Qui aurait imaginé que cela arriverait un jour en Tunisie : la police soutient le peuple! Après la descente sauvage aux environs de l'avenue H.Bourguiba à Tunis le 5 mai 2011, soit quatre mois après la fuite du président déchu où 14 journalistes se sont fait violemment agresser, on n'espérait plus rien d'un système répressif qui s'est voilé avec des cagoules. La surprise fut donc de taille quand on a pris connaissance du communiqué publié par le Syndicat des forces de l'ordre. En effet, suite à la requête des comités révolutionnaires des différentes régions de la Tunisie, le syndicat, dans un acte hors du commun, donne sa bénédiction au sit-in de la Kasbah 3 et appelle tous les cadres des forces de l'ordre à la neutralité et surtout au respect de la suprématie de la légitimité de la Révolution. Ainsi la reconnaissance publique de cette légitimité et de la Révolution même serait un fait inédit marquant cette transition post-dictatoriale. L'autre fait marquant de ce communiqué, serait la mention pure et simple de la fonction originelle des forces de l'ordre, à savoir la protection du peuple, chose qu'on avait oubliée à cause des années de répression et de non respect des droits les plus élémentaires du citoyen. En outre, le syndicat ne se suffit pas à bénir ce sit-in seulement, mais - fait notable- exhorte, expressément, les différents partis de la société civile à le soutenir. En conséquence, bien que le Premier ministre par intérim Béji Caid Essebsi ait été explicite, le 13 juillet, lors de sa rencontre avec les membres de la Haute Instance quant à son désaccord vis-à-vis des manifestations et des grèves, le Syndicat des forces de l'ordre, avec son soutien au sit-in de la Kasba3, marquerait, avec ce communiqué, un premier pas pour la construction effective d'un pont de confiance entre le policier et le citoyen.