Jusqu'à quand va-t-on continuer à se moquer du Tunisien en lui affirmant, contre toute évidence, que les prix ne sont pas en train de flamber ? Va-t-on continuer longtemps à croire ces chiffres établis par des statisticiens tricheurs qui nous font croire que tout va bien et que les prix n'ont pas beaucoup augmenté… Autant de questions qui méritent qu'on s'y arrête pour comparer ces chiffres fantaisistes avec les vrais prix, ceux que l'on découvre dans les magasins, ceux que le citoyen endure. Ces statisticiens annonçaient sans rougir de honte que « l'augmentation de l'indice des prix à la consommation en juin 2011 n'est que de 3% par rapport au mois précédent, enregistrant une légère baisse comparé à la même période de l'année écoulée (0,4%). » Donc, selon ces experts de la manipulation des chiffres, les prix ont baissé ! Puis ils détaillent les chiffres en ces termes : « l'augmentation des prix des produits alimentaires a touché les volailles (4,1%), les huiles essentielles (2%), les légumes (1,2%), les boissons (0,9%) et les fruits (0,3%). » Plus incroyable encore, ils affirment que « le taux d'inflation s'est établi, au cours du premier semestre de l'année 2011, à 3,1% contre 4,8% pendant les six premiers mois de 2010 ». Or une petite randonnée dans nos marchés révèle des fruits à plus de 2D500 pour les bananes et les pommes, entre un et deux Dinars pour des fruits de saison comme les pêches, les prunes et les abricots. Les prix de l'escalope de dinde et du poulet risquent de vous donner la chair de poule alors que le poisson est définitivement hors de portée de la majorité… En cause, selon une enseignante en économie : « les éternels spéculateurs sur les prix au niveau du marché du gros, mais aussi chez la grande distribution. Il y a aussi la réduction du nombre de contrôles due aux événements de ces derniers mois, qui a permis à bon nombre de commerçants de s'enrichir illégalement en augmentant artificiellement les prix, sans aucun rapport avec la réalité du terrain. En outre, il y a le fait que certaines entreprises se sont trouvées dans l'obligation de couvrir les coûts des mouvements sociaux par l'augmentation des prix. » La plus désagréable des surprises est venue des boissons gazeuses et autres eaux minérales qui ont enregistré une hausse de 500 Millimes pour un pack de six bouteilles, alors que l'on est en pleine période de canicule et que Ramadhan arrive à grands pas… Selon un spécialiste du secteur, « c'est le coût des emballages, du transport et des taxes qui sont à l'origine de cette hausse. Le coût du plastique est en effet passé de 1 200 dollars la tonne en 2010, à 1 950 dollars la tonne en 201,1soit une augmentation de près de 40%. » Du côté de la STEG, des rumeurs font état d'une possible augmentation des prix de l'électricité, comme chaque année à pareille époque. Mais un responsable de cette société nous a affirmé qu'il « n'en est rien, bien que la dernière augmentation des prix d'électricité ait eu lieu il y a plus d'un an et qu'actuellement, la STEG vend l'électricité à moins de 40% de son coût réel, c'est-à-dire son coût de production ! » Ces quelques exemples montrent à quel point la Tunisie va avoir besoin d'un gouvernement courageux, qui puisse sévir quand il le faut contre les fraudeurs et les escrocs de toutes sortes. Car une caisse de compensation qui va débourser quelque 1256 millions de Dinars pour l'année en cours, n'est pas viable à long terme et il faudra bien trouver le moyen de limiter ses dépenses, sans nuire aux catégories modestes de la population. Le gouvernement futur devra ainsi prendre les décisions courageuses qui s'imposent, comme la réduction du système de la compensation, par des taxes prélevées auprès des couches aisées.