Il est des jours et des lieux où la réalité n'en mène pas large. C'est ce qui se passe chez nous, où l'hystérie de la critique fait dévier la démocratie de ses normes basiques, défilant aussi des récits fantasmiques le plus souvent symptomatiques d'un manque de repères. A l'évidence, l'acceptation rationnelle de la réalité heurte les sensibilités multiples de l'irrationnel. Il est clair que dans cette turbulence tantôt joyeuse, tantôt « crispée » de ces mois de renaissance de l'Histoire, personne ne peut s'arroger de légitimité particulière et que, dans tous les cas de figures, ceux qui parlent ou qui écrivent ne sauraient récupérer quoi que ce soit. Ils s'adaptent. Ils se corrigent aussi. Or, partout, le débat devient passionnel dès lors qu'il s'agit de l'exaltation religieuse, mais une exaltation à deux vitesses : d'un côté elle refuse des vérités désacralisées ; de l'autre elle appuie le débat sur les icônes, sinon carrément sur les tabous. Là, les artifices de la rationalité font aussi dans le révisionnisme religieux, espèce de déni stratégique et déguisé pour contrer une possible mouvance intégriste. Le débat – que disons nous là ? – L'affrontement hier sur Shems.FM entre Mohamed Talbi et Abdelfattah Mourou a sans doute été loin dans l'audace et le débat contradictoire mais il aura lamentablement manqué de profondeur. Car, l'un (Talbi) cherchant à désacraliser des « vérités » coraniques a fini par s'emmêler les pinceaux réduisant la religion au fanatisme pour conclure que le mariage avec la Démocratie est « un mariage incestueux ». L'autre (Mourou) restait cloîtré dans la sacralité, titubant aussi sur la question des salafistes. Or c'est là la vraie question : quelle stratégie d'Ennahdha à l'endroit des Salafistes ? « Cheikh » Mourou dit sans vraiment le dire qu'il vaut mieux les récupérer. Talbi, en revanche, veut montrer que la religion est fatalement instrumentalisée, perçant ce qui représente des tabous à ses yeux… Sacrilège aux yeux de Mourou ! Du coup l'alcool refait surface et selon Talbi il coulait à flots du temps de Mohamed ! Il y a là comme un goût de décryptage à la « Da Vinci Code » ! Un pas que n'ont pas franchi Taha Hussein ni Hichem Djaïet.