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Le pétard qui tue
Société
Publié dans Le Temps le 23 - 08 - 2011

• Un jeune homme perd la vie à cause de ce «feu d'artifice»
Quelques minutes avant la rupture du jeûne, des bruits tels l'explosion de bombes agitent les quartiers de la capitale Tunis. Il ne s'agit pas des bombes lacrymogènes jetées par la police pour disperser les manifestants, mais plutôt de feux d'artifice où pétards, les fameux « Fouchik » en arabe. Un des jeux favoris des adultes, des jeunes et des moins jeunes lors du mois de Ramadan, il est derrière plusieurs drames. Inconscients des risques qu'ils encourent en jouant avec le feu, les fans des pétards sont également derrière d'autres drames.
Le dernier est survenu le weekend dans l'une des localités de Makthar (délégation de Siliana). Un crime a eu lieu dans ladite localité à cause de ce jeu dangereux, où un jeune a perdu la vie après avoir été poignardé par un autre qui s'amusait à exploser les pétards. En fait, les circonstances du drame sont le moins que l'on puisse dire bouleversantes et tristes. Quelques minutes avant la rupture du jeûne, une dame enceinte, effrayée du vacarme du pétard fait une fausse couche et perd son fœtus. Le défunt qui n'était que son frère, se précipitait vers le jeune homme responsable de cet acte pour se disputer avec lui. Une bagarre se déclenche par conséquent entre eux pour finir par un crime. En fait, le criminel était armé, et il n'a pas hésité à poignarder la victime et à prendre la fuite.
Catastrophes
Ces gestes insensés des jeunes et des adultes risquent de se transformer malheureusement en « catastrophes humaines ». Ils cherchent à se distraire tout en négligeant leur sécurité ainsi que celle des autres. Classés sur la liste des produits dangereux, et interdits à commercialiser et à importer puisque nous ne les produisons pas, les pétards sont à la disposition des consommateurs. Ils sont toutefois disponibles sur le marché parallèle voire le commerce organisé. Les brigades de contrôle économiques sous tutelle du ministère du Commerce et de l'Artisanat n'arrivent pas à les éliminer totalement du marché lequel est inondé en la matière et ce faute de contrôle pertinent aux frontières. Pis encore le marché a été approvisionné depuis le début du mois de Ramadan et risque de s'alimenter davantage à quelques jours de l'Aïd, d'où l'importance de renforcer dès maintenant les mesures de contrôle surtout au niveau des frontières. La Douane est appelée à vérifier convenablement les marchandises importées en multipliant les efforts en la matière. De son côté, la direction du contrôle économique doit enchaîner les visites surtout au circuit parallèle pour saisir ce produit dangereux. Sûrement, la tâche n'est pas aussi simple qu'on ne l'imagine pour les différents acteurs, mais il est essentiel d'être conscient des dangers de ce produit qui représente aussi un des jeux préférés des enfants.
Nul ne peut nier que la Tunisie passe par des circonstances spécifiques qui ont fait que la sécurité est réduite à tous les niveaux. Toutefois, les Tunisiens doivent faire preuve de civisme et du sens de la citoyenneté en respectant les autres et en calculant le danger avant de commettre de telles pratiques qui pourraient avoir des conséquences lourdes.
Sana FARHAT

Fathi Fadhli, Directeur des Enquêtes économiques
«Les pétards sont déjà disponibles sur le marché local»
Fathi, Fadhli, Directeur des Enquêtes économiques au ministère du Commerce et de l'Artisanat avoue que les pétards sont déjà disponibles sur le marché local faute de contrôle aux frontières. Il précise aussi que le produit se vend au marché parallèle et surtout chez les commerçants ambulants. Et s'il est assez tard pour arrêter l'infiltration de ce produit, le contrôle des circuits de vente reste l'une des solutions adoptées. Des équipes pluridisciplinaires regroupant des agents de la Douane, de la Police et des contrôleurs économiques ont été formées pour lutter contre ce fléau. Mais, malheureusement, ce travail n'a été lancé qu'à partir de la deuxième quinzaine du mois de Ramadan, car les efforts de la direction des Enquêtes économiques ont été orientés lors des 15 premiers jours du Ramadhan vers l'approvisionnement du marché et la lutte contre le trafic des produits compensés.
Dans ce contexte, le directeur des Enquêtes économiques lance un appel aux parents et à la société civile pour jouer leur rôle amplement et sensibiliser leurs enfants quant aux risques de ce jeu.


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