La grève observée mardi 9 août par les agents de transport en commun a fait l'objet hier, d'une conférence de presse donnée par Hssan Kanzari secrétaire général adjoint chargé du règlement intérieur à l'Union des Travailleurs de Tunisie (UTT). Créée après le 14 janvier, cette organisation syndicale ne cesse d'imposer sa légitimité. Elle est en train de faire une pression sur le gouvernement transitoire pour qu'il l'accepte en tant que partenaire ayant le droit de participer aux négociations. « Le ministère doit accepter le pluralisme syndical en faisant participer toutes organisations dans les négociations », insiste M. Kanzari tout en s'excusant auprès des voyageurs qui se sont trouvés mardi dans une situation difficile. Négligée par le ministère de Transport et l'UGTT, l'Union des Travailleurs de Tunisie a adressé « un message » au gouvernement. «Nous ne sommes pas là pour régler des comptes mais pour rectifier un processus syndical», signale le secrétaire général adjoint qui ne cesse de rappeler que Salem Miladi, ministre de Transport « n'a pas manifesté sa volonté pour négocier avec l'UTT. Il nous a même ignorés ce qui a poussé les agents de transport a observer la grève », ajoute M. Kanzari. Le secrétaire général adjoint considère qu'il est temps de se réunir autour de la même table pour négocier de la situation des agents de transport.
Réactions
Commentant les déclarations faites par le ministre mardi soir au Journal Télévisé de la chaîne nationale 1, Naceur Bafoun, secrétaire général de la fédération de transport au sein de l'UTT a annoncé que « la mauvaise gestion est la cause du déficit financier dont souffre la Transtu. Les responsables faisant partie de l'ancien régime sont derrière ce déficit », enchaîne-t-il tout en énumérant quelques dépassements. «Les bus de la Transtu ont été mobilisés pour servir le RCD et les agents de la police », explique-t-il. Pire encore : «chaque responsable avait le droit à un bon d'essence, soit l'équivalent de 450 litres de carburant », toujours d'après Bafoun. Il s'agit d'après lui «de quelques exemples à citer» comme il affirme que l'actuel ministre est « revenu avec son clan. Ils appartenaient tous à l'ancien régime et n'acceptent pas le pluralisme syndical », critique-t-il. M. Bafoun est allé plus loin dans ses critiques pour parler des membres de l'UGTT. Il déclare que « Abdessalam Jrad et Mokhtar El Hili (respectivement secrétaire général de l'UGTT et secrétaire général de la Fédération de transport) imposaient leur dictat aux directeurs de la Transtu ».
Et les salaires ?
Toujours dans le même contexte et en réponse au ministre du Transport au sujet des salaires que touchent les agents de transport, M. Bafoun démenti toutes les informations annoncées par Salem Miladi. « Un jeune agent de transport (conducteur et receveur) ayant une expérience de 10 ans de travail touche 520 dinars par mois, alors que le salaire d'un agent ayant 30 ans d'exercice est de 732d500 millimes seulement», fait remarquer le secrétaire général. Et de commenter : « le ministre voulait faire monter le peuple contre les agents de transport alors que nous cherchons des solutions avec le ministère ». Si l'Union des Travailleurs Tunisiens a réussi à attirer l'attention vers elle en observant cette grève, elle n'a pas pu par contre gagner la sympathie de l'opinion publique. La preuve est que les usagers du métro et des bus ont réagi mardi en bloquant la circulation au centre ville de la capitale. Ils étaient contre cette grève qui a sanctionné plus d'un million de voyageurs et qui a coûté cher à l'économie nationale déjà en difficulté. Cela ne va pas avec le pluralisme syndical qui signifie le respect de l'autre et de la différence. Sana FARHAT