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Après le «dégage», le temps de construire
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 09 - 2011


Par Jallel SAADA
Grisée par la destitution rapide de Ben Ali, une certaine frange des acteurs politiques a, de toute évidence, surestimé la politisation de notre peuple. Pourtant, aucun courant ou parti politique ne peut prétendre avoir dirigé le soulèvement des Tunisiens. Il s'agissait d'un mouvement populaire pacifique englobant les couches sociales les plus diverses contre l'injustice, les inégalités sociales et régionales, contre la corruption, l'impunité et le népotisme. Mais certains mots d'ordre et certains comportements des manifestants ont donné une dimension politique incontestable au soulèvement. A cet égard, je rappellerai les mots d'ordre «dégage !» et «On se contentera de pain et d'eau claire pourvu que Ben Ali s'en aille». Par ailleurs, le nettoyage des rues par les manifestants et la constitution des comités de quartier pour défendre les biens des personnes contre les miliciens de l'ancien régime ont mis en exergue le haut degré civique des acteurs et leur capacité à suppléer au retrait de l'Etat. Aujourd'hui nous savons que le départ précipité de Ben Ali a été rendu possible non seulement par le soulèvement populaire mais aussi grâce à un coup d'Etat de palais avorté, au refus de l'armée de tirer sur la foule et à la désobéissance des unités spéciales de la police dirigée par le colonel Samir Tarhouni qui a en outre procédé à l'arrestation des membres de la famille et de la belle famille de l'ex-président. L'avenir nous donnera la possibilité de lever le voile sur les mystères et les lumières viendront éclairer les zones d'ombre qui persistent.
Comme nous allons le voir plus loin, la surestimation de la politisation des Tunisiens et la sous-estimation des assises de la contre-révolution vont conduire à l'adoption de choix inadéquats quant à la conduite du processus révolutionnaire en cours.
A l'occasion du grand sit-in, de ce que nous dénommons Kasbah 2, des activistes politiques ont réussi à imposer le mot d'ordre appelant à l'abandon de la Constitution de 1959 en même temps que le départ de M. Mohamed Ghannouchi de son poste de Premier ministre. Pour les promoteurs de cet abandon, la deuxième grande étape consistera en l'élection d'une Assemblée constituante à laquelle sera confiée la rédaction d'une nouvelle Constitution garantissant la justice et les libertés démocratiques. Telle est en effet la voie idéale de la transition démocratique; mais, la politique se construit avec le réel… Pourquoi ne pas avoir tout simplement amendé de manière radicale la Constitution de 1959, porteuse de valeurs et principes partagés par tous ?
Suite à cette nouvelle victoire de la formule magique «dégage» les sit-inners ont levé le siège du Premier ministère et sont rentrés chez eux.
La majorité des Tunisiens a accueilli avec un soulagement certain la dispersion du sit-in de Kasbah 2, le départ de M. Ghannouchi et l'arrivée du gouvernement de M. Caïd Essebsi. Le retour précaire au calme était perçu comme une prémisse du rétablissement de la sécurité nécessaire à la reprise de l'activité économique. La majorité silencieuse ne se doutait pas des difficultés qui allaient surgir tout au long de ce processus constitutionnel et de leur caractère déstabilisateur. Il y a fort à parier que les propres promoteurs de ce processus aient été eux-mêmes fort surpris par la tournure inattendue des événements. Le fait qu'à l'issue d'une campagne de cinq semaines, moins de la moitié du corps électoral (3 882 727 de citoyens sur 7 900 000) se soit inscrite sur les listes électorales devrait nous inciter à plus de réalisme.
Ne pas s'illusionner
«La révolution n'est pas un dîner de gala» disait le dirigeant chinois Mao Tsé-toung. Je n'ai jamais été un adepte du Grand Timonier; cela ne m'empêche pas de faire mienne cette formule. Elle est bien à propos pour celui qui veut regarder la réalité tunisienne telle qu'elle se présente et non telle qu'il souhaite qu'elle soit.
A ce propos, le flou entretenu sur nombre de sujets n'est pas de nature à nous aider à avancer avec prudence dans la bonne direction. Quand ils évoquent la contre-révolution, nos médias ainsi que la plupart des discours politiques en usage renvoient pour l'essentiel à Ben Ali, sa famille, sa belle-famille, ses proches conseillers, les dirigeants du RCD et certains hauts cadres de l'Etat. Cette définition restrictive de ce qu'est la contre-révolution a réduit l'acuité de notre perception du phénomène et a faussé la mesure des difficultés et des défis à surmonter. Partant de cette vision, il suffirait d'éloigner ou de mettre hors d'état de nuire ces indésirables pour que tout aille pour le mieux. Ces conclusions hâtives et simplificatrices se sont accompagnées surtout d'un discours populiste sur le «taat'hir» (nettoyage et purification) des institutions publiques au lieu de mettre l'accent sur la nécessité et l'urgence de leur réforme.
En effet, sous Ben Ali, la corruption est devenue un mode de fonctionnement qui, tel un cancer, s'est propagée par le phénomène métastatique pour n'épargner aucun secteur de l'administration. Petit à petit, un nouvel équilibre s'était mis en place. Côté cour l'argent extorqué aux citoyens par des agents véreux constituait le «complément de salaire» illicite mais nécessaire au mieux-vivre et que l'Etat n'assurait plus à ses fonctionnaires. Côté jardin, ce système permettait à la Tunisie de présenter des comptes répondant aux exigences du FMI et de la Banque mondiale soucieux de bonne gouvernance et de réduction des budgets des Etats.
Ainsi, en laissant prospérer la corruption à tous les échelons, la mafia qui nous a gouvernés faisait d'une pierre deux coups. Elle s'assurait la complicité coupable des agents de l'Etat tout en s'affichant comme le bon élève vertueux des institutions internationales.
Au lendemain du 14 janvier 2011, les «foulouls» (anciens bénéficiaires) de l'ancien régime ne représentaient pas les seuls perdants. Des fonctionnaires paupérisés mais corrompus, des petits trafiquants en tous genres… se sont sentis «menacés» par la révolution.
Pour les uns, ils ne vont plus pouvoir lever impunément la dîme leur permettant d'arrondir leurs fins de mois difficiles. Pour les autres, les bénéfices tirés de la contrebande pourraient être remis en cause. Paradoxalement, la peur de l'avenir a conduit certains des bénéficiaires potentiels de la révolution à lui opposer une attitude hostile soit par une coupable inertie, soit en fomentant et ou en participant activement à des actes de violence dirigés contre les biens publics et privés.
Si on peut vivre sans gouvernement, comme le prouve le cas de la Belgique depuis plus d'un an, on ne peut pas se passer de l'administration et des services publics qu'elle dispense. Les gouvernements passent l'administration demeure. L'autorité morale de l'Etat (hybat Eddawla), chère au président Bourguiba, au Premier ministre M. Caïd Essebsi et aux citoyens que nous sommes ne peut pas survivre à cette corruption. Dans ce sens, il est devenu urgent de réformer notre administration dans le sens de la transparence, de la neutralité et de l'efficacité.
Impatience, mensonge et politique
Tout au long des mois qui viennent de s'écouler, les Tunisiens ont manifesté leur impatience de voir leurs problèmes résolus. Les uns, quoi de plus pressant, veulent un emploi, d'autres veulent être titularisés, d'autres encore réclament des augmentations de salaire pour faire face au coût de la vie. Le gouvernement comme les entrepreneurs sont sommés de mettre la main à la poche. Dans le même temps, les syndicats comme les partis politiques n'ont pas cessé de jouer un jeu dangereux. En effet, aucun à ma connaissance n'a mené une campagne d'explication pour faire toucher du doigt ce qui est possible et ce qui ne l'est pas. Certains bonimenteurs de la politique nous promettent la lune et n'hésitent pas à nous dire que, grâce à leur génie (entendre mensonge), tout est possible maintenant !
Pourtant, il n'est pas nécessaire d'être bardé de diplômes pour mener à bien ce travail d'explication et d'éducation. Le bon sens suffirait. A titre d'exemple, le paysan du coin le plus reculé du territoire n'ignore pas que sans labour, sans semailles, sans moissons il n'y a pas de richesse à partager; de même, le petit épicier du coin connaît intuitivement les bonnes règles de la gestion.
Au moment où les recettes de l'Etat sont en chute libre du fait de la récession économique consécutive au climat d'insécurité, le financement des dépenses sociales pose un réel problème. Faut-il, pour le faire, augmenter les impôts, pénalisant par là l'investissement et conséquemment l'emploi, tous deux sinistrés ? Faut-il dévaluer la monnaie ? Faut-il recourir à l'emprunt ?
Les mouvements de grève qui continuent à secouer le pays dans les secteurs des mines, de l'industrie chimique, du transport, des douanes,... l'insécurité persistante constituent autant de facteurs d'aggravation de la situation économique et sociale. Le devoir des syndicats et des partis politiques ne consiste pas, aujourd'hui, à flatter les auteurs de ces mouvements revendicatifs mais à attirer leur attention sur l'inopportunité de ces actions et les graves dangers qu'ils font encourir à l'économie du pays et au processus démocratique en cours.
En guise de réponse aux préoccupations vitales des Tunisiens, nous avons eu droit tout au long du mois de juin et de juillet à un débat hallucinant et décalé sur l'identité nationale ! Nous sommes tous Tunisiens, mangeurs de couscous et amateurs de mloukhia; alors arrêtons de délirer sur l'identité et concentrons nos efforts sur la recherche des solutions concrètes à nos problèmes. Je dirai au passage, que la légèreté et la vacuité avec laquelle les initiateurs de ce non-débat abordent les défis auxquels nous devons faire face jettent le doute sur leurs capacités et devrait les disqualifier en tant qu'acteurs politiques sérieux aux yeux de nos concitoyens.
Réalisme et responsabilité
Les problèmes économiques et les aspirations sociales sont aujourd'hui au centre des préoccupations des citoyens. Mais les réponses durables à ces attentes passent nécessairement par la réforme de nos institutions administratives et politiques.
Si nous voulons développer nos régions oubliées par l'ancien régime, créer des emplois et améliorer notre niveau de vie, éduquer nos enfants pour leur garantir un avenir meilleur, préserver nos acquis, il nous faut bien sûr retrousser nos manches et travailler dur. Car, il n'y a pas de richesses sans travail, pas de travail sans investissements. Mais il ne peut pas y avoir d'investissements soutenus sans justice indépendante, sans une administration neutre et efficace, sans sécurité. De plus, sans un sens aigu des responsabilités la liberté ne peut pas être synonyme de créativité et d'innovation. Pour créer rapidement ce contexte favorable, la révision de la constitution de 1959 était devenue une nécessité urgente.
Tournant le dos à cette évidence, nous avons surestimé le niveau de politisation général du pays et avons oublié que la politisation est un processus d'apprentissage long qui demande les efforts non seulement des citoyens mais également le travail d'encadrement de ce que l'on dénomme «les entrepreneurs politiques» que sont les partis politiques, les candidats, les médias etc. Alain Garrigou, pour la France, a analysé ce processus dans un ouvrage au titre éloquent : Le Vote et la vertu ou Comment les Français sont devenus électeurs. Nous nous sommes laissés entraînés sur le chemin long et semé d'embûches, celui consistant à confier la rédaction d'une nouvelle Constitution à l'Assemblée constituante que nous allons élire le 23 octobre 2011.
Nous avons été sourds à ceux qui ont attiré notre attention sur les risques et les dérives possibles de cette voie. A ceux-là, je voudrais rendre un hommage appuyé tout en regrettant qu'ils n'aient pas été entendus.
Quand on découvre que nous faisons fausse route, faut-il continuer comme si de rien n'était ? Ne serait-il pas sage et courageux à la fois de reconnaître l'erreur et de redresser la barre avant de chavirer ?
Dans un récent article paru dans ce journal, j'exprimais mes craintes et celles de bon nombre de mes compatriotes qui redoutent l'enlisement des travaux de la prochaine Assemblée constituante. Je ne reviendrai donc pas sur l'argumentaire développé.
Cependant, il devient urgent de voir les partis politiques parler le langage de la raison et de la vérité et de faire leur travail d'explication et partant de politisation.
Une fois de plus, ne nous berçons pas d'illusions. Les investissements ne reprendront pas dès le lendemain du 23 octobre. Car les investisseurs sont prudents ils attendront le retour à l'ordre et à la raison, de voir quel type de système politique et économique nous allons adopter, quels genres d'encouragements à l'investissement nous allons leur offrir, etc. De plus, n'oublions pas que notre pays est en concurrence avec d'autres pays; dans le cadre de la mondialisation, bien d'autres opportunités d'investissement s'offrent aux capitaux à la recherche d'un bon placement. Il faut savoir ensuite qu'il existe toujours un décalage temporel entre le moment où l'investissement se réalise et l'instant où il génère emplois et croissance.
Ces délais pourraient être raccourcis si aujourd'hui les cent cinq partis politiques décidaient enfin de donner un signe fort à nos concitoyens tout autant qu'au monde de l'entreprise. Ce signe attendu consiste à réduire le nombre des listes électorales afin qu'il corresponde enfin au nombre réel des familles politiques : libérale, social-démocrate, destourienne, nationaliste arabe, communiste et enfin islamiste.
Cette mise en ordre permettrait au corps électoral d'être en mesure d'y voir plus clair dans le jeu politique, ce qui aura pour conséquence une meilleure participation au prochain scrutin. Par ailleurs, ce regroupement par famille politique nous éviterait tant bien que mal l'instabilité consécutive à l'atomisation de la représentation électorale et présagerait d'une stabilité relative propice à la relance de l'investissement.
Pour espérer, nous devons être prêts à suer
Dans tous les domaines, les défis qui se dressent devant nous sont immenses; leur dépassement reste possible; mais, il nécessite la mobilisation de toutes les énergies positives et la convergence de leurs actions vers le même but : la construction des outils de la démocratie, le développement d'une économie performante qui se conjugue avec le progrès social et qui corrige de manière radicale les déséquilibres régionaux. Cela reste possible.
Je me souviens de la fin des années cinquante et du début des années soixante. La Tunisie sortait de soixante quinze ans d'un protectorat qui avait laissé un pays exsangue. Pour se faire une idée de l'état de notre pays à ce moment-là, il suffit aux jeunes générations de consulter les vieilles photos et cartes postales de l'époque pour se rendre compte de l'état de dénuement dans lequel nous nous trouvions. La pauvreté était visible partout; le trachome, la tuberculose, la variole faisaient des ravages parmi la population; l'analphabétisme était le lot de l'écrasante majorité des Tunisiens; la superstition, la piété et le maraboutisme constituaient les rares refuges d'une population livrée au chaos. Nous manquions d'absolument tout ! A titre d'exemple, l'Université de Tunis n'a commencé à voir le jour qu'en 1960. C'est dire que les cadres bien formés et expérimentés nous faisaient cruellement défaut. Le contexte politique de l'époque, que ce soit au plan national ou international, n'était pas des plus propices.
Mais la clarté de la vision politique et le désir de bâtir un avenir meilleur était tellement fort qu'il nous a été possible de déplacer les montagnes.
Si nous avons été capables de réaliser tant de progrès malgré tous les handicaps énumérés plus haut, peut-on imaginer un seul instant, que nous soyons devenus, avec toutes nos potentialités actuelles incapables d'aller de l'avant ? Je ne le pense pas ! Il est venu le temps de construire. Mettons-nous en ordre individuellement et collectivement pour que nos rêves deviennent réalité. A cet effet, laissons-nous guider par la raison et l'intelligence du cœur.


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