Sihem Ben Sedrine : « Pour une collaboration étroite entre le Ministère de l'Intérieur et les composantes de la société civile » Radhia Nasraoui : « La torture continue, et cela ne rassure guère ! » Le syndicat des forces de l'ordre a organisé hier, en présence du Ministre de l'Intérieur, un colloque d'une journée sur la réforme de l'institution sécuritaire. Entre la séance matinale et celle de l'après-midi, sept communications furent présentées dont celle du docteur Noureddine Nayfer qui retint plus particulièrement l'attention. Elle proposait un projet de code déontologique pour les fonctionnaires de la sûreté nationale. Auparavant, M. Mohamed Lazhar Akrémi, ministre délégué auprès du Ministre de l'Intérieur, donna une brillante allocution dans laquelle il proposa quelques pistes de réflexion pour une réforme profonde et efficace de la sûreté nationale : selon lui, il faut d'abord voir si nous disposons actuellement en Tunisie d'une bonne plateforme structurelle susceptible de faciliter et de faire réussir la réforme souhaitée. D'autre part, la Tunisie nouvelle doit, selon le Ministre délégué, œuvrer pour promouvoir une police de la proximité forte et respectée, mais non violente. « Nous voulons une police aimable, pas une police qui terrorise », a-t-il ajouté tout en soulignant la nécessité de convaincre l'agent de l'ordre qu'un régime démocratique lui profite beaucoup plus qu'une dictature. Du temps pour tourner la page du passé ! Deux autres interventions ont également retenu notre attention : d'abord, celle de Sihem Ben Sédrine qui commença par lancer un message de sympathie et de solidarité aux quatre agents de l'ordre hospitalisés à la Marsa suite à une agression menée récemment contre eux par un groupe d'hommes munis de diverses armes blanches et de cocktails Molotov. « Ils avaient le droit de leur tirer dessus, mais ils ne l'ont pas fait et ont risqué leur vie dans l'accomplissement de leur devoir », a-t-elle ajouté. Ensuite, elle mit l'accent sur la nécessité d'une collaboration étroite entre le Ministère de l'Intérieur et toutes les composantes de la société civile en vue d'une réforme salutaire de la police. La deuxième intervention remarquable fut celle de Radhia Nasraoui qui félicita la police tunisienne pour son syndicat et rappela qu'elle-même avait par le passé proposé aux agents de l'Intérieur affectés au Ministère de la Justice de les aider à élaborer le statut de leur profession. Elle a par la suite émis des craintes quant à l'existence d'une volonté sincère de réformer le corps policier dans le sens des principes de la Révolution : « On torture encore après le 14 janvier et ce sont des enfants qui subissent les sévices et les humiliations dans les locaux de notre police. Jusqu'à présent, on n'a étudié aucune plainte concernant la torture « postrévolutionnaire ». Et cela n'est pas de nature à me rassurer. J'espère néanmoins que le syndicat des forces de l'ordre aura les moyens de réussir la réforme rêvée ». Lors de la discussion de toutes ces interventions, l'accent fut mis essentiellement sur la crainte que le syndicat de la police ne se transforme en structure de couverture pour les abus des agents qu'il défend. On s'interrogea aussi sur le sort réel réservé à ce que l'on appelle communément la « police politique ». Slaheddine Jourchi a déploré le manque de transparence de la part des services du Ministère de l'intérieur dans ses relations avec la commission d'enquête sur les affaires de violence et avec celle chargée d'enquêter sur les affaires de corruption et de malversations sous le régime déchu. D'autres intervenants proposèrent des solutions concrètes pour instaurer un climat de confiance entre la police et le citoyen. Badreddine BEN HENDA
Journalistes et agents de sécurité Respect mutuel et révision des législations en vigueur Les relations entre les journalistes et les agents de sécurité dans l'exercice de leurs fonctions respectives ont été au centre d'une conférence-débat tenue, hier à Tunis, à l'initiative du syndicat des fonctionnaires de la Direction générale des unités d'intervention. L'accent a été mis, à cette occasion, sur l'impératif du respect mutuel de la nature du travail de chaque partie. Les représentants des médias ont souligné la nécessité de clarifier les contours de ces relations et d'établir les limites qu'aucune partie ne doit dépasser tant en temps de paix que dans les situations de troubles et de tensions. Les membres du syndicat des fonctionnaires de la Direction générale des unités d'intervention ont, de leur côté, insisté sur l'importance de la formation et du recyclage aussi bien des agents de la sécurité que des journalistes. Ils ont exprimé la volonté de revoir leurs méthodes de travail et de réaction à l'égard des représentants de la presse dans le contexte de la nouvelle étape qu'entame la Tunisie pour la construction d'un avenir meilleur. Ils ont souligné la nécessité de procéder à la révision des législations en vigueur, en la matière, réexaminer les méthodes de recrutement et rationaliser les systèmes de sécurité.