Dans la foulée de son sacre à Londres, Rafael Nadal souhaite savourer son deuxième doublé Roland-Garros-Wimbledon après celui de 2008. L'Espagnol, fier d'avoir retrouvé son meilleur niveau, va maintenant rentrer à Majorque pour se reposer et soulager ses genoux qui le priveront du quart de finale de Coupe Davis face à la France le week-end prochain. Prochain grand objectif: mettre la main sur l'US Open, le seul majeur qui se refuse à lui. Une nouvelle consécration, est-ce aussi spécial que ça? Chaque titre est spécial. Difficile de dire si celui-ci est plus spécial. Le premier avait une dimension plus dramatique, étant donné le déroulement de la finale. Et un premier titre quelque part est toujours particulier. Après, c'est sûr que j'ai vécu une année vraiment pas évidente. Revenir sur mon tournoi préféré, et rejouer ici, ne pas seulement bien jouer, mais finir avec le trophée, c'est tout simplement incroyable pour moi. Je ne peux que remercier l'organisation, le public. Chaque fois que j'étais sur le court, c'était incroyable. Qu'est-ce que cela vous fait de revenir et de voir que vous êtes si populaire ici, à Wimbledon ? C'est certainement le meilleur public au monde. Le plus respectueux. Ils respectent tous les joueurs, à mon avis. Les spectateurs ont été incroyables lorsque j'ai affronté Andy Murray qui est pourtant un joueur britannique. Bien sûr, ils l'encourageaient, mais ils m'encourageaient aussi en même temps. C'était incroyable. Je les en remercie beaucoup. Vous attendiez-vous à un match différent, ou plus difficile face à lui ? Je ne peux pas dire ça car je n'attends absolument rien avant le match. J'espère jouer de mon mieux à chaque point et me battre jusqu'au bout sur chaque balle. Je ne me dis pas que je vais avoir un match difficile, que je vais perdre, que je vais gagner ou quoi que ce soit. Je ne veux pas penser à tout ça. Je me dis simplement que je veux aller sur le court et me battre sur chaque point. Et pendant le match, je ne pense à rien d'autre qu'au point à venir. Vos proches étaient venus nombreux vous soutenir : votre petite amie, vos parents, vos oncles, les gens de votre club, etc. C'est important pour vous ? J'ai toute ma famille, toute mon équipe et mes amis ici. C'est super, bien sûr ! C'est toujours agréable d'avoir ses proches avec soi. "C'était difficile de revenir au meilleur niveau" De quelle manière avez-vous fait évoluer votre jeu pour être désormais tellement à l'aise sur gazon, et remporter votre 2e titre à Wimbledon ? Je ne sais pas. A mon avis, si tu veux bien jouer, tu trouveras un moyen d'y arriver. Bien jouer sur gazon a toujours été un rêve pour moi, et jouer ici, un énorme objectif. La bonne chose pour moi est que le déplacement est important sur gazon. Je bouge bien sur ce court, et cela joue beaucoup. Et sur gazon, il est primordial d'avoir un jeu plus agressif que sur les autres surfaces. A quel point êtes-vous déterminé à enfin remporter l'US Open ? Pour l'instant, je suis déjà très heureux d'avoir gagné Wimbledon (sourire). On pensera à l'US Open dans un mois. Pour le moment, je vais tout simplement me reposer et savourer cette incroyable saison. Ça a été très difficile de revenir à mon meilleur niveau. J'y suis parvenu, donc ce moment est très important et très émouvant pour moi. Je veux en profiter. Je vais bien évidemment continuer à travailler dur pour enfin arriver prêt à New York. L'US sera bien évidemment l'un de mes principaux objectifs pour le reste de ma carrière. En tout cas, là, je vais profiter de la plage, je vais aller pêcher, jouer au golf, voir mes amis, sortir, profiter de Majorque. Vous évoquiez l'importance du déplacement. Même si vous n'aimez pas parler de blessures, vous courrez toujours comme un lapin... Comment l'expliquez-vous ? Vous parliez de vos genoux, cependant personne n'est capable de courir comme vous le faites... Je n'ai eu aucun problème aujourd'hui, ni lors des quatre derniers matches. Impossible d'être ici aujourd'hui sans être en bonne santé. Vous entraînez-vous spécifiquement pour être plus rapide que n'importe qui, pour être si réactif ? Non. Toute ma vie je me suis entraîné en étant à 100% sur chaque balle. Je ne m'entraîne peut-être pas avec la même intensité que lorsque j'étais petit. Mais je peux vous assurer que je m'entraînais déjà comme un fou quand j'étais gamin. Vous attendiez-vous à si bien retourner? Non. Bien sûr que non... Je vois jour après jour, et je me réveille chaque matin avec l'envie d'aller m'entraîner et de progresser, l'envie de bien jouer une nouvelle fois. Les 6 ou 7 derniers mois de l'année 2009, je n'étais pas prêt à jouer à ce niveau. J'étais prêt à me battre, mais pas à jouer comme je le fais aujourd'hui. La chose positive, c'est que lors de ces 6, 7 mois, je n'ai pas perdu au 1er ou au 2e tour. Je n'étais pas prêt à gagner, mais malgré tout, j'étais présent : en demi-finale, en quarts, une fois même en finale à Shangaï. Sans bien jouer, je ne faisais pas de mauvais résultats. C'est très important pour la confiance. Lorsque j'ai terminé la saison 2009, que je suis retourné à Majorque et que j'ai commencé à m'entraîner, on a vu la différence. J'ai juste continué à travailler, j'étais prêt à travailler dur pour être prêt pour la saison 2010, en me disant que si je progressais, j'aurais une chance de gagner à nouveau. Le sport espagnol se porte particulièrement bien. Qu'avez-vous de particulier, vous, les sportifs espagnols ? Je ne sais pas. Ces deux dernières années, nous avons été incroyablement brillants. Le sport espagnol est peut-être en train de vivre ses plus belles heures. Il faut garder en tête à quel point il est difficile d'en arriver là, et profiter de ces moments, car une chose est sûre, il sera difficile d'avoir à nouveau une telle génération que celle que nous avons aujourd'hui. Si l'Espagne sera en finale de la Coupe du monde, irez-vous voir le match ? Je dois suivre mon traitement pour les genoux à partir de maintenant. Je dois bosser sérieusement et me tenir prêt pour la tournée américaine. Donc je ne pense pas. Je verrai... Ce serait un plaisir pour moi que d'y aller. Je suis fan de foot, et je supporte bien évidemment notre équipe. Je suis en contact avec les joueurs, je leur souhaite donc le meilleur. Mais si la Coupe du monde pouvait avoir lieu un peu plus près, ce serait plus facile pour moi d'y aller (sourire). Remporter consécutivement Roland-Garros et Wimbledon est la chose la plus difficile qui soit. Vous l'avez déjà fait deux fois. Est-ce une fierté ? Ce n'était pas arrivé depuis Borg. Et là, je l'ai fait deux fois en trois ans. La vie est quand même dingue ! (sourire) A quel point la transition terre-gazon a-t-elle été délicate ? C'est difficile. L'important est d'avoir refait ce que j'avais déjà fait dans le passé : avoir assez d'envie pour continuer à gagner sur gazon après ma victoire à Roland-Garros. Je sais aujourd'hui à quel point la saison sur gazon est importante. Et après m'être imposé à Roland-Garros, je me suis entraîné au Queen's car je savais combien la transition, l'adaptation à cette surface étaient difficile. Chaque jour, mon objectif était d'être prêt pour Wimbledon. C'est donc difficile, oui. Mais si tu en as déjà eu l'expérience, que tu as déjà disputé beaucoup de matches sur cette surface, cela t'aide énormément. Vous avez avoué avoir été un peu plus nerveux que d'ordinaire. Vous aviez disputé vos trois premières finales face à Roger Federer. Etait-ce différent de se retrouver aujourd'hui dans la peau du favori ? Je ne sais pas. Si tu n'es pas nerveux en finale de Wimbledon, tu n'es pas humain... (sourire) Cette année, les fans de tennis retiendront de ce Wimbledon votre sacre mais également le match entre Isner et Mahut. Qu'avez-vous envie de leur dire ? J'ai vu ce match. C'était incroyable. Je veux juste féliciter ces deux joueurs pour ce qu'ils ont accompli. Ils ont fait preuve d'un état d'esprit fabuleux, ont montré ça au public, à des enfants, c'est super. Leur attitude était très positive, ils se sont battus sur chaque point, et ce, pendant 10 ou 11 heures.... C'était incroyable. Ces deux joueurs doivent être reconnus à leur juste valeur.