La culture étant l'âne le plus court sur pattes, on le monte et le démonte quand on veut. Rappelez-vous que lors des tristes événements de Sabra et Chatila, le Festival de Carthage n'a pas eu lieu. Tout à fait dans l'ordre des choses alors que depuis la Révolution, la scène culturelle ressemble à un désert noir ponctué ça et là par quelques actions dues aux efforts privés de quelques personnes. Pour le reste, on a beaucoup de mal à comprendre ce que fait (ou ne fait pas) le ministère de tutelle… à part virer quelques cadres de leur fief alors que d'autres se terrent pour éviter d'être éjectés. A part cela, le Festival de Carthage aura-t-il réellement lieu, avec quelles matières, sous quel thème, la Révolution tunisienne y sera-t-elle présente, les artistes qui sont la conscience basique de toute société seront-ils appelés à être de la partie, ou bien allons-nous nous replier sur l'ancienne arrière-garde toujours prête à manger à tous les râteliers ? N'a-t-on pas présenté de programme sérieux ou bien l'idée d'une manifestation qui participera comme l'ont fait certains corps de métier et certains partis ? Si oui, en voilà une toute simple : alors que ce sont les militants de l'extrême-gauche à l'extrême-droite qui occupent continuellement la rue et surtout la principale avenue du Centre Tunis, il serait légitime d'appeler les artistes, toutes disciplines confondues, à l'occuper pendant toute une journée et une nuit. On y verra les peintres, les sculpteurs, les danseurs, les musiciens, les Hommes de théâtre, les poètes, les cinéastes redoubler d'esprit créatif pour commémorer et raviver l'esprit de la Révolution tunisienne. C'est le moindre respect que nous pourrons lui témoigner. La Révolution n'est pas morte. Elle réclame sa part de vie au dessus des clans et des partis.