Les craintes d'un échec désastreux de la transition démocratique se multiplient, alors que la campagne électorale pour l'élection de l'Assemblée constituante, dimanche 23 octobre, touche à sa fin. Les révélations fracassantes de candidats de plusieurs listes électorales sur l'achat et la vente des voix des électeurs sont venues ajouter de l'huile au feu, et renforcer les déceptions causées par la persistance des anciennes méthodes de l'action politique fondées sur l'allégeance aveugle aux personnes et le refus catégorique de la différence. Cette situation avait incité plusieurs militants politiques attachés aux principes démocratiques, à se présenter à l'Assemblée constituante dans des listes indépendantes aux risques de compliquer davantage le pléthore, en la matière. Dans une région du Sud de la Tunisie, les voix des électeurs sont vendues aux enchères, au plus offrant. Selon les candidats d'une liste indépendante, un ‘'intermédiaire'' leur a offert l'achat de 6 mille voix, tandis qu'une plainte officielle a été déposée par une autre liste indépendante auprès du procureur de la République de Kasserine, accusant un parti politique de distribuer des pots de vin aux électeurs, pour voter en sa faveur, proposant à chaque électeur 200 dinars pour le faire. Ces pratiques ont eu l'effet opposé, en renversant la situation. Ce ne sont plus les partis politiques qui proposent l'achat des voix, mais le contraire. Les citoyens viennent offrir leurs voix en échange de l'argent, en disant que voter c'est accorder une voix, et qu'il est du droit de l'électeur de la vendre. Le vote perd sa valeur civique et son sens réel puisque les voix deviennent une marchandise qu'on vend et achète. Il convient de signaler que dans les anciennes Cités – Etats démocratiques, en Grèce, notamment, comme à Athènes, entre autres, les pouvoirs publics donnaient de l'argent aux citoyens pour voter. Aussi, des citoyens plus scrupuleux ont dit commencer à douter de la crédibilité des élections, ce qui augure, d'après des analystes, d'un fort taux d'abstention. En effet, ce qui a encouragé ‘'cette déviation ‘' pour ainsi dire, c'est l'existence de près d'un million et demi d'électeurs illettrés auxquels la loi électorale a accordé la possibilité de se faire assister par d'autres personnes instruites pour accomplir le vote. Et il semble qu'il est techniquement très compliqué et ne permet pas toujours de pouvoir faire le choix préféré, même pour les électeurs instruits. Certaines associations militant pour la crédibilité des élections avaient, en vain, il y a quelques mois, attiré l'attention sur le cas de ces électeurs illettrés et appelé à leur trouver une solution plus efficace, afin d'éviter les débordements signalés. Déjà, il n'y avait eu que près de 58% des électeurs qui se sont inscrits sur les listes des électeurs. Les sondages d'opinion organisés avant la campagne électorale et dont il convient de prendre les résultats avec toutes les réserves nécessaires, ont prévu des taux d'abstention allant jusqu'à 17%, ce qui est optimiste, dans les circonstances signalées. Au même moment, de grands partis politiques confiants d'enregistrer les meilleurs scores, ont évoqué la possibilité d'une falsification des résultats et menacé de descendre dans la rue si la crainte se réalise. D'autres partenaires concernés, notamment parmi les listes indépendantes, appréhendent, au contraire, de voir élire une Assemblée constituante dominée par un seul groupe politique, face aux réserves d'ouverture à d'autres sensibilités politiques, affichées par les grandes formations.