Un adulte de notre époque, suppliait avant-hier, sur les ondes de Shems.FM, Mohamed Talbi d'en finir avec son délire révisionniste. Youssef Seddik, pourtant pragmatique et mesuré s'insurgeait en l'occurrence contre les théories désacralisantes de Talbi. Mais voilà que, hier, les mosquées pourtant calmes et, même dépassionnées, ont, toutes, célébré un prêche dépité et furieux du vendredi. C'était la colère. Et sur les esplanades, on craignait carrément des affrontements parce que dans ce genre de situation, c'est la réaction instrumentalisatrice des Salafistes - c'est-à-dire les extrémistes - qui alimente les appréhensions. Sans doute y a-t-il eu trop de controverses, l'espace d'une semaine, sur des vérités religieuses jugées sacrées aux yeux de la grande majorité des musulmans mais qui sont sujettes à controverses pour ceux qui y cherchent des preuves ou des justifications à leur sacralité ou qui les nient carrément. Les uns et les autres sont parfaitement dans leur droit. Or, là où c'est quand même dangereux – quoique pas vraiment grave – c'est lorsque les anciens/nouveaux objecteurs de conscience religieuse jouent sur la sensibilisaté populaire, sur l'imaginaire collectif pour taxer les intellectuels d'hérésie. Or, la renaissance intellectuelle passe nécessairement par un certain questionnement. Et si nos artistes engagés – eux par exemple – ne sont pas encore sortis de cette longue méditation existentielle paradoxalement depuis le 14 janvier – c'est qu'ils attendent un signe clair et sans ambage de ce qui est devenu un véritable syndrome : le fait religieux dans le sens sociologique du terme. A croire que tout en Tunisie dépendra uniquement du duel fantasmatique entre la sagesse de la foi et les « rébellions » de l'esprit. Et pourtant l'un n'exclut pas l'autre. Leurs chemins se croisent. Et s'il est une matière qui se prête à l'archéologie de la pensée scientifique (c'est le legs des présocratiques) c'est bien la religion. Il est sûr que Mohamed Talbi a cherché à choquer. Il est possible que Cheikh Mourou ait feint d'avoir été choqué. Il n'en fallait pas davantage néanmoins pour provoquer un prêche indigné, hier. Mais Ennahdha ne peut pas asseoir sa « légitimité » religieuse avec un discours codé, uniforme et fédérateur. C'est dans ce sens qu'on en craint une suspecte duplicité. Car c'est lorsque les mosquées sont pleines qu'il faut s'interroger sur le dogme. Car le Coran enseigne qu'il ne faut pas chercher Dieu ailleurs que partout. Raouf KHALSI daassi [email protected] hammadi [email protected] amad salem [email protected] andalib [email protected] zarzour [email protected] Al moutaekel t [email protected] Tunisien en FR [email protected]