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«Nous avons respecté la loi. La provocation des casseurs était intolérable»
La police s'explique à propos des troubles du week-end

Tunis sombre et croule sous le poids d'intermittents soubresauts, ainsi fut le paysage désolant que présentait la capitale le week-end dernier. Nous nous sommes cru en train de regarder un film de Western de mauvaise qualité ou alors assister à une grotesque émeute sortie tout droit du Moyen-âge.
Agressions, incendies, désordres… des scènes de folie ?? Nous n'avions rien compris, encore plus, nous étions choqués de voir la police – les BOP, Brigade de l'Ordre Public – et la population se livrer à une bataille rangée, comme deux ennemis déchaînés l'un contre l'autre. Plus que la violence, cette bataille sentait la haine et avait un arrière-goût d'anéantissement de l'autre. C'était comme si l'un des deux camps devrait survivre, et que la seule solution était d'éliminer l'autre camp.
Pendant les heures qui ont suivi, les images nous transmettant des agents de la BOP tabassant des manifestants, nous ont tous indignés. Nous avions cru en finir avec les méthodes de l'ancien régime et voilà que les BOP se retrouvent encore une fois sur la sellette et la coupure s'est vite opérée entre le peuple et la police, déjà que la trêve étant déjà fragile entre eux.
Dans un souci d'équité nous avons rencontré quelques responsables de la Brigade de l'Ordre Public afin de nous donner leur version des faits et de nous expliquer ce qui s'était passé vendredi, samedi et dimanche derniers…

« Nous avons respecté la loi »

Le capitaine F.F, présent vendredi devant le ministère de l'Intérieur, nous affirme que pendant toute la matinée, quelque 700 ou 800 personnes étaient présentes devant le théâtre municipal et qu'en face d'elles, les BOP étaient en faction certes, mais sans nulle intention d'intervenir. Nous rappelons ici que comme le pays est en état d'urgence, les manifestations deviennent automatiquement interdites…
De temps à autre, des groupuscules s'avancèrent vers les BOP et les insultèrent. Aucune réaction de l'autre côté, entretemps la tension montait… Insultes, outrages, intimidations… pendant quelques heures, les agents de la brigade en ont subi, sans broncher…
Vers 14h, un grand nombre de personnes ont a alors rejoint la manifestation et la tension commença à se surchauffer, prédisant d'imminentes confrontations. Les BOP serrèrent leur bouclier et de l'autre côté on avança vers eux. C'est alors qu'on a commencé à leur lancer des pierres et des bouteilles annonçant le début d'une bataille.
« Nous avons respecté la loi » assure F.F « et malgré les agressions et la provocation, nous avons annoncé trois fois, via le mégaphone, en répétant la sommation trois fois à chaque appel, que les manifestants devaient partir. En face de nous, il y avait des jeunes, de 18 à 25 ans, menés par des adultes d'un âge certain, et nos appels n'ont trouvé aucun écho. Nous avons alors procédé au lancement des bombes lacrymogène, toujours comme le stipule la loi et nous avons ensuite poursuivi ceux qui non seulement refusaient de partir mais ont commencé à saccager et défoncer les boutiques.
On nous reproche d'avoir riposté violement, alors que nous avons utilisé la force nécessaire pour arrêter et maîtriser ceux qui se rebellaient encore. La loi stipule qu'« il est permis d'user de la force nécessaire pour maîtriser un suspect », mais elle ne définit pas l'usage, c'est peut-être un vide juridique, mais nous avons fait comme on l'a pu, la situation virait vers l'incontrôlable. Si on aoute à tout cela l'exaspération et l'état psychologique dans lequel se trouve un agent subissant des insultes pendant des heures…

Les journalistes devraient apprendre à travailler dans les troubles

Quant à l'agression qu'ont subi les journalistes, les responsables avec lesquels nous avons discuté précisent que lorsque les agents de la BOP commencent à agir lors de troubles, ils ne peuvent faire la différence entre fauteurs de troubles et journalistes. Nombreux policiers habillés en civil sont aussi « matraqués » à cause de cela. La solution serait dans l'usage du gilet sur lequel est inscrit le mot « Presse » et des casques portant la même inscription. Les journalistes se trouvant toujours au milieu des manifestants sont également confondus pour tels. Il faut alors qu'ils choisissent un meilleur emplacement, il leur est permis par exemple de se mettre derrière le bouclier de la brigade ou des deux côtés sur la ligne séparant les deux camps. Non seulement ils ne seront point alors au milieu de la confrontation, mais pourraient également transmettre ce qui se passe dans les deux camps, avec une version plus complète et non d'un seul angle de vue.
Les agents de la BOP ont certes attaqué le local de la Presse, mais cela ne fut point sans raison. Nous souvenons-nous de la fameuse vidéo qui a circulé et dans laquelle l'on voyait un homme gisant, le crâne fracassé ? On l'avait alors pris pour un manifestant qui avait chopé une balle à la tête… La vérité est qu'il est un agent de la BOP sur lequel on a jeté une brique. Il souffre par ailleurs d'un traumatisme crânien… Et cette brique fut justement jetée du toit du local de la Presse. C'est la raison pour laquelle ils ont pénétré dans le local, un journaliste s'y trouvant les a alors croisés et il ne fut point épargné certes, mais il n'était point ciblé.
Les agents qu'on aura également vu sur des photos, cagoulés et habillés en civil et qui ont choqué la population, accusant alors la police d'utiliser des bandits pour attaquer les manifestants, sont en fait des agents de la BOP, qui se cachaient le visage car ils habitent des zones populaires et risquent d'être agressés plus tard dans un mouvement de vengeance populiste. Ils ont alors le choix de déserter leur poste ou de remplir leurs fonctions, mais à visage couvert. Quant à leur tenue, ce n'est pas étranger à la police, il arrive n'importe où dans le monde de travailler en civil.
Les BOP comptent par ailleurs parmi eux 6 agents agressés, souffrant de fractures allant jusqu'au traumatisme crânien… le capitaine F.F assure qu'un grand pourcentage des manifestants viennent pour profiter de l'occasion afin de voler les boutiques. Une partie d'entre eux est constituée de criminels et anciens prisonniers qui n'ont aucune revendication politique, mais qui nuisent grandement à ceux qui sont là pour manifester pacifiquement.

Farhat Rajhi, un héros en carton…

Afin d'expliquer le limogeage de Farhat Rajhi, resté incompris de la part de la population et suscitant également, un grand mécontentement parmi le peuple, nous sommes revenus un peu dans le passé, du temps où Farhat Rajhi était ministre de l'Intérieur. Il a été connu alors qu'une grande crise a éclaté entre lui et ses subordonnés. Parmi les raisons fut celle que l'ancien Premier ministre a été celui qui a donné l'ordre de disperser le sit-in de la Kasbah 1. La surprise, voire le choc des employés du ministère furent alors grands quand ils l'ont entendu dire à la télé qu'il n'en avait aucune connaissance, rejetant ainsi toute responsabilité concernant l'usage de la force et la répression utilisées. D'ailleurs, nos interlocuteurs se sont alors posé la question : « qui a alors ramené les agents de la Garde Nationale à la Kasbah lors de ce sit-in ? Ils ne quitteraient pas la caserne de l'Aouina sans avoir reçu des ordres de le faire… »
La confiance a été rompue alors entre le ministre et ses subordonnés, c'est aussi pour cela que lors de la Kasbah 2, ils ont refusé l'ordre – donné par Farhat Rajhi – de mettre fin à ce deuxième sit-in.
Lors des troubles qu'a connus l'Avenue Habib Bourguiba dans la nuit du 25 au 26 février et l'assaut contre le ministère de l'Intérieur, M. Rajhi fut absent, pendant toute la journée et n'arriva que le soir. De même quand le convoi du ministre du tourisme et des ambassadeurs étrangers fut attaqué au Sud, l'ancien ministre de l'Intérieur, avait tout bonnement éteint son portable, se trouvant à une cérémonie de mariage…
Pour finir, Farhat Rajhi s'est lui-même contredit dans une même interview, d'un côté il a assuré avoir découvert – en deux jours – un complot au sein du ministère de l'Intérieur d'où le limogeage de 24 cadres, et d'un autre il annonce ne pas avoir pris connaissance d'un problème sécuritaire, car il est « nouveau » dans le poste… Il aurait également refusé d'étudier un plan qui lui fut présenté par quelques responsables des plus honnêtes du ministère afin de « nettoyer » l'institution. Il ne les avait même pas écoutés…

Hamma Hammami paye les manifestants à Seliana…

Nous savons tous que les troubles à Tunis ont été précédés par des évènements chaotiques à Seliana, et tout le monde avait alors condamné la répression policière dans la ville et l'arrestation de manifestants, sortis exercer leur droit à la libre expression. Sauf que les personnes arrêtées – 28 dont 8 ont été libérées – ont avoué avoir reçu de l'argent une semaine avant de la part de Hamma Hammami pour sortir dans les rues. Seulement, ces personnes n'ont pas été arrêtées pour avoir manifesté, mais pour avoir été impliquées dans des violences et de saccage…

La sécurité, une priorité

Sans avoir à gérer les troubles et les manifestations, les employés du ministère de l'Intérieur ont besoin de six mois pour faire revenir tous les prisonniers échappés – 10000 prisonniers, rappelons le – or, tout se qui se passe actuellement non seulement les fragilise, mais les empêche de se concentrer sur cette tâche dont dépend le retour du calme en Tunisie.
Ils sont même indirectement empêchés de sévir contre les intégristes qui ne cachent pas dans leur discours leur haine envers les non musulmans et qui appellent ouvertement au Djihad contre eux, bien que l'incitation à la haine est punissable par la loi de peur d'être accusés d'entrave aux droits fondamentaux, à savoir la liberté d'expression, ou alors de pourchasser « des musulmans » et donc d'entrave à la liberté de culte. Ceci leur vaut d'être accusés de perpétuer la politique répressive de Ben Ali envers tout ce qui a une relation avec la religion musulmane…
Hajer AJROUDI


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