points de vue qui, s'agissant d'art et de culture, ne peuvent être, en définitive, que subjectifs. Qu'il y ait des divergences, cela est tout à fait dans l'ordre naturel des choses. Que des mécontents fassent circuler, après-coup, des rumeurs et des ragots, cela est compréhensible et il ne faudrait ni y accorder trop de crédit ni s'en offusquer outre mesure.
Mais au-delà des goûts personnels de chacun des membres de la commission, de sa grille d'appréciation des projets présentés, il y a des critères objectifs qui doivent prévaloir et à propos desquels il ne devait pas y avoir, en principe, de désaccord.
Le statut des producteurs
Ceux qui croient que la seule fonction des membres de la commission consultative d'aide à la production cinématographique, c'est de lire des scénarios, de remplir des «fiches de lecture» et d'en discuter entre eux, se trompent sur toute la ligne. Il y a des facteurs annexes qui entrent en ligne de compte dans l'acceptabilité et la faisabilité d'un projet, et qui sont de première importance. Le premier facteur a trait à la boîte de production et à sa crédibilité. On sait (mais le sait-on vraiment suffisamment?) que le secteur du cinéma, dans notre pays, est gravement miné et discrédité par une pléthore de maisons de production, fantasmatiques ou semi-réelles, qui prolifèrent comme des champignons. Des troubadours d'une culture de pacotille deviennent, du jour au lendemain, des producteurs qui, parallèlement à leurs tentatives forcenées de faire «passer» leurs projets, prennent sous leur protection de jeunes cinéastes auxquels ils font miroiter les mirages de la fortune et de la…célébrité. Une commission désignée par le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine ne peut pas octroyer de subvention à un prétendu producteur dépourvu de toute expérience et de toute référence ou à une maison de production connue pour ses antécédents frauduleux ou pour ses manquements répétés à ses engagements vis-à-vis des techniciens et de l'équipe du film. Etre producteur, c'est un métier et des plus ardus et des plus pointus. L'instance de tutelle est en train d'entreprendre des mesures concrètes en vue d'assainir ce secteur névralgique et de le moraliser par le biais d'un cahier des charges précis.
Des cinéastes, confirmés ou débutants, ont de plus en plus tendance, ces jours-ci, à se faire producteurs de leurs propres films et à voler de leurs propres ailes. Ils ont, peut-être, leurs raisons pour agir de la sorte. Mais à force de vouloir endosser le rôle du «joker», de «l'homme à tout faire», un œil sur la gestion du budget et l'autre derrière la caméra, un réalisateur ne risque-t-il pas de s'épuiser en menant de front plusieurs tâches à la fois ? Un cinéaste qui monte son premier long métrage n'a-t-il pas intérêt à s'entourer d'une structure professionnelle qui a fait ses preuves dans ce domaine? Si on ne croit plus en la répartition des fonctions et si on cherche à tout accaparer, n'est-ce pas le signe d'un dysfonctionnement susceptible de tout fausser? Le ministère de tutelle a vu juste en exigeant d'un réalisateur qui se voit octroyer l'opportunité de tourner sa première œuvre d'engager un producteur expérimenté, solvable et crédible.
Misanthropie et exclusion
On n'y peut rien : il y a certains cinéastes qui n'aiment pas leurs collègues et qui, en fonction d'un droit d'aînesse, croient détenir l'excellence absolue et restent, au fond, hostiles à l'émergence de nouveaux noms. Ceux qui clament, donc, que la commission d'aide à la production cinématographique devait être constituée, en majorité, de cinéastes auraient intérêt à se montrer plus prudents dans leurs propos. Le cinéma n'est pas la propriété exclusive des cinéastes, surtout lorsqu'il s'agit de certains d'entre eux qui n'ont pas de leçons à donner aux autres. Le cinéma, pour ce qui est tant de la cinéphilie que de la création, c'est aussi des personnes issues de divers horizons, des arts plastiques, de la musique, de la danse, du théâtre, de la littérature. On sait ce que l'art dramatique et la peinture ont apporté au cinéma. Un cinéaste qui se croit investi du devoir sacré de désigner «qui est cinéaste» et «qui ne l'est pas», de bénir le «vrai» et de jeter l'anathème sur les «intrus» qui viennent du théâtre, par exemple, devrait relire l'histoire du cinéma. Lorsque le talent fait défaut, les inséminations artistiques peuvent produire, il est vrai, des amalgames, mais elles peuvent être aussi d'une extrême fécondité.
Avant de brandir des préjugés corporatistes et de chercher à imposer des mesures ostracistes, il faut avoir l'humilité de prendre connaissance des films réalisés par ces auteurs qui ont fait un certain parcours de metteurs de scène ou de peintres. A ce sujet, l'initiative prise par la direction du cinéma du ministère de projeter aux membres de la commission, avant les discussions, les courts métrages réalisés par ces «intrus», est excellente. Elle permet non seulement de voir et de revoir des films qu'on n'a pas vus ou qu'on a mal vus, mais aussi d'émettre des avis et de faire des propositions en connaissance de cause. On n'entre pas dans une commission uniquement pour jouer à «Robespierre», mais aussi pour apprendre, pour se mettre au service des autres, et pour défendre, arguments à l'appui, les bons projets.
L'idée de diversifier la composition de la commission d'aide à la production cinématographique et de ne pas la limiter essentiellement aux gens du métier est très bonne.
Les professionnels du cinéma, producteurs, réalisateurs, exploitants de salles, ont leur mot à dire et leur présence est indispensable, mais elle ne doit pas être hégémonique. A la lumière de certaines expériences, nous aurions tendance à dire que plus la commission est constituée de quelques membres autonomes qui ne sont pas trop impliqués dans les milieux ambiants du cinéma, mieux cela vaudra.
La tenue et la langue
A chaque session, pas moins d'une centaine de projets sont soumis à la commission d'aide à la production. Dans ce lot indistinct, il y a plusieurs dossiers qui ne remplissent pas les critères les plus élémentaires de la recevabilité, sans parler des projets qui sont éliminés d'office pour leur non-conformité aux règlements en vigueur.
C'est devenu plus qu'un impératif, une nécessité : la création d'une sous-commission de tri qui devait être composée, logiquement, de ce qu'on appelle le «noyau dur» de la commission d'aide et du représentant du ministère. Aux différentes parties d'assumer leurs responsabilités et d'essayer de mettre fin à la pagaille qui a cours actuellement. On ne peut pas examiner un scénario qui est truffé de fautes et de coquilles de tous genres et dont la saisie est quasiment illisible. Lorsque quelqu'un aspire à décrocher le gros lot, il faut au moins qu'il présente une copie propre et convenable, qu'il se fasse relire et qu'il respecte le métier qu'il exerce. Dans le domaine des langues, tant l'arabe que le français, beaucoup de nos compatriotes piétinent pitoyablement. Quel mal y a-t-il à confier son texte à un arabisant ou à un françisant, d'autant plus que tout le monde le fait? Lorsqu'on voit la très mauvaise qualité des sous-titres de la plupart des films tunisiens, on se demande où est-ce qu'on va. Ce ne sont pas des questions futiles de détail. Dans la présentation d'un dossier, de tout dossier, les questions de forme ont aussi leur importance.
Il y a une autre aberration qui perdure et à propos de laquelle les maintes recommandations émises, de session en session, n'ont rien donné : c'est la langue du scénario. Sommes-nous des Tunisiens ou des Français? Notre langue officielle est-elle l'arabe ou le français? Notre dialecte, est-ce le langage familier tunisien ou est-ce le patois, l'argot et le sabir français? Si la plupart de nos cinéastes pensent aux bailleurs de fonds étrangers de plus en plus improbables et introuvables, qu'ils fassent au moins l'effort de proposer aux membres de la commission deux ou trois séquences dialoguées en arabe juste à titre indicatif. Il est tout de même absurde d'écrire un scénario sur la ruralité et sur les paysans et de faire parler ces derniers en français. Si certains de nos cinéastes sont d'irréductibles francophones, lisent et parlent l'arabe très peu, et si, lorsque l'envie exotique de le lire les prend, font appel aux services de «lecteurs» occasionnels de plus en plus nombreux, c'est leur problème. Il y a des lacunes qui sont imputables aux décideurs, mais il y a aussi des lacunes et des défaillances dans lesquelles la responsabilité des réalisateurs est entière. Enrôler un dialoguiste pour deux ou trois séquences en arabe est-ce si coûteux?
L'impasse persistante
Il y a un énigmatique parodoxe. D'un côté, il arrive, parfois, qu'on dilapide de l'argent dans des projets qui enfantent des sous-produits indigestes et dont les auteurs sont tout ce qu'on voudra, des bricoleurs, des rafistoleurs, mais certainement pas des cinéastes ou des producteurs. Et de l'autre, il est de plus en plus évident que la subvention accordée par le ministère de tutelle à un long métrage, qui a augmenté, variant actuellement, entre 450 et 600 mille dinars, est inadaptée par rapport aux coûts de production élevés un peu partout dans le monde. Les aides étrangères, qu'elle proviennent d'institutions francophones, de chaînes télévisées privées ou publiques qui ont assez souvent soutenu les cinémas du Sud, ou du «Fonds Sud», sont, désormais, quasi inexistantes. Il y a des cinéastes qui, moins ils se sentent aidés, plus ils se portent mieux et d'autres qui sont d'éternels assistés. Plusieurs de nos cinéastes, qui ne sont guère en odeur de sainteté avec la simplicité, le sens de l'économie et qui ambitionnent souvent de traiter de «grands sujets», de «grandes problématiques de la condition humaine», historiques et d'époque, dépensent beaucoup. Le problème, c'est que le résultat est souvent décevant. La plupart des budgets établis pour des projets de longs métrages tournent autour de 1,300-1,800‑MD pour chaque film. Si le ministère octroie une enveloppe de 500.000 dinars, comment va-t-on se procurer le reste de la somme dans cette conjoncture de plus en plus difficile ? Les projets subventionnés sont en réalité, jusqu'à nouvel ordre, des projets virtuels, car il faudrait cavaler pour parvenir à boucler le montage financier. Quelques expériences précédentes démontrent que la tâche n'est pas aisée et que faute de fonds complémentaires, des cinéastes ont dû jeter l'éponge et ont été priés, par conséquent, de restituer les 40% avancés par le ministère.
Il faut être myope ou ingrat pour ne pas se rendre compte des énormes efforts consentis par le ministère de tutelle au profit du cinéma tunisien. Au cours de cette session 2010, neuf longs métrages et une dizaine de courts métrages ont bénéficié de l'aide à la production, sans parler des autres formes d'aide (à l'écriture, à la finition). Cela n'a rien à voir avec «2010, année du cinéma», et aucune consigne n'a été donnée pour brasser large. Ces projets étaient tout simplement valables et ont bénéficié de l'adhésion, à l'unanimité ou à la majorité, des membres de la commission. Mais lorsqu'on voit actuellement les prix de la pellicule, du kinéscopage, de l'étalonnage du tirage des copies, s'envoler, cette subvention accordée par l'Etat tunisien, si méritoire et si vitale, ne risque-t-elle pas de devenir anachronique ? Que faire ?


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