Maintien de 351 anciens directeurs Le syndicat appelle à arrêter les protestations La rentrée des classes est à nos portes ; moins de dix jours nous en séparent. Cependant, des informations recueillies auprès du syndicat général de l'enseignement secondaire nous apprennent qu'en dépit des récentes désignations de directeurs de lycées et de collèges, 169 établissements répartis sur l'ensemble de la république n'ont pas encore de proviseurs et risquent de ne pas en avoir encore à la rentrée. Ce sont surtout des lycées et des collèges peu sollicités par les candidats en raison de leur éloignement géographique et/ ou de l'absence de logement administratif. A propos des directeurs désignés dernièrement sur la base des critères établis par le ministère de l'Education et le syndicat du secondaire (note pédagogique, ancienneté dans l'enseignement, diplômes et promotions, et enfin note du concours oral), on nous a communiqué les chiffres suivants: à l'échelle nationale, 2613 candidats se sont présentés au concours pour les postes de directeurs; parmi eux, on compte 677 anciens directeurs de lycées et de collèges. 1862 concurrents ont réussi le concours et 751 l'ont raté. Parmi les anciens directeurs, 351 ont pu le passer avec succès. Cependant, 203 autres n'ont pu le franchir en raison de leur faible score. A l'épreuve de l'entretien oral, 222 candidats ont été recalés. D'autre part, parmi les nouveaux directeurs figurent 942 professeurs qui vont occuper leur poste pour la première fois. Pour le syndicat, ces résultats sont dans l'ensemble satisfaisants. On reconnaît toutefois que le concours trahit quelques irrégularités et a fait quelques victimes parmi les candidats injustement écartés. Quant à la violente campagne de protestation menée dans certains gouvernorats par les professeurs contre de nouveaux directeurs jugés indignes de leurs postes, le syndicat appelle à la cesser. «Nous n'adoptons aucune politique d'épuration ni aucune attitude revancharde contre les anciens directeurs, déclare M. Lotfi Lahouel, membre du bureau national du syndicat. A preuve, les 351 anciens directeurs reconduits. Ceux qui furent maintenus l'ont été sur la base des critères objectifs auxquels nous avons souscrit et que nous avons-nous-mêmes proposés. Après tout, ils restent minoritaires et nous considérons que ce nouveau mode de nomination des proviseurs a opéré une véritable révolution, dans la mesure où il a donné leur chance aux candidats jugés indésirables autrefois. Désormais, plusieurs établissements auront à leur tête d'anciens opposants farouches au régime de Ben Ali. De nombreux syndicalistes figurent également parmi les nouveaux promus.» Concernant l'épreuve orale, il s'agit d'un entretien avec le candidat, dirigé par un jury de 4 membres (parfois plus): essentiellement un membre des commissions paritaires, un membre du syndicat régional et deux représentants du commissariat régional de l'enseignement. Ce concours oral se déroule au siège du commissariat régional. Le candidat qui y obtient une note inférieure à 10 est automatiquement éliminé. Il semble à ce sujet que des malentendus ont été enregistrés entre le syndicat et l'administration à propos de certains concurrents. On nous apprend, en effet, que les représentants de celle-ci aux différents jurys ont défendu crânement «leurs» candidats qu'ils ont pu imposer malgré l'opposition du syndicat. Il s'agit surtout, nous dit-on, d'anciens directeurs reconduits en dépit de leur passé RCDiste. Le syndicat de son côté est parvenu à faire réussir « ses » principaux candidats. Mais il n'y a apparemment pas que les fidèles de Ben Ali qu'on a cherché à écarter systématiquement. Des candidats Nadhaouis ont fait les frais de cette exclusive. D'où la présence de protestataires islamistes parmi les candidats mécontents des résultats du concours. A propos de mécontents, on nous a raconté le cas d'un nouveau directeur nommé récemment à Bouzogguène (gouvernorat de Kasserine) à qui un cordon de gaillards interdit jusqu'aujourd'hui la prise de ses fonctions et l'entrée même à son lycée. Motif invoqué par ce groupe: c'est son prédécesseur qui doit reprendre le poste ! Manifestement, l'affaire prend là-bas une tournure quasi tribale ! Badreddine BEN HENDA amadyka [email protected]