Une conférence de presse a été donnée hier autour du lancement du rapport annuel 2011 d'Amnesty international. Le document qui couche sur du papier des données aux atteintes des droits de l'Homme dans 157 pays et zones du monde dans la période allant de janvier 2010 à décembre 2010, a fait allusion dans sa préface aux révolutions arabes dont le point de départ était la Tunisie. C'est ce qu'Habib Mesrit a évoqué au début de la conférence de presse, une rencontre qui, d'après le président de la section tunisienne d'Amnesty international, s'organise enfin comme il est de coutume dans d'autres pays du monde, le 13 mai de chaque année. « A ses débuts, dans les années 80, Amnesty international dans sa branche tunisienne a travaillé d'une manière clandestine. Et invraisemblablement ce n'est qu'en obtenant son visa en 1988 que la série d'intimidations de ses militants a commencée. La répression était à son comble, au milieu des années 90. Donc notre activité se limitait à des cérémonies que fréquentaient quelques rares journalistes et militants des droits de l'Homme. » fait remarquer Habib Mesrit qui a brossé à grands traits les points saillants de la situation des droits de l'homme selon le rapport de l'organisation internationale. Le document décrit les entorses faites aux droits de l'homme dans plusieurs pays du monde. On en ressort avec l'idée que depuis 1962 à nos jours, c'est-à-dire, après cinquante ans d'activité, Amnesty international se rend compte que les régimes arabes, somme toute, ont affiché une nette amélioration de leurs situations économiques. Mais cela ne s'est pas suivi d'un changement au niveau des droits de l'Homme. « Le rapport annuel appelle des pays comme les Etats-Unis ou les pays décideurs en Europe de changer leur regard vis-à-vis des régimes arabes en prenant en considération le droit des citoyens à une vie digne et juste.
Qu'en est-il de cette situation en Tunisie ?
Quant à la Tunisie, où les militants des droits de l'Homme et les opposants ont subi une année durant des procès inéquitables, des châtiments physiques et des arrestations arbitraires, … notre interlocuteur s'est contenté de nous dire qu'une partie a été réservée à notre pays, dans ce rapport mais sans pour autant nous livrer une documentation en conséquence, nous rappelant que le document se vend à 20 DT la copie ! Une fois dissipé ce malentendu, les questions des journalistes qui ont fusé de tout bord ont porté notamment sur le rôle que peut jouer Amnesty international section Tunisie, pour réparer les injustices du passé et surtout pour dénoncer les châtiments physiques dont sont toujours victimes nos concitoyens et notamment les journalistes après le 14 janvier. « Au-delà de la parlotte qu'avez-vous fait quand les journalistes étaient tabassés ? Pourquoi vous n'êtes-vous pas manifesté qu'aujourd'hui pour nous parler de la situation des droits de l'Homme dans le monde alors que la nôtre attend à être prise en ligne de compte en premier lieu ? » lui demande- le Temps- Pour y répondre, notre interlocuteur a avancé qu'ils ont pris contact avec Amnesty international à Londres et qu'ils font de leur mieux pour parvenir à formuler un communiqué qui fera alléger le poids de la répression contre les citoyens. « Bien avant, Amesty international a dépêché une délégation pendant le mois de janvier 2011 dont le rapport a été présenté lors d'une conférence de presse le mois de février dernier, portant comme titre ‘'La Tunisie en temps de révolution, les atteintes aux droits de l'Homme'' » a-t-il dit.
Révolutions arabes, l'inspiration tunisienne
Habib Mesrit a qualifié, par ailleurs, les révolutions opérées dans d'autres cieux et dans d'autres époques, comme étant différentes de celles tunisienne et arabes. « La Révolution du 18 ème siècle était celle de la bourgeoisie et celle opérée en Ex-URSS au 20 siècle était celle des prolétaires. Les révolutions de l'an 2011 sont celles des droits de l'Homme. Elles vénèrent l'Homme. On ne peut que s'enorgueillir pour avoir mené à bien notre Révolution qui a inspiré bien d'autres pays du nord d'Afrique et du Proche-Orient… Encore est-il le chemin est encore long, sinueux et tortueux pour réussir nos Révolutions. Car les ennemis des libertés ne vont pas rebrousser chemin facilement. Ils ont encore du souffle, nous aussi» dit-il. Salil Shetty, le Secrétaire général d'Amnesty international qui signe la préface du rapport annuel nous en donne quelques bribes « … Le mouvement se heurte toutefois à une ferme riposte de la part des forces de répression. La communauté internationale doit saisir cette occasion pour instaurer le changement et faire en sorte que 2011 ne soit pas l'année d'une aube illusoire pour les droits humains » On l'espère bien.