Courage à la bourguibienne de Béji Caïd Essebsi Au lendemain de l'élection de l'Assemblée nationale constituante postrévolutionnaire, plusieurs citoyens n'ont pas oublié, dans la foulée, de dire quelques mots de remerciements à l'adresse du gouvernement de transition sortant. ‘'Sans avoir été toujours au niveau des attentes, le gouvernement de transition sortant mérite quand même un merci, nous ont dit certains citoyens. La tâche était difficile et la situation était souvent délicate. Le Premier ministre sortant, Béji Caïd Essebsi, qui a dirigé ce gouvernement depuis février 2011, est félicité, principalement, pour son courage à la bourguibienne qui consiste à prendre des positions jugées bonnes au risque de paraître aller à contre courant de la rue et des aspirations populaires dominantes. Il a osé, ainsi, placé le rétablissement de l'ordre en tête des préoccupations du gouvernement dans une ambiance postrévolutionnaire surchauffée, marquée par l'existence de plus de 700 mille chômeurs dont près de 200 mille diplômés. Dans une interview accordée à l'édition électronique du journal français ‘'L'Express'' et publiée, ce lundi 24 octobre, Mr Béji Caïd Essebsi, a avoué, franchement, que la période de transition a été plus difficile que la période vécue au lendemain de l'indépendance de la Tunisie, en mars 1956. Il avait été membre du premier cabinet tunisien formé par feu le président Habib Bourguiba, au lendemain de l'indépendance nationale. ‘'La Tunisie nouvellement indépendante avait un chef charismatique (Bourguiba) dont personne ne mettait en doute la légitimité. Après Ben Ali, en revanche, il n'y avait plus d'autorité légitime. C'était le vide, a-t-il dit, reconnaissant qu'il y a des déceptions concernant le rendement de son gouvernement, mais ‘'je n'ai pas voulu promettre plus que je ne pouvais faire et je regrette de ne pas avoir pu faire mieux et plus.'' A cet égard, l'entretien nous apprend que le Premier ministre du premier gouvernement de transition, Mohamed Ghannouchi, avait proposé à Béji Caïd Essebsi, de faire partie de son gouvernement en tant que ministre des Affaires étrangères ou ministre de l'intérieur, deux fonctions qu'il avait assumées sous Bourguiba. Fidèle à ce leader dont il dit qu'il avait été autoritaire et non despotique, Béji Caïd Essebsi propose qu'on transfère, de nouveau, la statue équestre de Bourguiba, de la Goulette, à sa première place dans le centre de la Capitale Tunis, à l'intersection de l'avenue Habib Bourguiba et de l'avenue Mohamed V. Cependant, au-delà de sa réussite dans l'organisation de l'élection de l'Assemblée constituante dans de bonnes conditions matérielles et sécuritaires, et les nombreuses mesures d'ordre social en faveur de l'emploi des jeunes et l'amélioration de la situation matérielle des catégories économiquement faibles, le gouvernement de transition sortant a eu le mérite de présenter, au nom de la Tunisie postrévolutionnaire, un programme économique et social convainquant à la Communauté internationale, étalé sur les cinq prochaines années, et il a pu obtenir des engagements formels de la part des pays développés en Europe et autres régions ainsi que des banques internationales , en vue de participer à son financement estimé à 125 milliards dollars au titre des contributions étrangères, outre les moyens propres. Le nouveau gouvernement tunisien dont la mission sera aussi très difficile, doit s'attacher à la préservation de cet acquis de taille.