La Révolution, ce mot qui commence à être galvaudé, tellement incrusté à tout va, nous a pondu des « révolutionnaires » audacieusement baptisés « militants ». Entendez-vous cela ? En fait, il s'agit de bloggeurs et de cyber-activistes qui ont œuvré pour le parachèvement du soulèvement du peuple. Comment ? La recette est tout ce qu'il y a de plus simple : poster des vidéos et des articles sur des réseaux sociaux et des sites internet. Leur leitmotiv : dénoncer. Dénoncer les dépassements du régime dictatorial à l'aube de la Révolution. Peut-être y'en a-t-il qui ont lancé la machine avant même le 17 décembre 2010, mais soyons honnêtes, ils étaient superbement minoritaires et par surcroît timides. Bon sens ! Oui parce que tous étaient opprimés par les soldats de l'ombre de Ben Ali, alors seuls quelques uns ont pu résister et, attention, précision oblige, ceux-là vivaient à l'étranger. Néanmoins, après le 14 janvier, et une fois « notre ancien président » a brûlé la politesse, un semblant d'appel est lancé : « au cyber activisme citoyens ! » Depuis, c'est carrément le gavage. Qui sont-ils ces cyber activistes et bloggeurs projetés sous toutes les lumières et aspirent, de front, au prix Nobel de la Paix ? Selon une définition du web, l'activisme « désigne un engagement politique privilégiant l'action directe ». Le mot Cyber est « un préfixe à la mode à partir de la deuxième moitié du XXe siècle ». Quant au bloggeur, Un blog est « un site Internet censé contenir régulièrement de nouveaux billets, c'est-à-dire des notes ou des articles agglomérés au fil du temps sur un sujet donné. » Maintenant que les présentations de rigueur sont faites, essayons de piger ce phénomène fashionable engloutissant nos révolutionnaires. Sachant que le réseau social le plus célèbre au Tunisiens est Facebook, il paraît de jure, de s'y référer pour l'opération déchiffrage. Nous avons un compte Facebook. Il nous a permis de bigler quelques uns de ces « cyber-guerriers » en fiévreuse action depuis la Révolution. En voici le fleurage : des personnes comme vous et nous, appartenant à divers corps de métier : médecin, informaticien, ingénieur, etc. amoureux de l'idée -du temps où ils étaient enfants -d'être soldat du salut se pavanant de leur courage sur le champ de bataille, concrétisent cela par la publication de leurs opinions, de photos et de vidéos sycophantes des évènements ayant lieu ces derniers mois. Alors bien sûr, ces cyber-activistes et bloggeurs ont leurs zélateurs s'accordant à la perfection avec leurs principes et valeurs. Ils caressent, en fait, les courbes d'une Tunisie nouvelle curée de la gangrène de l'ancien régime. Noble cause ! Aujourd'hui, tout le monde, ou quasiment, ne jure que par les bloggeurs et les cyber-activistes et leur combat indéniable pour l'amour de la Patrie. Et ce n'est pas tout. Ils se proclament « militants » et papotent à tout espace seyant – ou pas d'ailleurs- qu'ils ont sacrifié de leur vie, qu'ils ont pris d'énormes risques, qu'ils ont même frôlé la mort et qu'ils ont effleuré les odeurs du pénitencier. De quels sacrifices nous parlent-ils ? Ont-ils égaré la notion de sacrifice dans leur quête de célébrité et de reconnaissance à grande échelle pour leur « militantisme » ? Les cyber-activistes et bloggeurs ont fait de l'ombre aux journalistes. Dites moi, depuis la Révolution et même avant, y a-t-il eu une seule action de reconnaissance aux journalistes, les jeunes en l'occurrence (en référence à la Révolution des jeunes), qui sont partis sur des champs en feu et en sang sans même une couverture contre risques, et aucun moyens de protection ? Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas. Pis, certains osent nous qualifier de « honte » au journalisme et au pays. Aujourd'hui, ces mêmes cyber-activistes (dont certains ne sont nantis de la moindre notion de démocratie et liberté d'expression) sont candidats au prix Nobel de la Paix, sont adulés et deviennent de vrais politiciens convoitant sincèrement et ardemment l'implication dans la Constituante. Ils en sont fiers. Et comme un pou ! Soprano a chanté : « se battre contre l'injustice mais surtout se battre contre nos foutus caprices, pour changer le monde, il faut changer nos désirs. » Tout est dit ! Nadya B'CHIR