L'Association des Etudes Internationales, en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert, et la participation de l'Institut Européen de la Méditerranée, a organisé les 19 et 20 mai, un séminaire sur le thème : « l'Union Européenne et la Tunisie nouvelle ». Présence remarquée de plusieurs anciens ambassadeurs, d'universitaires, d'économistes, d'experts, d'historiens. Une première partie de la matinée a été consacrée aux discours protocolaires, ceux de Khalifa Chater, président de l'AEI, de Dr Ralf Metzer, au nom de la Fondation F. Ebert, du représentant de l'UE, et puis de Mestiri, délégué par Mouldi Kéfi, ministre des Affaires étrangères, retenu par une mission. L'ambassadeur de l'UE a mis en évidence la nouvelle dynamique qui caractérise les relations de l'Union avec les régions arabes de la Méditerranée, régions en plein bouleversement. Des réflexions sont en cours pour trouver une nouvelle façon de coopérer avec la société civile. Les bailleurs de fonds sont là mais attendent des signes de stabilité. Puis les intervenants ont abordé des thèmes et des interrogations à l'ordre du jour, inévitables au vu des innombrables visites de délégations européennes de haut niveau, des ministres de tous pays, venus s'enquérir de l'état de notre économie et évaluer nos besoins. Ainsi, furent exposés à la réflexion et au débat des thèmes comme les contextes, les enjeux, comment s'adapter à la nouvelle donne, le début d'un nouveau processus avec l'UE, un nouveau partenariat, intégrer ce partenariat dans le rapport global Europe/Maghreb, l'octroi éventuel d'un statut avancé, l'établissement d'une relation équilibrée, la levée de certaines restrictions concernant l'exportation de certains produits agricoles, une approche plus humaine de l'émigration (légale ou même clandestine)… Un débat passionné et soutenu s'en suivit, concernant ce fameux « statut avancé » dont personne ne connaît le contenu, ni les modalités ! Bachrouch, diplomate à la retraite, a rappelé l'histoire mouvementée des relations nord/sud, et constaté que la fameuse Union Pour la Méditerranée, lancée par Sarkozy en pleine campagne électorale à Toulon, est déjà une structure mort-née, une simple coquille vide, emportée par l'ouragan tuniso-égyptien, avec ses deux ex-présidents, piliers de l'Organisme, selon la vision du Président de la République française. Sioud, ancien ambassadeur, a longuement insisté sur des impératifs immédiats, internes à la Tunisie, pour pouvoir aborder ces nouveaux rapports vitaux, et ces nouvelles conditions de négociations : que le processus démocratique engendre le calme, la sérénité et la sécurité bien comprise. Tout faire pour rétablir la confiance dans les institutions qui doivent fonctionner normalement. Ce n'est que dans ce cadre qu'il y aurait attraction des entreprises européennes. Fatah THABET
Rencontre : Dr Ralf Metzer ( Fondation F. Ebert) - « Renforcer le dialogue pour la démocratie et le développement » Le Temps * De nouveaux horizons alors ? Le terrain est maintenant plus favorable aux principes défendus par la Fondation F. Ebert ?
-Ralf Metzer Nous continuons à travailler avec les syndicats, les ONG, la société civile, pour la promotion d'un dialogue international. Nous sommes maintenant totalement libres pour le choix des organisations, sans aucune exception. Nous avons travaillé avant le 14 avec des ONG connues pour leur opposition au régime. D'autres terrains, d'autres domaines sont maintenant ouverts à une coopération. Les médias, par exemple : nous allons les accompagner durant cette période pour créer des structures publiques, objectives, professionnelles, pour assurer des élections libres et transparentes. Nous élargissons nos projets avec les jeunes pour des rencontres, des projets qui les engagent. *Votre budget est sérieusement revu à la hausse pour assurer tout cela ? -Oui, nous avons reçu des moyens supplémentaires pour appuyer les ONG, les syndicats démocratiques, pour réagir indirectement à la situation nouvelle et nous impliquer un peu plus dans le dialogue pour la démocratie, le développement, la participation, la solidarité, afin de promouvoir une société basée sur les valeurs humaines, universelles, régie par les Droits de l'Homme. Propos recueillis par Fatah Thabet