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L'apport de Moncef Bey à la victoire alliée
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 05 - 2011


Par Mahmoud BOUALI
Depuis l'aube de l'Indépendance, la bibliographie tunisienne ne cesse de s'enrichir: presque chaque jour, de nouvelles publications paraissent, éclairant bon nombre de secteurs de notre patrimoine culturel, grâce aux générations montantes et souvent éminentes, de nouveaux chercheurs.
Cependant l'on se doit de regretter l'existence, encore déplorable, de lacunes, précisément celles qui concernent les dimensions — dans le temps et dans l'espace ! (infiniment captivantes, prestigieuses, incomparables !) — des annales militaires et de la diplomatie (en réalité deux aspects d'une même série d'attitudes) — trois fois millénaires — constituant le comportement de notre pays et de notre peuple, face à l'étranger en deçà et au-delà de nos frontières…
Au cours des sept mois que dura la «campagne de Tunisie», les belligérants anglo-américains et germano-italiens utilisèrent les engins les plus modernes et jouirent d'un équipement perfectionné. Seule l'armée française — et par conséquent les soldats tunisiens — se distingua par la misère de ses moyens et l'archaïsme de son armement; et pourtant, les nôtres devaient quand même «faire face avec des mitrailleuses usées, attendre en vain des ravitaillements perdues avec les mulets mitraillés par les avions Messerschmitt et tenir encore contre les assauts allemands». (1)
Leur équipement hétéroclite était remarquable: «Les grenades étaient anglaises, les pistolets-mitrailleurs étaient allemands, italiens et américains, les fusils-mitrailleurs français. Quant aux pistolets, le hasard et aussi le goût de chacun avaient rassemblé les spécimens les plus variés. Mais, tous les hommes connaissaient à fond leurs armes et, comme disait l'adjudant, les entretenaient “nickel”». (2)
Les camions étaient disparates, venant presque tous de la réquisition à travers notre pays. Les tanks rares et démodés, les armes étaient les mêmes que celles avec lesquelles la France «avait fait la folie d'entrer en guerre en 39». (3)
«Tous les matériels d'armement manquent nous dit un témoin (Lecouvreux) à un point inimaginable. Par exemple, les fusils-mitrailleurs n'ont pas assez de chargeurs de rechange, ce qui oblige d'interrompre le feu, pendant qu'on remet les cartouches dans ceux que l'arme vient de vider; parfois les conséquences de cette interruption sont tragiques. Comme déjà le nombre d'armes automatiques (mitrailleuses, fusils-mitrailleurs, mitraillettes) est inférieur à la normale de 1942, nos unités sont souvent dangereusement handicapées. On a vu des armes automatiques refuser de servir; leurs servants étant démunis d'huile de graissage». (4)
Les soldats tunisiens — sujets de Moncef Bey, incorporés au sein de l'armée française — manquaient de vêtements, de couvertures et de chaussures.
«Mal armés, mal équipés, difficilement pourvus en vêtements et en chaussures de rechange, par une intendance pauvre, ils avaient un ennemi supplémentaire à combattre: la solitude et ils manquaient bien souvent d'appareils radiophoniques qui l'auraient palliée». (5)
Dès le début, peu mobiles, relativement aux troupes de l'axe, ils devaient se cramponner à des points forts du terrain, le plus souvent à des montagnes difficilement praticables que les blindés ennemis hésitaient à aborder. Leur infériorité matérielle a été, chaque fois, compensée par une intrépidité merveilleuse. Partout, ils ont tenu bon et jamais les Allemands ne réussirent à les faire reculer ! Face aux Italiens, leur supériorité s'établit dès les premiers combats.
Bref, le 10 mai 1943, le président Roosevelt — les combats étaient alors en train de parfaire la victoire — exprimait, dans un télégramme adressé au général Giraud «l'admiration du peuple de l'Amérique» pour les soldats qui «ont montré qu'ils n'attendaient que l'occasion de bondir à nouveau contre les oppresseurs nazis !»
Le même jour le général Giraud adressait aux soldats victorieux son ordre du jour n° 10. (6)
«… Honneur à l'armée britannique, honneur à l'armée américaine, honneur à vous, soldats de la France, qui vous êtes battus sans armes, sans vêtements, sans souliers ! mais qui avez foi en la victoire et qui avez vaincu ! Merci de ce que vous avez fait pour la Tunisie, pour la France, pour l'humanité !»
L'Axe venait de subir une défaite aussi écrasante que celle de Stalingrad !
Bourguiba, du fond de la clandestinité exigée par l'extravagante frénésie criminelle colonialiste, intensifiée par la victoire alliée, adressa à l'opinion nationale et internationale un magnifique message.
«… La guerre, si elle a apporté aux Français bien des déceptions et des catastrophes, a eu au moins le mérite de leur montrer où sont leurs véritables amis, ceux qui durant les jours d'épreuves, alors que tant de Français s'étaient abandonnés, se sont obstinément refusés à désespérer de la France.
Six mois d'occupation par les forces de l'Axe ont couvert le pays de ruines. Oublions le passé et tout ce qui nous divise. Ne pensons qu'à notre salut qui se fera par l'union de toutes les énergies, de toutes les bonnes volontés». (7)
Mais le 14 mai Moncef Bey, sans raison valable, était détrôné puis déporté par le général Giraud, le même qui criait «merci» aux soldats tunisiens… Le même, aussi, qui avait signé le 2 novembre 1942 avec Robert Murphy l'arrêt du règne de Moncef Bey souverain indépendantiste de la Tunisie… La victoire alliée… toute proche et le retour de l'empire colonial français dans son intégralité tel qu'il s'étendait en 1939 à l'ombre du drapeau français.
L'état de guerre dominait la Méditerranée les «possessions françaises» la Tunisie et la France dès les premiers mois du règne de Moncef Bey.
Deux mois après son investiture, circulait déjà, secrètement, la teneur de la lettre de Bourguiba du 8 août 1942, mettant en garde le peuple tunisien contre la tentation, susurrée par certains, de suivre l'adage : l'ennemi de mon ennemi est mon ami !
Il fut, grâce à cette lettre le sauveur du peuple tunisien en ces années d'épreuves, car après le Sud de la France ou «la zone libre» la Tunisie fut à son tour occupée par les forces de l'Axe. L'état de guerre se resserrait encore d'un cran autour du Néo-Destour. Jamais ses chefs et ses militants ne s'étaient trouvés dans une position aussi inconfortable et aussi dangereuse. C'était la corde raide…! Au moindre faux pas, c'eût été la chute dont le parti de Bourguiba, le Négo-Destour, ne se serait jamais relevé. D'ailleurs, les militants les plus valeureux, avec les principaux responsables, Habib Bourguiba en tête, étaient encore en prison.
Comment devaient-ils se comporter dans une situation aussi imprévue et aussi périlleuse ?
Le débarquement des troupes allemandes en Tunisie, le 9 novembre 1942, à 9h40, à El Aouina, n'avait rencontré aucune résistance de la part des forces françaises installées en Tunisie… en dépit de la lettre et de l'esprit du traité du Protectorat !
Avec les forces armées allemandes petit à petit arrivaient à Tunis des équipes politico-militaires chargées de contrôler l'administration et de susciter, en faveur de l'Axe, un appui massif parmi les populations française et aussi tunisienne. Certaines d'entr'elles devaient se distinguer par de multiples tentatives pour rallier précisément les Tunisiens à la cause de l'Axe malgré la sollicitude des autorités du Protectorat, qui étaient totalement soumises à la cause de l'Axe c'est-à-dire aux envahisseurs. Aucune de ces tentatives ne réussit à accéder au succès. Elles échouèrent grâce à la vigilance des responsables et des militants du Néo-Destour… Y compris celle des chefs libérés le 1er décembre 1942 grâce à Moncef Bey… appuyé il est vrai par le maréchal Pétain, chef de l'Etat français sous l'hégémonie nazie. Relâchés, ils réalisaient pleinement la gravité de la situation : ce nouveau danger pour le pays était de se laisser entraîné vers des actes suscités par une admiration insolite pour les succès et la correction ostensible des troupes de l'Axe.
Ce fut là l'œuvre principalement du Dr Habib Thameur, le destinataire de la Tunisie, lettre du 8 août 1942, envoyée par Bourguiba.
En plus de la discipline imposée à la nation tunisienne face aux forces armées et surtout aux mercenaires collaborationnistes français amenés dans les fourgons de l'Axe, il y eut de très nombreux actes de généreuse amitié pour la cause des Nations unies accomplis par les civils tunisiens.
«La radio est remplacée, raconte le témoin prestigieux que fut le commandant Louis Andoun-Dubreuil, par la vieille ligne téléphonique de campagne, les transmissions et reconnaissances sont faites à cheval et dans ce secteur de la haute dorsale de la Tunisie, tandis que les blindés allemands roulent, nos cavaliers à flanc de montagne ou dans les fonds d'oueds galopent, épient, renseignent, souvent pris à partie, trouvent une fin obscure, mais glorieuse, une fin digne de ce qu'ils sont au fond de l'âme — l'homme de cheval — et tout cet appareil de cavalerie, de vieilles lignes téléphoniques et de renseignements de vive voix émanant de colons ou d'indigènes tient tête à l'ennemi, l'arrête et le refoule» (8).
Plus impressionnante parce plus périlleuse, a été l'action des guides bénévoles, qui spontanément aidaient les rescapés, les naufragés, les fugitifs et les égarés d'entre les soldats allés dans leurs tentatives pour traverser le front et regagner les lignes salvatrices comme ces sept fusiliers marins guidés par un Tunisien anonyme qui les mena de la «ferme Rossignol» à la montagne Lansarine. Anonymes et bénévoles ! «Arabs helped us !» (9), diront aussi plus d'un pilote de la RAF, comme le notait l'historien anglais A.B. Austin, l'envoyé spécial du Daily Herald dans son petit recueil de témoignages intitulé Birth of an army, publié en 1943 à Londres chez Victor Gallonez. «Les Arabes nous ont aidés» ! Combien de fois cette confidence et cet aveu ont été formulés.
C'est précisément dans ce livre que l'on trouve cette bouleversante recommandation donnée par un colonel anglais à ses soldats, concernant leurs rapports avec les Arabes, ceux de Tunisie en particulier.
«Traitez-les comme des êtres humains et ils vous aideront» (10).
Les Tunisiens ont, de plus, protégé contre les méfaits d'une certaine soldatesque bon nombre de familles françaises, restées sans hommes, après la mobilisation de leurs chefs.
Le commandant Louis Andoun Dubreuil, ce témoin qui, par amour de la Tunisie, finit sa vie en bon musulman (12 février 1960) parle, par exemple, du protecteur «arabe» de la famille française Luzingui, de l'hospitalité généreuse offerte (au péril des maîtres de céans musulmans) à de nombreux officiers de renseignements français qui, de cabane en cabane, sillonnaient le pays occupé par les forces de l'Axe afin de découvrir et identifier puis de provoquer la destruction des unités et des dépôts de munitions de l'ennemi commun.
Le plan de l'OSS (Office Strategic Service) élaboré pour les états-majors anglais et américains à Londres et dont le finissage est dû au général Donovem, prévoyait entre autres mesures, destinées à faciliter le débarquement en Afrique du Nord, ces deux actions «pratiquement impossibles».
«Protéger les installations portuaires de toute destruction de la part des Arabes…».
Recevant ce texte pour avis le 12 septembre 1942, le colonel William Eddy, en poste alors à Tanger, cet agent de renseignements chef d'un réseau introduit, inséré jusqu'aux recoins de l'Afrique du Nord, fit observer sans délai qu'il n'y avait aucun risque de voir les Arabes opérer de telles destructions.
Fait plus important encore ! Des catégories professionnelles firent corps — Tunisiens et Français ! — contre l'Axe en pleine communion. A titre d'exemple, rappelant l'action de Saïd Naïri, le commis des PTT à Sfax, qui, à l'heure même ou plutôt juste avant l'heure de l'arrivée des affrontements militaires en Tunisie, s'est mis à la disposition de son chef pour lui communiquer au fur et à mesure tous les renseignements touchant les activités des commissions allemande et italienne d'Armistice que l'exécution de son service téléphonique lui permettait d'obtenir. Lorsque les Alliés ont débarqué, ce Monastirien ne fut pas de ceux qui ont hésité sur l'attitude à prendre. C'est peut-être grâce à lui, en dernière analyse, que l'affaire du mitraillage à Maharès du premier train de troupes allemandes par le peloton du troisième chasseur d'Afrique a pu réussir.
Au bureau des PTT de Sfax, sous la menace d'un revolver allemand, Saïd Naïri, soupçonné, eut la présence d'esprit de démontrer que la ligne de Maharès était effectivement interrompue. En faisant des appels sous les yeux des officiers nazis, sur une autre ligne, une ligne non reliée : le revolver n'ayant pas eu raison du sang-froid de ce civil, sujet de Moncef Bey… Et le train allemand en gare de Maharès fut détruit : Sfax était déjà occupée depuis plusieurs jours que ce même agent transmettait sans désemparer, à son inspecteur, le commandant Griot (quelque part dans la région de Gafsa), des renseignements sur les mouvements des troupes de l'Axe dont le haut commandement a tiré le meilleur profit pour la réalisation des objectifs militaires des Nations unies en Tunisie (11).
Quant à l'action des cheminots, elle mériterait, pour ses effets spectaculaires et désastreux pour l'Axe, toute une épopée !
Plusieurs témoignages d'admiration et de gratitude d'origine municipale ou régionale sont encore conservés dans les archives, en ce sens, révélant la dextérité hautement dangereuse avec laquelle ont été subtilisés locomotives et wagons poussés hors de la portée des nazis, ainsi que l'audacieuse célérité avec laquelle les voies ferrées étaient remises en état par les ouvriers du rail après chaque bombardement.
Bref, méritent-ils l'oubli ces Tunisiens, sujets de Moncef Bey, comme Belhassen Ben Chadli Marouani, Salah Baccouche, Abderrahmane Ben Dhiab Ben Mabrouk et tant d'autres qui ont œuvré par leur action courageuse dans le secteur civil ou même par leur silence en n'indiquant jamais aux forces de l'Axe l'emplacement des dépôts d'armes et d'essence qui avaient été installés comme à La Manouba, au vu et au su de tous, militaires et civils ?
Si les dommages de guerre subis par les habitants dans leur vie sont incalculables, «60.000 Tunisiens sont morts au cours de la dernière guerre», rapporte le journaliste belge Alain de Prelle dans le magazine Europe Amérique de septembre 1949, par contre les dommages de guerre subis dans leurs biens et la fortune publique dépassaient les 40 milliards de francs en 1943 !
Précisons à ce propos que près de 80.000 dossiers ont été présentés, mais très peu de victimes ont reçu ce qui était leur dû.
Toujours du point de vue civil, citons ce témoignage d'un consul américain Kenneth Pendar, qui a écrit, en effet, ceci : «Nos amis arabes devaient nous être de la plus grande utilité dans l'établissement de l'underground qui prépara nos débarquements dans l'organisation d'un système de communications secrètes qui eussent été précieuses si les armées allemandes nous avaient vaincus en Afrique du Nord».
Et ce témoin irrécusable ajoutait : «Nous étions les seuls qui ne subornions jamais les Arabes… et qui n'avaient jamais besoin de le faire. Ils nous apportaient gratuitement leurs informations et leur aide» (12).
Tout un livre serait assez vaste pour contenir les témoignages prouvant la grandeur d'âme de la génération qui a vécu les affres de la campagne de Tunisie et son comportement tellement héroïque au service des Nations unies sans contrepartie. Selon les traditions tunisiennes d'hospitalité et d'abnégation millénaire, lesquelles, comme l'on sait, ont été bafouées secrètement puis de manière tragique le 14 mai 1943 par la déposition et la déportation du souverain légitime et tellement loyal vis-à-vis de tous, le toujours regretté Moncef Bey.
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1-2-3-4-5-6-7-8 : Mahmoud Bouali : Le Soldat tunisien, 3.000 ans de gloire, chap. XI. La course vers la victoire finale, la proclamation de Bourguiba, pp. 175-177, édité par le ministère de la Défense nationale (1975)
9-10-11-12 : Le Comité national tunisien d'histoire de la Seconde Guerre mondiale cité dans : Actes du colloque international sur l'histoire de la Seconde Guerre mondiale (Campagne de Tunisie novembre 1942-mai 1943), Palais des congrès 12-13-14 octobre 1982, Tunis, édité par le ministère de la Défense nationale pp. 239-252


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