Les Tunisiens sont, incontestablement, les premiers, après les Libyens, bien sûr, à souhaiter de tout cœur, à espérer impatiemment la fin des affrontements en Libye, le triomphe du combat pour la liberté et le retour au calme et à une vie normale. Car, après près de cinq mois d'événements tragiques dans ce pays frère et après que la révolte contre la dictature a tourné en confrontation armée, la Tunisie ne cesse de subir de plein fouet les affres de la guerre à sa frontière sud. Aujourd'hui, la situation paraît encore plus alarmante et on se demande, déjà, si la Tunisie peut supporter encore le fardeau d'une guerre où elle se trouve mêlée contre son gré. Mêlée parce que le devoir lui impose d'accueillir un nombre de plus en plus croissant, de réfugiés et parce que ses terres sont souvent le théâtre de combats entre les rebelles et les forces encore fidèles au colonel Kadhafi et la cible de tirs de missiles exposant les citoyens des zones frontalières à tous les dangers. C'est d'autant plus inquiétant que les signes de dénouement ou d'affaiblissement des forces loyalistes ne se manifestent pas de sitôt. On a beau dire que Kadhafi est fini, que son armée est sur le point de s'effondrer. Mais, la réalité sur le terrain est tout autre. Il est encore en état de nuire et capable de tuer et de semer la terreur, à un point de s'interroger sur les motivations réelles de l'OTAN et sur ses intentions de mettre un terme à la guerre ou au contraire de vouloir jouer les prolongations. Ceci augure d'un enlisement du conflit, du calvaire du peuple libyen et avec lui celui des Tunisiens. Parce que l'afflux des réfugiés va s'accentuer et aggraver une situation précaire que seule la Tunisie est dans l'obligation de subir et de supporter après la presque défection des organisations humanitaires internationales. La Tunisie ne rechigne pas à aider. Ce qu'elle veut le plus est une normalisation de la situation pour la reprise économique, le retour des Tunisiens travaillant en Libye, le redémarrage des exportations et la réinstallation de la prospérité. Non pas seulement pour ses propres intérêts mais aussi pour ceux du peuple libyen.