Le Temps-Agences - L'armée syrienne fait preuve depuis le début du mouvement de protestation populaire d'une loyauté indéfectible envers le président Bachar Al-Assad, mais il n'est pas exclu qu'elle finisse par lâcher le régime, estiment des experts. La fidélité de l'institution militaire tient à une explication: les hommes qui en occupent les postes clefs proviennent de la communauté alaouite (10% de la population), à laquelle appartient également le président Assad, le reste des troupes étant constitué de nombreux sunnites. L'armée "est très bien structurée pour être loyale au régime", explique Andrew Terrill, enseignant au US Army War College, une école militaire américaine. Les troupes d'élite de la Quatrième division armée et la Garde républicaine, impliquées dans la répression des manifestations, sont dirigées par le frère du président Assad, Maher, et sont presque entièrement alaouites, souligne l'expert. De plus, l'armée est "sous la surveillance des Forces de sécurité syriennes", dirigées par la famille Assad et qui "sont très, très efficaces dans ce qu'elles font", ajoute-t-il. "Cela ne va pas se passer comme en Egypte où l'armée a commencé à faire entendre une voix indépendante et à dire au régime ce qu'il devait faire", remarque le Pr Terrill. Certains éléments pourraient toutefois se rallier aux manifestants, qui leur tendent la main. Mais un "groupe désordonné" de mutins se heurterait à la Quatrième division et à la Garde républicaine, estime le Pr Terrill. Autre scénario possible: "les généraux pourraient commencer à revoir leurs calculs et leurs liens avec le régime Assad" si les Etats-Unis et d'autres puissances prennent directement position pour les manifestants, avance Ammar Abdulhamid, un dissident syrien qui dirige la Fondation Tharwa, basée à Washington. Jusqu'ici, Washington et les capitales occidentales ont appelé le président Assad à accepter des réformes, ou à quitter le pouvoir, ce qui revient à mettre l'accent sur les réformes, explique-t-il. Ahmed Al-Hendi, de l'organisation de défense des droits de l'homme Cyber-Dissidents.org, va plus loin: "l'armée pourrait être l'élément du régime le plus enclin à rejoindre le soulèvement". "Bien que de nombreux officiers haut gradés soient alaouites, la majorité des soldats ne l'est pas", note-t-il dans un article publié dans la revue Foreign Affairs.