Amnesty International (AI) demande l'ouverture immédiate "d'enquêtes indépendantes sur les violences perpétrées par les forces de sécurité tunisiennes", lors des manifestations qui ont eu lieu en décembre et en janvier en Tunisie et ont mené au départ du président déchu. Le rapport lancé, hier, à Tunis, par Amnesty International sous le titre : "La Tunisie en révolte, les violences de l'Etat pendant les manifestations antigouvernementales", souligne que ces enquêtes "doivent déboucher sur la vérité pour tous les Tunisiens et sur la justice et des réparations pour les victimes". Les conclusions et recommandations du rapport d'Amnesty International présentées, hier, à Tunis, lors d'une conférence de presse, appellent à mettre en place un "mécanisme de contrôle afin d'éviter que les représentants de l'Etat et autres personnes soupçonnées de graves atteintes aux droits humains ne soient maintenus ou nommés à un poste où ils pourraient commettre, de nouveau, ce type de violations". Le rapport recommande également une "refonte complète de tous les organes responsables de la sécurité et de l'application des lois, et une publication d'un organigramme clair des différents corps des forces de l'ordre". Il appelle à la nécessité de faire savoir clairement à tous les agents de l'Etat, chargés des procédures d'arrestation, de détention et d'enquête, "que la torture et les mauvais traitements ne seront en aucun cas tolérés". Ce rapport résume la mission d'une délégation d'Amnesty International, qui a séjourné en Tunisie du 14 au 23 janvier 2011, et rencontré des familles de victimes, des personnes blessées lors des manifestations, des témoins oculaires et d'anciens détenus, ainsi que des acteurs de la société civile. Les membres de la délégation se sont rendus dans les régions de Hammamet, Bizerte, Regueb, Thala et Kasserine. Le chef de la délégation d'Amnesty International, Denys Robiliard, s'est félicité du lancement du rapport d'AI, pour la première fois en Tunisie. Il a souligné les priorités à prendre en compte pour assurer la protection des droits humains en Tunisie, dont le respect de la liberté d'expression, d'association et de réunion, et la réforme du système judiciaire. Il s'agit aussi de mettre un terme à l'impunité, d'accorder une priorité à la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels, et de lutter contre la discrimination. Autant de points inscrits dans le programme d'AI, en date du 24 janvier 2001 et qui visent à assurer le changement en matière de droits humains en Tunisie.