La polémique qui sévit, actuellement, sur la scène musicale, à propos du spectacle d'ouverture de l'édition 2011 du Festival International de Carthage a atteint son paroxysme provoquant une situation de crispation, à l'origine d'une modification de la programmation. Après la déclaration faite à l'agence TAP, par M. Ezzeddine Bach Chaouch, ministre de la Culture au Gouvernement provisoire, lors de la Journée d'étude consacrée aux délégués régionaux de la culture (vendredi 10 juin à Hammamet), et dans laquelle il a annoncé que le choix a été porté sur l'artiste Lotfi Bouchnak pour la soirée d'ouverture avec un concert inspiré de la Révolution tunisienne, en collaboration avec une importante participation d'artistes tunisiens et arabes, plusieurs acteurs de la scène musicale ont réagi, appelant le ministère à renoncer à ce choix. Cette vive réaction à l'encontre de Lotfi Bouchnak pour ouvrir l'un des plus prestigieux Festivals tunisiens, repose sur plusieurs arguments présentés par le syndicat des musiciens tunisiens parmi lesquels, la présence de ce chanteur sur la liste des signataires de l'appel à la candidature du Président déchu aux élections de 2014, outre ses rapports avec l'ancien régime, qui lui ont valu plusieurs privilèges dont notamment l'ouverture et la clôture du Festival de Carthage, à maintes reprises. Ce privilège a privé d'autres artistes non moins compétents que lui d'en bénéficier. Le syndicat a, par ailleurs, publié un communiqué destiné aux musiciens dans lequel il informe que tout musicien qui accompagnera Lotfi Bouchnak lors de cette ouverture sera radié de son bureau. Contacté par l'agence TAP concernant cette polémique, Lotfi Bouchnak, a déclaré qu'il préfère s'abstenir de tout commentaire, considérant "les arguments présentés comme étant une atteinte à sa personne, à son parcours artistique et que son répertoire ne comporte aucune chanson ou phrase faisant éloge du régime de Ben Ali". Concernant la question liée à la signature de la liste de l'appel, le chanteur a souligné que cette "affaire sera réglée par le biais de la justice, dès lors que son nom a été introduit sans sa concertation". L'artiste a tenu "à ne pas répondre à cette campagne de dénigrement dont il fait objet, préférant laisser son oeuvre plaider sa cause", rappelant "qu'il est l'un des rares artistes à animer des soirées caritatives en Tunisie et à l'étranger après la révolution et qu'il comptait parmi les manifestants qui scandaient la chute de Ben Ali, devant le siège du ministère de l'Intérieur le 14 Janvier 2011". La polémique en question que le ministre de la Culture cherche à "régler", en renonçant au choix de la commission chargée des festivals, présidée par Samir Bel Haj Yahia, semble loin d'être dépassée. D'autant que certains protagonistes de la scène musicale invitent le ministère à offrir l'opportunité aux jeunes rappeurs, fortement présents pendant la Révolution, de bénéficier de cet événement. (TAP)