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Ce que nous défendons sur TV5 Monde, c'est le plurilinguisme, le respect des cultures, des identités et de la diversité
Exclusif: Marie-Christine Saragosse, directrice générale de TV5 Monde, au Temps
Publié dans Le Temps le 29 - 10 - 2010

Elle était là pour le coup d'envoi des «Premières Journées Audiovisuelles de Tunis», où elle a eu loisir d'intervenir sur plusieurs sujets qui lui tiennent à cœur, au sein de TV5 Monde dont elle assume la direction générale, et dans une perspective d'instaurer des liens qui seraient autrement porteurs, dans un espace –la méditerranée- qui est également le sien d'une rive à l'autre puisqu'elle est née à Skikda.
Marie-Christine Saragosse, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, y croit dur comme fer à cette méditerranée qui nous unit. Comme à une langue, et à une terre de partage, qui seraient communes aux enfants de cette rive. Et peu importe le temps que cela prendra, pourvu qu'on ne lâche pas prise, dira-t-elle en substance…
Entretien.
Le Temps : Vous étiez présente lors de la séance plénière des Premières Journées de l'Audiovisuel de Tunis ; sur quel sujet avez-vous intervenu ?
Marie-Christine Saragosse : Alors, la thématique de la table-ronde c'était le multilinguisme. Un peu autour de la langue française, de la création en langue française. Mais c'était tellement vivant, la salle était tellement participative que j'ai fini par intervenir sur beaucoup de sujets. Notamment pour rappeler dans quel paysage on évoluait. C'est un paysage incroyable de concurrence qu'on vit en ce moment. La révolution numérique c'est quelque chose de majeur, qui fait qu'il y a une accélération des transformations. Aujourd'hui on compte 27 mille chaînes satellitaires dans le monde. Il y en aura plus demain puisque c'est évolutif. L'année dernière 240 chaînes ont été crées en Europe occidentale, et il y a 750 chaînes arabes. J'ai calculé donc que s'il y en a 750, les chaînes du Maghreb en arabe ne représentent pas un volume énorme par rapport à ces 750. Je m'interrogeais sur notre capacité, nous méditerranéens, à ciseler, à dessiner notre propre paysage audiovisuel. Qu'il ne soit pas seulement un paysage venu d'ailleurs. Ça c'était le premier impact de la révolution numérique, ce qu'on appelle le média global. Le fait que tout d'un coup il y ait un éparpillement des audiences, entre la téléphonie mobile, internet, les applications Iphone, Ipad, etc… On parle aussi maintenant de télévision connectée. Et puis on se rend compte que les jeunes ont plus tendance à aller vers internet, vers les médias sociaux… Et je faisais remarquer que cette évolution, il fallait la saisir. Il ne faut pas laisser échapper le paysage de ces nouveaux médias, aux créateurs arabophones, ou francophones de la méditerranée. Mais c'est encore une petite part du paysage, parce que si on regarde les médias traditionnels, ils sont encore ceux qui apportent le plus d'audience. Et ceux qui apportent le plus de ressources. Je peux citer l'exemple de TV5 Monde que je connais bien : 55 millions de téléspectateurs différents qui nous regardent par semaine, sur nos 9 chaînes dans le monde, et 8,5 millions de visites par mois sur notre site internet, cela prouve encore que c'est la chaîne de télé traditionnelle qui domine. Donc il faut se positionner sur les nouveaux médias mais il ne faut pas oublier qu'il y a un enjeu qui reste très important dans les chaînes linéaires.
L'Ambassadeur de France en Tunisie a fait état, lors d'une conférence de presse qui a précédé les Journées de l'audiovisuel, du constat de baisse de l'audience des chaînes françaises en Tunisie. Comment l'expliquerez-vous ?
Quand je vous disais qu'il y a 750 chaînes en arabe, et sachant que ce ne sont pas des chaînes maghrébines, donc elles viennent d'ailleurs, c'est clair que cela implique un éparpillement de l'audience. Ces chaînes sont évidemment en concurrence par rapport aux chaînes nationales françaises notamment. Pour TV5 Monde en tout cas en Tunisie, on est dans 95% des foyers satellitaires, c'est-à-dire 1,9 millions de foyers. De toute façon on aura des mesures d'audience d'ici la fin de l'année. Mais je tiens aussi à rappeler que TV5 Monde c'est non seulement une chaîne de la francophonie, mais on a aussi dans notre tour de table, les télévisions du Sud, à travers le CIRTEF qui réunit les télévisions d'expression française, donc les télévisions du Maghreb qui sont dans notre Conseil d'administration, via le CIRTEF. Et on diffuse des productions justement venues de Tunisie. Ce que j'ai essayé de dire, c'est qu'au fond de nous, notre ligne éditoriale c'est, certes montrer ici ce qui vient d'ailleurs, avec le français comme signe identitaire mais la langue arabe comme sous-titrage, mais aussi montrer ailleurs ce qui vient d'ici, de la Tunisie, qui peut parfois être en arabe, sous-titrés en français, dans le reste du monde. Comme il y a aussi des productions francophones, notamment cinématographiques, documentaires, elles vont être sous-titrées dans toutes les langues de TV5 Monde. C'est-à-dire en anglais, en américain aux Etats-Unis, en espagnol et en portugais sur l'Amérique latine, en Japonais au Japon, en Coréen sur la Corée bientôt, en russe, en néerlandais, en roumain, en allemand…, comme le coréen on lance le polonais bientôt, le vietnamien aussi, bref, c'est clair qu'il y a une volonté de décloisonner, et de jongler entre les langues qui sont parlées à l'antenne et les langues de sous-titrage.
En ce sens, notre objectif ce n'est pas seulement de démultiplier le nombre des téléspectateurs susceptibles de nous regarder, mais offrir une visibilité optimale, par exemple ici pour la Tunisie, pour qu'on en découvre la richesse et la culture, autrement qu'à travers des stéréotypes. Et puis moi je crois que la langue française n'est pas là pour nous diviser, au contraire. Parce qu'elle porte une histoire. On sait très bien que c'était la langue de la colonisation, mais les colonisés s'en sont emparés, dans les débris de la décolonisation, pour en faire un « butin de guerre » comme disait Kateb Yacine. Il y a quand même 70 pays membres de la francophonie. Et vous savez quels sont les derniers arrivants, les observateurs à Montreux ? Les Emirats Arabes Unis. Ils étaient là, ils veulent adhérer à la francophonie. Et ce que nous défendons nous sur TV5 Monde, c'est le plurilinguisme. Le respect des cultures, des identités et de la diversité.
Justement, est-ce que vous pensez qu'utiliser une langue commune, ça favorise vraiment un véritable dialogue culturel, à même de résoudre des conflits de fond, de part et d'autre de la méditerranée ?
J'y crois oui. Fondamentalement. Il ne faut jamais lâcher prise. Moi j'ai un petit exemple, c'est TV5 Monde, créée il y a 26 ans, 3 heures de diffusion sur un satellite européen, par jour. 26 ans plus tard, avec tous les francophones autour de la table, cela donne 215 millions de foyers, 9 chaînes de télé régionalisées, 10 langues –bientôt 13- en sous-titrage, une info réactualisée 24 heures sur 24, des émissions propres, de délocalisation, comme ici aux Journées Cinématographiques de Carthage, où on vraiment essayé de mettre la Tunisie en vitrine du monde. Si on n'avait pas parlé cette langue commune, y compris pour s'engueuler, et pour trouver des solutions, peut-être qu'on n'en serait pas là. Donc je pense que ça s'applique au niveau de la méditerranée. Nous sommes déjà une chaîne de la méditerranée, puisque nous sommes dans 60 millions de foyers dans tout le pourtour, et que nous comptons 12 millions de téléspectateurs en audience hebdomadaire. Cela veut dire qu'il y a bien un terrain de partage entre nous, et que ce n'est pas rien.
TV5 Monde soutient aussi les films tunisiens ; en quoi consiste concrètement ce soutien ?
On achète pratiquement tout ce qui sort comme films en Tunisie. Et on l'achète en linéaire. On a aussi la vidéo à la demande sur notre plate-forme maintenant. Des films tunisiens, y compris des courts-métrages. On est très attentifs évidemment. On achète parce qu'il y a de vrais talents en Tunisie, mais aussi dans le Maghreb d'une façon générale. Et donc ces films-là on les met en vitrine partout dans le monde, puisqu'on les diffuse sur les 9 réseaux de TV5 Monde. Encore une fois, montrer ici ce qui vient d'ailleurs, certes, mais montrer ailleurs ce qui nous vient d'ici, c'est non seulement notre rôle : la caisse de résonance, mais ça nous tient aussi à cœur.
Comment vous avez-fait pour sélectionner les films que vous avez choisi de montrer pendant les JCC ?
Là c'est une question d'avoir des droits ; donc, compte tenu de nos budgets qui sont ce qu'ils sont, on avait des droits de certains, et ce n'était certainement pas une volonté d'exclure les autres. Si on en avait les moyens, on aurait acheté plus dix fois plus de films. De toute façon, notre mise en vitrine du cinéma tunisien ne s'arrête pas à cette semaine-là. C'est tout au long de l'année que ça se passe. Et comme je vous disais, c'est sur les antennes linéaires mais aussi sur cette plate-forme numérique de vidéo à la demande. Cette fois-ci c'est payant parce qu'au fond, un des drames du cinéma du Maghreb, c'est le piratage. Le piratage par les cassettes-pirates, mais aussi, via le téléchargement illégal. Alors que si on met légalement les films sur internet, moyennant un payement adapté, selon les zones géographiques, et les différentes devises, on donne aux gens une chance de pouvoir regarder honnêtement leur cinéma. Parce qu'il faut qu'ils se rendent compte que ce faisant, ils tuent le cinéma de leur propre pays, puisque les producteurs, les réalisateurs, s'ils n'ont pas de recettes qui remontent pour la distribution, ils sont ruinés. Donc comment ils peuvent faire d'autres films par la suite ? S'ils ne peuvent pas commercialiser leurs films, qui sont piratés avant même d'être diffusés en salles ? C'est très grave ça. Et ça tue la création au Maghreb. Et je tiens à préciser que ce n'est pas une plate-forme commerciale. C'est fait avec les professionnels, et à part les coûts de la plate-forme –on est une chaîne publique-, on reverse aux ayants-droits. Pour que l'argent retourne aux créateurs. On en est au début, mais il faut toujours savoir baliser l'avenir très vite. Il faut être créatif et dynamique.
Est-ce que TV5 Monde sera capable de faire de la résistance pendant longtemps contre les « blockbusters » américains, dans les pays du Maghreb notamment ?
Moi je pense qu'il ne faut pas être contre, il ne faut pas s'user à s'opposer. Il faut se dire juste que, ce n'est pas parce qu'il y a à côté, un jardin qui est très joli, que je n'ai pas le droit de cultiver le mien.
Le modèle unique finit par lasser, fut-il intéressant. Moi j'adore aussi le cinéma américain ; il n'y a pas que les recettes stéréotypées. Je crois qu'il y a des films intéressants partout. Il est important ici en l'occurrence, que le cinéma national des pays du Maghreb, et de la Tunisie en particulier qui est en train de se reformer et ne manque pas d'audace, trouve ses racines dans son propre pays. Parce que vous savez, l'universel, c'est quoi l'universel ? C'est le local, sans les murs. Donc plus on va être enraciné dans une culture, plus on va avoir quelque chose de spécifique à dire, et plus on va devenir universel. Parce que tout d'un coup, on va rejoindre le cœur de l'être humain. Et moi je crois qu'il vibre un peu pareil au fond. C'est un peu comme quand on va chercher de l'eau ; c'est profond, et c'est là que ça devient universel. Et il y a un universel au cinéma. Parce qu'on est émus par des choses qui viennent totalement d'ailleurs, qui sont totalement différentes, et qui nous touchent et qui nous parlent. Qui nous obligent d'ailleurs à nous décentrer ; à comprendre qu'il y a des ailleurs différents, et qu'on est un peu plus intelligents après les avoir vu qu'avant.
Le film tunisien qui vous a le plus marqué, s'il y en a qui vous a marqué…
Il y en a plusieurs qui m'ont marqué. Et surtout un qui n'est pas tout jeune. C'était « Bezness » de Nouri Bouzid. C'est un film qui m'a fait pleurer à Cannes. Je ne sais plus si c'était en 92 ou en 93. J'étais assise aux côtés de feu BahaEddine Attia, et quand les lumières se sont allumées, j'étais en larmes. Je ne sais plus qui m'a photographié alors, mais on avait titré un papier sur un journal tunisien je crois : « Bezness » bouleverse la croisette ». Et c'était moi la fille qui pleurait.
Pourquoi est-ce que ce film vous a touché ?
Pourquoi ça m'a touché ? Parce que c'était les rêves brisés de deux jeunes ; et c'est tant de beauté, tant d'amour entre ces deux jeunes-là brisés par la vie, qui se heurtent à une réalité qui les dépasse, et qui fait qu'on va devoir vendre la seule chose qu'on ait, c'est-à-dire soi-même, qui m'a bouleversé. C'était une douleur absolue, ça m'a fait pleurer. Et voilà ça ne rate pas, ça recommence….
Attendez, ça me fait penser à autre chose : aujourd'hui je me suis dit que cette méditerranée là, elle est quand même porteuse de quelque chose depuis le début de l'humanité. Elle est incroyable. C'est comme s'il y avait des rêves qui flottent au-dessus de la méditerranée ; mais des cauchemars aussi. Et il ne faut pas se tromper quand on tend la main pour attraper quelque chose. Parce qu'on peut aussi bien attraper un cauchemar. Et moi je me dis que ce n'est pas possible, nous avons un devoir : un jour on naît, un jour on meurt, et entre les deux qu'est-ce qu'on fait ? Un de nos devoirs c'est de faire que justement, il n'y ait plus de rêves brisés mais des rêves aboutis. Et ça m'avait beaucoup touché. Moi je suis née pas loin d'ici vous savez, dans le Constantinois. Et puis on vit mélangés tous. Et c'est notre richesse. En France on a des jeunes qui sont déracinés, qui sont malheureux parce que justement ils sont coupés de leurs racines. Quand on est bien enracinés, on est ouverts à l'Autre. Ce jeune dans le film de Bouzid, son rêve c'était de venir en France. Il était prêt à faire n'importe quoi pour y arriver. Et quand il est arrivé là-bas, tout d'un coup les bras ne se sont pas ouverts pour l'accueillir.
Le rêve était un mirage
Le rêve était un mirage, et en plus il s'est brisé. Alors c'était trop douloureux. J'ai des rêves aussi…
Ce que j'ai voulu dire aussi finalement, c'est que moi, j'ai travaillé aussi à l'action culturelle extérieure de la France, à un moment de ma vie. Je me suis occupée des « Saisons culturelles », des pays invités en France, et vice-versa. Et on avait un jour organisée en Suède, une tournée avec des danseurs français –black, blanc, beur-. Ça avait fait un tel tabac là-bas que j'ai compris que c'était l'idée de la France pour eux, et dans le monde entier d'ailleurs. Ils avaient l'idée que c'était ce pays de la Coupe du Monde, et tout ça. Et en effet, c'est un atout. Moi je pense même que c'est un très grand atout. Et que cette diversité, ça doit nous aider à nous rapprocher de l'autre rive de la méditerranée. D'ailleurs, comme par hasard, ici dans ces « Journées… », issus d'ici ou pas très loin d'ici. Quand je vois l'émotion de Serge Moati, je sais qu'il est né à Tunis, je comprends ce qu'il ressent moi qui suis née à Skikda, dans le Constantinois. Il y avait aussi Geneviève Guttemberg de RFI qui est née à Alger. Il y avait Alexandre Arcady qui est né à Oran ; plein d'autres. Et je suis sûr que le gars de Gaumont qui a parlé (j'ai oublié son nom), est né, ou en Tunisie, ou en Algérie, vu l'émotion qu'il avait aussi d'être à Tunis.
Le « Cordon ombilical » ?
Exactement. Ce que je veux dire, c'est qu'on a tous, et je l'ai encore constaté ici, comme un élastique chevillé au cœur. On tire dessus, on va de l'autre côté, ça nous ramène là où on est né un jour. Si on n'est pas capable avec ça, de faire quelque chose, et de ne pas nous laisser dicter cet espace méditerranéen par d'autres, on aura trahi notre histoire….
Propos recueillis par Samia HARRAR


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