Durant plusieurs mois lors du défunt hiver, je séjournais parmi vous ayant en conséquence le privilège d'assister à votre incroyable révolution, pour le moins inattendue. De la sorte, naissaient les espoirs de tout un peuple. L'idée que je me fais de la genèse de ce soulèvement populaire s'avère particulièrement précise. Je songe, tout d'abord, au sacrifice de Mohamed Bouazizi (qu'il soit loué, celui-là), relayé par l'intelligence, le courage et la maturité de la jeunesse (la génération Face-book), véritable initiatrice du mouvement. Enfin, au comportement exemplaire de l'armée ayant évité un probable bain de sang (pensez à la Syrie). Après quoi, l'opportunisme et la récupération… il m'importait de me retrouver sur votre terre afin de vivre cet événement, combien historique : vos premières élections n'ayant plus rien de commun avec la caricature, la farce. Depuis une dizaine de jours, je dévore à nouveau les quotidiens tunisiens francophones (je suis Belge), premier heureux constat : La liberté de la presse demeure palpable. Elle ne pourra que se bonifier davantage au fil des mois compte tenu du sens de la déontologie de la plupart des journalistes (les brebis galeuses s'élimineront d'elles-mêmes). En tant qu'étranger, permettez-moi une ou deux remarques innocentes, peut-être, mais toutefois, sincères. Mon étonnement est grand de découvrir l'importance que prend l'aspect religieux au sein du débat. Amis Tunisiens, j'affirme que l'ensemble des pays démocratiques de par le monde, respecte profondément l'Islam, ainsi, que les diverses croyances d'ailleurs, sans oublier la laïcité. Car, parmi les mots clefs de la démocratie figurent « tolérance » et « compréhension », en réalité, seuls l'intégrisme et l'extrémisme génèrent la peur. Hors des frontières des terres d'Islam, mais encore à l'intérieur de celles-ci, lorsque la violence occulte le débat intellectuel, la raison, la logique, le bon sens disparaissent. Il convient dès lors de s'interroger : où se situe la responsabilité des quelques faits de violence perturbant votre campagne électorale ? Sachons encore que religion et démocratie ne sont nullement incompatibles. N'est-ce pas beau un islamiste-démocrate ?! Je lis de-ci, de-là, que bon nombre de partis politiques ne proposent que des programmes flous, imprécis, incomplets, irréalisables, chimériques, parfois. Il me semble que, pour l'heure, il faut bien faire avec. Au lendemain du 23 octobre, une kyrielle de petites listes s'évaporera, subsisteront quelques partis dont la vocation sera de déterminer des projets de société responsables, réalistes, stimulés en cela par la saine rivalité entre les uns et les autres. L'urgence aujourd'hui, consiste en une vaste mobilisation pour le scrutin de dimanche. Le regard planétaire ne comprendrait pas qu'après une révolution modèle, le peuple de Tunisie ne s'est pas déplacé en masse dans les bureaux de vote. Car, le nouveau destin tunisien commencera dès le 24 octobre. Priorité absolue : une Constitution, vite, très vite ! Les modèles, les sources d'inspiration ne manquent pas. Plus de temps à perdre compte tenu de la fragilité du tissu économique. D'urgence, ensuite, l'organisation des élections législatives, d'urgence un pouvoir législatif et un pouvoir exécutif. Pour s'occuper, enfin, à bras-le-corps des priorités fondamentales : Développement économique, bien-être global des gens (santé, sécurité, emploi…). Et gagner la crédibilité internationale pour attirer les investissements, les prêts et aides financiers, l'accroissement des échanges commerciaux. Aux urnes, Tunisiens ! Freddy VAES