Moins de deux mois nous séparent du grand rendez-vous du 24 juillet. Le compte à rebours commence et les jours sont comptés … par des statistiques. Les chiffres et les lettres fusent de tous bords sondant la popularité des leaders politiques, évoquant la perception des citoyens quant à la situation actuelle dans le pays, la Révolution et sa relation aux médias pour dire, souvent, la chose et son contraire … Et on ne sait plus, aujourd'hui, à quelle société de sondage se vouer. Les sondages d'opinion avant le 14 janvier étaient l'apanage de deux grandes boîtes spécialisées dans le conseil marketing. Révolution oblige, le clivage s'est très vite resserré, par la suite, entre marketing et politique. Aujourd'hui, on compte au moins cinq sociétés, dont on cite IRIS, SIGMA, GMS, Mediacom et Democratic opinion qui orientent leurs études vers la politique. Le but étant de scruter les tendances politiques du moment et d'appréhender la perception du Tunisien … alors que celui-ci n'est pas encore préparé à la vie politique et n'a qu'une faible culture en ce sens. Avec les soixante dix partis voire plus, ayant fait leur apparition depuis l'avènement de la Révolution, on est confronté à une première difficulté quant à la démesure populiste de certains partis face à la fragilité d'autres. Chose qui revient en premier lieu à la présence médiatique et donc aux moyens déployés pour acquérir ou accroître sa notoriété. Le débat politique se fait des plus émulatifs même si les politiciens se tirent, parfois, à boulets rouges. Et les sociétés de sondage dans tout cela ? Leurs résultats nous éclairent sur l'humeur politique du moment avec des chiffres qui se ressemblent certes, se redisent parfois et se contredisent souvent. Le peuple veut En Occident, la question de l'impartialité de ces sociétés est questionnée. La fiabilité des résultats est, également, remise en cause même si les sociétés de sondage ont fait du chemin en la matière. La marge d'erreur est située dans les meilleurs des cas entre 3 à 5 %. Que dire de la Tunisie où les sondages orientés vers la politique sont encore à leurs premiers balbutiements ? Il faut dire qu'on y relève plusieurs insuffisances. A commencer par le panel interviewé, dont le moins qu'on puisse en dire est qu'il est limité. L'échantillon d'en moyenne 1000 personnes seulement n'est pas, en effet, représentatif de tous les Tunisiens même si on parle d'un échantillon par strates (tranche d'âge, répartition géographique, etc.). Sans oublier les difficultés d'administration du sondage comme c'est le cas des deux méthodes les plus utilisées, le phoning (par téléphone) lorsque les personnes à interviewer ne sont pas chez elles au moment où on les appelle ou encore le face à face, une méthode coûteuse par rapport au mailing (voie postale) ou l'internet (e-mail). Il est à noter, par ailleurs, qu'en l'absence de loi réglementant les sondages, dont le but est de créer une autorité de régulation, les spécialistes qui détiennent l'information chiffrée, continueront, à imposer leur vision des choses. Même si on est loin de prétendre que sous nos cieux les sondages font l'opinion publique. Et une question pour finir : est-ce que les Tunisiens croient aux statistiques? Voilà une idée pour un sondage d'opinion.