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Sfax se rebiffe ! Compagnie aérienne en attendant le port en eaux profondes, le besoin pressant de sortir de la marginalisation structurée durant deux decennies
Traitant le thème « Quel nouvel élan au développement de la région de Sfax dans la Tunisie nouvelle », les « Journées de Développement » ont eu lieu vendredi et samedi derniers, dans l'un des hôtels de la Capitale du Sud. La deuxième relative à ces journées a vu la participation du ministre des Transports Salem Miledi et du ministre de l'Industrie et des Technologies Abdelaziz Rassaâ. Un nombre d'experts, de différents domaines, ont par ailleurs pris la parole. Leurs interventions reflétaient essentiellement leur conception de ce que devrait être la ville se Sfax dans les années à venir. Une amertume transparaît cependant dans les interventions de la majorité des intervenants, le message passé ne différait pas d'une personne à une autre ; « la ville de Sfax, locomotive de l'économie tunisienne, a à son tour, souffert sous l'empire de l'ancien régime. La région a été deux décennies durant l'objet d'une marginalisation structurée. On voulait coûte que coûte limiter sa compétitivité et aujourd'hui le résultat est là. Actuellement, la donne a changé et Sfax devra retrouver la position qu'elle mérite sur l'échiquier économique national ». C'est en gros le résumé de différentes interventions de Sfaxiens venus nombreux assister aux travaux de cette journée. Une partie des hommes d'affaires originaires de la région est déjà passée à l'action : Mohamed Frikha, PDG de Telnet (groupe spécialisé en ingénierie et en technologie de pointe) a profité de la tenue de cette journée pour annoncer le lancement de la nouvelle compagnie aérienne Syphax Airlines. Syphax Airlines a besoin des hommes d'affaires de la région Selon Ali Rekik, du cabinet d'études stratégiques Roland Berger, bureau ayant élaboré les études de faisabilité du projet de la compagnie aérienne privée, l'aéroport Thina-Sfax et malgré son statut d'un aérodrome international ne put réussir qu'à atteindre une capacité de 30 mille passagers par an. « Selon les études que nous avons effectuées, Syphax Airlines larguera différentes catégories de passagers : les touristes, les Tunisiens résidents à l'étranger, les étrangers résidents à Sfax et en Tunisie en général. On estime le nombre de passagers une fois que la destination est valorisée à 600 mille passagers, un chiffre qui devra croître encore davantage pour atteindre 1.2 million de passagers par an ». Cette compagnie aérienne, devra démarrer ses activités au mois de mai prochain avec un personnel de 70 employés. Un chiffre qui montera en crescendo au fil des années pour employer 200 personnes sur les cinq années à venir. Le financement « en cours » de la compagnie est de 10 millions de dinars, il provient essentiellement de « fonds propre » de Mohamed Frikha et d'autres « partenaires » notamment locaux. 2 appareils, des Airbus sont en cours d'acquisition, alors qu'au bout de 3 années, 2 autres appareils renforceront la flotte. Le premier vol sera effectué au mois de mai 2012, annonce-t-on aussi dans la foulée. « La Tunisie compte 9 aéroports, et le trafic aérien permet le transport de 11 millions de passagers par an, dit encore Ali Rekik. L'essentiel du trafic est assuré par les aéroports de TunisCarthage, de Monastir et de Djerba. L'aéroport de Sfax n'englobe que 2 % de la capacité du trafic général en Tunisie ». Sur les 76 destinations qui relient les différentes villes tunisiennes a d'autres à travers le monde, la ville de Sfax n'est reliée qu'avec trois villes ; Tunis, Paris et Tripoli. « Lorsque nous avons été approchés par Mohamed Frikha pour réfléchir sur le projet, nous nous sommes posés un nombre de questions : l'utilité d'une compagnie aérienne dans la ville de Sfax et quel serait son potentiel? Nous avons commencé un travail d'analyse du nombre de billets achetés par les habitants de la ville, ainsi que le comportement des passagers, qu'ils soient des touristes ou autres. Le potentiel situé entre 600 mille et 1.2 million de passagers nous ressemblait qu'une opportunité assez attractive du point de vue économique et financier. D'une manière plus précise, nous estimons que le trafic régulier représenterait près de 60%, alors que le charter occuperait les 40% restants du trafic » note aussi Ali Rekik. Le trafic aérien en Tunisie situé essentiellement et à hauteur de plus de 30%, est assuré par Tunisair, alors que Nouvel Air assurant le 1/6 alors que Tunisair Express termine avec 6 à 7% du trafic. C'est donc une aubaine pour la compagnie sfaxienne ainsi qu'aux autres compagnies aériennes ayant récemment obtenu l'agrément de la part du ministère du Transport, seulement voilà que Syphax Airlines pourrait puiser dans le potentiel extraordinaire qui distingue la région de Sfax des autres métropoles en Tunisie. Mais est ce que Syphax Airlines pourrait à elle seule résoudre les multiples défaillances dont les habitants de cette région se plaignent ? Un port en eaux profondes? A vrai dire, une petite tournée dans le centre ville de ce cœur battant de la Tunisie en dit long sur les doléances et les problèmes vécus au quotidien par les citoyens résidents de la ville et sur les problèmes encore plus complexes qui se présentent devant les hommes d'affaires de la région. Pour Moncef Khamakhem « la ville de Sfax a été visée par les sbires de l'ancien régime. L'idée d'un port en eaux profondes a émergé en premier lieu pour être construit dans le Golfe de Gabès, mais à cause de la mauvaise intention des dirigeants de l'ancien régime on a préféré démarrer les études pour que ce port soit construit à Enfidha. C'est inadmissible puisque cette ville n'est pas réputée par l'abondance de la main-d'œuvre, un vecteur qui caractérise Sfax plus que toute autre ville en Tunisie ». Selon lui « il s'agit de décisions purement politiques qui ne prenaient pas en considération les caractéristiques de chaque région de la Tunisie », il avance aussi qu'à un moment donné des pourparlers ont été lancés avec des promoteurs de la zone logistique de Jabal Ali aux Emirats Arabes Unis « ils étaient prêts à investir dans le port de la région de Sfax, ils voulaient qu'un tel projet soit complémentaire au port de Jabal Ali, de plus que le Port en eaux profondes de Tanger au Maroc, étant donné sa position extrême à l'ouest de la Méditerranée, offrait moins d'opportunités ». Selon cet homme d'affaires « le contexte actuel nous permet de prévoir à long terme un tel projet, notamment dans la région de Gargour. Un port en eaux profondes, auquel s'ajouterait une ZAL (Zone logistique) permettrait la création de milliers de postes d'emploi, non seulement pour la seule région de Sfax, mais pour toutes les régions du Centre et du Sud de la Tunisie, ainsi que la multiplication des exportations à partir de cette région de la Tunisie ». Il est évident qu'il revient essentiellement aux hommes d'affaires et aux citoyens de la région de concevoir et de réaliser les projets dont ils connaissent mieux que quiconque les retombées sur la région. Voir autant de chefs d'entreprises dans une même salle avoir un aussi riche débat avec les responsables et les ministres, bien que provisoires, cela dit long sur la volonté qui anime cette frange des habitants de la ville. Une appréhension réside cependant sur la capacité des ‘Sfaxiens' de demeurer unis afin de réaliser les aspirations des habitants de la ville. Seul le temps apportera des réponses !