Le festival de la médina a réussi le pari de faire sortir les gens de chez eux en leur proposant des spectacles musicaux notamment de qualité en provenance de différents pays du monde, sauf le désistement pour des raisons de santé du chanteur turc Latif Bolat. Le programme a été respecté à la lettre. Mieux encore, aux côtés de la jeune artiste révolutionnaire Amel Mathlouthi, le festival a réparé une injustice en réhabilitant Lotfi Bouchnak, que d'aucuns ont condamné son flirt avec l'ancien pouvoir. Les fans, qui savent faire la part des choses, n'ont pas hésité à venir en masse pour soutenir leur chanteur préféré. Il en est de même de la rachidia, passée des mains de Zied Gharsa à Fethi Zghonda. Elle a drainé la foule lors de son remarquable concert. Nicole Slack Jones n'a pas démérité. Elle a mis en transe un public passionné de gospel. Côté organisation, le festival de la médina compte parmi les manifestations culturelles les mieux organisées en raison d'une équipe rodée et rompue à toutes les ficelles et rouages techniques, cela est dû essentiellement à un comité directeur qui n'a pas bougé depuis la création du festival il y a de cela 29 ans. Cette stabilité, même si elle est contestée par certains qui aspirent à un changement de têtes, a permis au festival d'améliorer d'année en année les prestations et tisser des liens d'amitié et de fidélité avec les artistes mais aussi et surtout le public. Le comité directeur a pu fidéliser des spectateurs grâce à un accueil chaleureux et convivial. Le public de plus en plus large trouve ses repères. Il sait ce qui l'attend lorsqu'il se déplace pour assister à un spectacle programmé dans le cadre du festival de la médina. Le public sélect ne boude pas son plaisir, il vient en connaisseur et se donne les moyens de suivre les concerts dans le calme presque dans le recueillement. C'est avec sa complicité que le festival continue à exister et à connaitre un essor certain. Chaque spectacle a son public toujours disponible. C'est ça aussi la réussite du festival de la médina ses fidèles qui aiment le tarab, la musique mystique ou traditionnelle. Il constitue un espace de rencontre de toutes ces attentes. Cette année, plus que toutes celles passées, parce que c'est l'année de la révolution, la 29ème édition est d'un goût spécial. Les organisateurs ont choisi de coordonner leurs efforts pour offrir une programmation variée où toutes les expressions musicales d'ici et d'ailleurs sont représentées sans exclusion avec comme slogan, la liberté dans son sens le plus noble. De la jeune et talentueuse Syrine Ben Moussa à la vedette arabe Saber Rebai, une belle pléiade d'artistes a célébré la révolution, qui par le tarab, qui par le gospel, le blues, la musique traditionnelle ou la word music. Occidentales ou orientales, connues ou moins connuesoutes les musiques du monde se sont succédé sur les planches du théâtre municipal. Nombreux ont reproché au festival de la médina de s'éloigner de sa vocation première : réhabiliter les vieilles demeures ancestrales délaissées à l'instar de Dar Lasram, Bir Lahjar, Dar Hussein, Achouria. Ils oublient que le festival continue à exploiter certains de ces espaces qui ont trouvé d'autres voies en devenant des galeries d'art, des espaces de lecture ou des restaurants prestigieux. Le festival a contribué positivement à la sauvegarde de ce patrimoine voué à la destruction. Cette année Bir Lahjar et le Club Tahar Hadded ont abrité quelques spectacles pour satisfaire les nostalgiques de ces lieux du passé.